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PSG – Losc : Ce Paris transcendant a gagné le droit d’être ambitieux avant Liverpool

L’histoire du PSG-Lille de samedi soir (4-1) est celle de l’œuf ou la poule. Paris a-t-il réalisé sa « meilleure première période de la saison » pour paraphraser Luis Enrique, ou le Losc a-t-il repoussé les limites de l’indigence pour une équipe de calibre européen ? Si on coupe la poire en deux, il y a de fortes chances qu’on y trouve la vérité « pile in the middle » (dédicace à Franck Dubosc).

Evacuons le cas lillois en une statistique : les hommes de Bruno Genesio n’ont pas tiré une fois en première période et, exploit non négligeable, ils ont réussi à faire pire défensivement. La robustesse de cette équipe égalait péniblement celle d’un chamallow dans lequel s’engouffraient à l’envie Bradley Barcola, Désiré Doué et Ousmane Dembélé, ce dernier ayant très vite compris qu’il pouvait passer sa soirée à imiter l’œuvre intégrale d’Arjen Robben – crochet exter, frappe du gauche – sans jamais être repris. Sans un Lucas Chevalier énorme, qui sait combien l’équipe largement remaniée de Pep Génésio en vue du déplacement à Dortmund, aurait pu en encaisser.

« « On ne peut rien attendre si jamais on n’a pas des valeurs fondamentales comme le courage, comme la personnalité, le caractère, a martelé le président Olivier Létang après la rencontre. Vous l’avez tous vu, je pense qu’il y a 4-0 à la mi-temps mais s’il y en a six ou sept, il n’y a rien à dire. » »

Le boss de fin de jeu arrive trop tôt

Pas un hasard. Six ou sept, c’est le tarif du moment à Paname, où sévit une inflation du but à faire trembler la terre des Beatles. La bande à Luis Enrique est sur une moyenne de 5,25 pions/match sur les quatre dernières rencontres disputées. Chiffres auxquels il faut ajouter une impression visuelle collective rarement atteinte, comme en témoigne le chef-d’œuvre d’altruisme sur le but d’Ousmane Dembélé. Décalage de Gonçalo Ramos pour João Neves, feinte de frappe puis re-décalage et conclusion de Dembouz. Les yeux fermés ou presque. Si l’état de grâce avait un visage, il afficherait celui des 45 premières minutes parisiennes.

La constance dans l’excellence oblige à l’enthousiasme avant la réception de Liverpool en Ligue des champions. Oui, Luis Enrique a raison de rappeler que c’est « sans aucun doute l’équipe la plus en forme en Europe tant dans les résultats que dans le jeu », oui, « ça aurait pu être une finale de Ligue des champions ». La saison du PSG est probablement le premier jeu vidéo où le boss de fin de jeu arrive au niveau 2. Mais si Paris n’est pas optimiste aujourd’hui, quand le sera-t-il ? « C’est un scénario rêvé sans blessures avec tout le monde en forme, avec de la confiance et des victoires », résumait Marquinhos en zone mixte.

« Du 50-50 » contre Liverpool pour Luis Enrique

Un cas de figure presque inespéré au sein d’une institution trop longtemps hantée par les fantômes de la remontada à chaque 8e de finale de Ligue des champions, et dont les espoirs s’effritaient au rythme des blessures hivernales de Neymar. Non seulement la cuvée Paname 2025 s’est affranchie des individualités toxiques, mais elle est sûre de sa force et vaccinée contre l’excès de confiance par le père fouettard espagnol qui lui sert d’entraîneur. « On a un coach qui nous comprend très bien, qui connaît nos faiblesses et qui nous soutient pour qu’on s’améliore, complète Marqui. Il est jamais content, il a toujours quelque chose à dire, ce n’est jamais suffisant, il y a toujours quelque chose à améliorer. »

Par sa montée en puissance amorcée au mois de février, le PSG a le mérite de ramener de l’incertitude dans un double affrontement initialement promis aux Reds. Avant le barrage contre Brest, personne ne donnait cher de la peau des Parisiens, maintenant « c’est du 50-50 », veut croire l’entraîneur asturien. « On ne se voit pas inférieurs à Liverpool. » Au bout du compte, peut-être que ça ne passera pas la barrière des 8es de finale de Ligue des champions. Mais cette équipe n’a plus à craindre de tomber dans le vide en cas d’échec : elle a trouvé dans son identité collective une branche à laquelle se raccrocher. Le projet sans stars n’était pas une chimère, en fin de compte.