Protection de l’environnement : Les initiatives écologiques du Maroc

Face aux défis environnementaux croissants, le Maroc déploie des stratégies ambitieuses pour le développement durable. Qu’il s’agisse de l’eau, des déchets, du patrimoine forestier ou du domaine maritime, le Royaume mise sur l’innovation, l’investissement et une approche intégrée pour préserver son environnement tout en soutenant son développement économique et social.
L’eau, enjeu vital dans un contexte de sécheresse prolongée, fait l’objet de politiques publiques renforcées, combinant barrages, dessalement et réutilisation des eaux usées. La gestion des déchets suit également une dynamique ambitieuse, avec une montée en puissance des pratiques d’économie circulaire et de valorisation. Dans le domaine forestier, le Maroc mise sur le développement de l’industrie du bois et l’implication du secteur privé pour une exploitation plus durable. Enfin, la protection du littoral, essentielle à l’équilibre écologique et économique du pays, mobilise des actions de préservation et d’aménagement face aux pressions humaines et naturelles.
Gestion de l’eau face à une sécheresse historique
Le Maroc, qui traverse l’une des pires périodes de sécheresse de son histoire, a toujours su faire preuve d’innovation hydrique. Le sujet a fait l’objet d’une analyse émanant du think-tank Policy Center for the New South (PCNS). Au cours des quatre ou cinq dernières décennies, «le Royaume a traversé sept périodes de sécheresse, présentant des niveaux de sévérité variables». Les auteurs expliquent que «ce qui caractérise la présente sécheresse, c’est sa durée exceptionnelle». Elle dure depuis sept ans, «marquant ainsi la période de sécheresse la plus longue de l’histoire du pays».
Dans le même temps, le Maroc s’est doté d’une «politique de l’eau ambitieuse, qui a permis de doter le pays d’un patrimoine hydrique important et d’un cadre législatif, relativement performant». Le Maroc, c’est un «riche patrimoine de 152 grands barrages totalisant une capacité de stockage impressionnante de 19,9 milliards de mètres cubes». Il a lancé la construction de 20 nouveaux barrages «pour atteindre une capacité de stockage nationale de 27,3 milliards de m3 à l’horizon 2027». Afin de garantir un équilibre entre les bassins, 16 ouvrages de transfert d’eau ont également été mis en place.
Un autre défi consiste à élargir l’offre hydrique tout en préservant les ressources. «Le pays s’est tourné vers l’utilisation des eaux non conventionnelles, notamment les eaux de mer et les eaux usées». Ainsi, le Maroc compte 9 stations opérationnelles de dessalement de l’eau de mer. 7 autres sont en cours de construction ou de lancement. De plus, précise le PCNS, «avec 41 projets de réutilisation des eaux usées épurées, le Maroc est en mesure de réutiliser près de 32 millions de mètres cubes par an», citant les données déclinées par le ministère de l’Équipement en 2024.
L’impact de ces mesures sur le développement économique et social est «considérable», poursuivent les auteurs, citant «l’augmentation des quantités d’eau destinées à la satisfaction des besoins en eau potable avec un taux de croissance annuel moyen de plus de 3% sur la période 2016-2022». Ces politiques de l’eau ont également permis «d’assurer l’irrigation, surtout en période de sécheresse, et de protéger la production contre les aléas climatiques». Des réalisations qui ont été accompagnées de réformes institutionnelles : «la promulgation de la Loi 10-95 a consolidé la gestion intégrée, participative et décentralisée des ressources en eau, avec la création des agences de bassins hydrauliques et l’introduction de mécanismes financiers pour protéger et préserver ces ressources».
Vers une économie circulaire dans la gestion des déchets
Le Maroc est classé leader africain en matière de durabilité et 7e mondial dans le Rapport sur le développement durable des Nations unies. Une reconnaissance à mettre notamment à l’actif des nombreux investissements pour améliorer la gestion des déchets. Dernièrement, une enveloppe de 7 millions de dirhams a été mobilisée pour la gestion circulaire des déchets solides. Un projet piloté par le ministère de la Transition énergétique et du développement durable.
D’ores et déjà, des initiatives circulaires doivent être mises en œuvre dans six villes pilotes : Rabat, Casablanca, Tanger, Fès, Marrakech et Agadir. Il sera notamment question de permettre une collecte sélective des déchets en facilitant le tri. Parmi les mesures adoptées également : la construction d’usines de traitement des déchets ainsi que l’indispensable sensibilisation du public. La tutelle compte par ailleurs développer les biocarburants à partir de déchets ménagers avec une production ciblée de 680.000 tonnes de Combustibles dérivés des déchets (CDF) par an.
Le Maroc s’est doté d’un Programme national des déchets ménagers (PNDM) qui vise à organiser et développer la filière de tri, recyclage et valorisation pour atteindre un taux de recyclage des déchets de 30%. Une stratégie dédiée à une gestion durable des déchets a aussi vu le jour en prévision de la Coupe du monde 2030, avec un budget de 6 milliards de dirhams. L’objectif est de valoriser les déchets de manière écologique en réduisant leur impact sur l’environnement. Le lixiviat et les émissions de gaz à effet de serre sont dans le viseur. Au cœur de cette stratégie figure également la mise en œuvre de la collecte sélective des déchets ménagers avec une séparation entre les matières organiques et celles recyclables.
Le patrimoine forestier, un levier de développement durable
Les experts du domaine forestier a souligné il y a peu l’importance des investissements privés dans la valorisation des produits forestiers et le développement de l’industrie du bois. Le 18 février dernier, l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) dévoilait son Plan directeur d’investissement du secteur forestier. Objectif : renforcer l’implication du secteur privé dans la gestion durable des ressources naturelles, la valorisation des produits forestiers et le développement de l’industrie du bois.
«Notre ambition est de renforcer la production locale afin de mieux approvisionner le marché national et de réduire la dépendance aux importations», déclarait le directeur général de l’ANEF Abderrahim Houmy. Objectif de ce plan directeur : attirer des investissements durables dans les secteurs de l’écotourisme, du liège, des plantes aromatiques et médicinales et du bois. Il se base sur 4 piliers : la croissance économique, la création d’opportunités d’emploi, l’encouragement de l’innovation et la préservation des ressources naturelles.
Le plan directeur souligne de manière globale le rôle fondamental du secteur privé dans la préservation et la valorisation des ressources forestières. Il met en avant la nécessité de renforcer les partenariats public-privé pour garantir une gestion plus efficiente et durable des écosystèmes.
L’annonce de la mise sur pied de ce programme est intervenue en marge de la deuxième édition du concours Green Startup, événement lors duquel de jeunes entrepreneurs présentent des solutions innovantes pour la valorisation des produits forestiers, le développement de l’écotourisme et les nouvelles technologies au service de l’environnement. Il constituait aussi l’occasion de mettre en lumière les mécanismes de soutien disponibles pour les startups écologiques et les solutions facilitant l’accès aux capitaux.
Préserver et valoriser le littoral marocain
«Le littoral marocain, avec deux façades sur l’Atlantique et la Méditerranée, s’étend sur près de 3.500 km. Cet espace fragile et vulnérable est soumis à une convoitise accrue des activités humaines urbanistiques, industrielles et touristiques». C’est en ces termes que la Direction des ports et du domaine public maritime, relevant du ministère de l’Équipement, introduit son programme de protection et de valorisation du littoral.
«Une des principales missions de la Direction est de délimiter le domaine public maritime, le préserver et le valoriser». Un programme qualifié d’ambitieux qui s’articule autour de deux axes : la protection et la préservation du domaine public maritime (DPM) et la valorisation des plages (qualité des eaux et gestion des plages).
Pour le premier axe, l’une des mesures cruciales est la délimitation du domaine public maritime. Au chapitre des réalisations : la délimitation technique de 3.463 km de côtes, soit 99% du linéaire total et la délimitation définitive de1.288 km de côtes, soit 36% du linéaire total.
Il s’agit également de consolider le trait de côte. «Le phénomène d’érosion des plages et la dégradation du domaine public maritime, qu’ils soient d’ordre naturel ou humain, requièrent des travaux permanents de consolidation du trait de côte et des opérations de rechargement des plages». La Direction des ports et du domaine public maritime a donné la priorité aux zones sensibles au phénomène de dessablement, à savoir les plages d’Al Hoceima, de Tanger, de Larache, de Fnideq et la plage sud d’Agadir.
La protection du sable des dunes de mer et des plages figure aussi sur la liste des objectifs. «Le sujet des exploitations massives du sable est une préoccupation de taille pour le ministère», précise la direction. Dans ce cadre, la direction a entamé une large opération de surveillance des zones côtières objet de pillage.