France

Procès Le Scouarnec : Pédophilie, scatophilie, zoophilie… Les déviances sans limites de l’ex-chirurgien

A la cour criminelle du Morbihan, à Vannes,

Il a d’abord commencé par les timbres, puis les livres et les enregistrements d’opéras. Collectionneur compulsif, Joël Le Scouarnec listait tout ce qu’il possédait, classant tout minutieusement sur des carnets ou des fichiers informatiques. Aucun mal à cela, en apparence. Mais il n’y avait pas que ces contenus légaux. Il y avait aussi la face sombre de l’ancien chirurgien, qui collectionnait « les pires atrocités de ce que l’homme peut infliger à l’autre », selon Aude Buresi, la présidente de la cour criminelle du Morbihan, qui juge depuis la semaine dernière le pédocriminel de 74 ans pour des viols et agressions sexuelles aggravés sur 299 patients.

Le début de ces perversions remonte au début des années 1980. Pour assouvir ses pulsions pédocriminelles, qui ont rapidement absorbé toutes ses pensées, Joël Le Scouarnec s’est d’abord nourri de revues pédopornographiques qu’il achetait dans une librairie à Paris. Internet n’existait pas encore, et le chirurgien viscéral couchait aussi sur papier « ses fantasmes pédophiles » dans des lettres ou des romans à la teneur pour le moins ignoble. « Dans mes écrits, j’ai écrit les pires atrocités mais sans forcément les penser, assure-t-il à la barre. J’étais dans une forme de surenchère dans l’expression écrite de mes fantasmes ou pseudo-fantasmes. Plus c’était ignoble et sordide et plus je m’y complaisais. Mais je ne cherchais pas à ce qu’un jour, ça puisse se réaliser ».

Des carnets de l’horreur découverts en 2017

En 2017, la découverte de ses journaux intimes lors de son interpellation à Jonzac (Charente-Maritime) a pourtant révélé l’étendue de l’horreur. Sur ses carnets noirs, soigneusement tenus, Joël Le Scouarnec consignait ainsi chaque détail de ses agissements, notant l’âge et l’adresse de ses victimes, ainsi que les actes abominables qu’il leur faisait subir dans les différentes cliniques et hôpitaux de l’ouest de la France où il a exercé plus de trente ans. Il compilait tout ça sur des fichiers crûment intitulés « Vulvettes » et « Quéquettes » retrouvés sur deux disques durs que l’accusé prenait soin de cacher.

« J’avais formulé l’idée d’écrire un papier demandant qu’en cas de décès, les deux disques durs soient détruits sans que ma famille en prenne connaissance », témoigne-t-il, tout en ajoutant ne l’avoir jamais fait. Car Joël Le Scouarnec n’avait pas la pédophilie honteuse. Il en était même fier, comme il le racontait dans ses écrits. « Très heureux » d’être « à la fois exhibitionniste, voyeur, sadique, masochiste, pédophile ».

Il confectionnait des plats avec ses excréments

En épluchant les fichiers informatiques de l’ancien chirurgien, les enquêteurs ont plongé dans les abîmes de l’âme humaine. Dans les recoins les plus sombres d’un cerveau totalement détraqué. La pédophilie y tenait bien sûr une grosse part, avec des photos volées de culottes de petites filles prises dans des kermesses ou des festivals, des photomontages absolument terrifiants dans lesquels il prêtait serment « de consacrer sa vie à la vulve des petites filles et au sexe des jeunes garçons ». Joël Le Scouarnec se mettait également en scène dans des positions sexuelles avec ses poupées qu’il collectionnait frénétiquement. Ou bien notant en gras le nombre de fois où il se masturbait quotidiennement.

Notre dossier sur le procès Le Scouarnec

La liste de ses déviances est sans fin. Des paraphilies comme la scatologie, Joël Le Scouarnec assurant sans la moindre gêne qu’il buvait régulièrement son urine ou consommait ses propres secrétions. Pris dans son tourbillon de folie, il lui arrivait même de cuisiner des plats dans lesquels il déposait sa matière fécale ou son sperme avant de les servir à table. « Dans une volonté d’humilier ? », le questionne la présidente. « Non, je n’ai jamais cherché à humilier quelqu’un, assure-t-il. Je voulais juste un contact physique de mon corps avec celui de ces personnes ». La salle d’audience reste coi, sans savoir que cette litanie d’horreurs n’est pas achevée.

« J’étais dans la transgression permanente »

D’une voix monocorde, celui qui s’autoproclamait « le plus grand pervers du monde » évoque aussi sa zoophilie, avec des actes commis sur ses propres chiens. « Je ne m’interdisais rien, j’étais dans la transgression permanente en multipliant les expériences », confie-t-il. « C’est difficile de vous suivre, le coupe la présidente. Dans la même journée, vous pouviez avoir des relations sexuelles avec un chien, un enfant puis vous masturber ? ». Joël Le Scouarnec acquiesce. « Il n’y avait pas de cheminement particulier, souligne le septuagénaire. Cela se faisait en fonction des occasions. Et si elles se présentaient à moi, je cédais ».

Une fascination, l’ultra-violence, avec des quantités astronomiques de photos et vidéos de décapitations, de corps mutilés, de morts violentes ou d’accidents retrouvées dans ses fichiers, tout droit sortis des ténèbres. « Je suis incapable aujourd’hui de vous dire pourquoi j’avais ça, assure-t-il. Je ne sais pas trop non plus si ça me procurait du plaisir et dans quel état d’esprit j’étais quand je les consultais ».

Après ces confessions innommables et très éprouvantes pour toutes les parties, l’interrogatoire de Joël Le Scouarnec doit reprendre ce mercredi après-midi. Son procès doit se tenir pendant quatre mois devant la cour criminelle du Morbihan à Vannes. L’ancien chirurgien viscéral encourt la peine maximale de vingt ans de prison.