« Regrettable », « totalement déplacé », « consternant »: des bâches incitant au télétravail installées sur la route vers Bruxelles créent la polémique
Sur le chemin de la Wallonie vers Bruxelles, en vue des travaux de l’E411 au carrefour Léonard, des bâches ont été placées pour promouvoir le télétravail. Le monde du travail applaudit la communication renforcée mais se montre quelque peu dubitatif sur le fond. « Encourager le télétravail peut être utile, mais cela ne constitue pas une solution suffisante pour l’emploi », pointe AKT for Wallonia.
- Publié le 01-03-2025 à 10h59
Au carrefour Léonard, la phase de perturbations de l’E411 avance à grand pas. Les autorités wallonnes ont mis en place une task-force spécifique, avec plusieurs mesures : renfort de la desserte de bus entre Wavre et Bruxelles, covoiturage encouragé, et, bien sûr, communication renforcée.
Un « macaron » a été créé pour accompagner les messages en lien avec ce vaste chantier, des messages sont diffusés sur les panneaux routiers et des bâches ont été placées. Sur la route vers Bruxelles, on retrouve des messages comme « Covoiturons pour diminuer les bouchons », « Moins de stress, prenez le bus Express« , « J’adapte mon horaire ou mon itinéraire » mais également « Le plus efficace : télétravail ».
« C’est consternant »
Un dernier message qui fait réagir. Chez Touring, on juge « regrettable » cette bâche incitant au télétravail, estimant qu’elle envoie « un message totalement déplacé« . « Comme si personne n’y avait déjà pensé et comme si tout le monde avait la possibilité de le faire. C’est consternant. Plutôt que de vouloir ‘éduquer’ les usagers, ils devraient garantir que tout est mis en œuvre pour limiter les perturbations et réduire la durée du chantier. Selon Touring, le message idéal serait ‘Ici, nous travaillons 24/7 pour vous’ plutôt que ce message déconnecté de la réalité« , commente le porte-parole Lorenzo Stefani, qui demande des marquages dynamiques au sol pour moduler le nombre de bande et une accélération du tempo.
Du côté du monde du travail, on rappelle que le télétravail n’est guère la norme partout. « Encourager le télétravail peut être utile, mais cela ne constitue pas une solution suffisante pour l’emploi. L’amélioration des trajets vers Bruxelles est essentielle pour l’accès à l’emploi des Wallons et le développement des entreprises wallonnes. Dans ce contexte, les difficultés prolongées de passage au carrefour Léonard ne sont évidemment pas un élément positif. Cet épisode illustre, une fois de plus, les problèmes de coordination entre Régions et le manque de prise en compte des intérêts wallons en matière de mobilité interrégionale », commente Frédéric Panier, CEO d’AKT for Wallonia.
« Davantage de souplesse pour les PME »
« Nous soutenons toute initiative de communication et de sensibilisation telle que ces bâches, mais nous déplorons que ce ne soit pas une communication coordonnée entre les trois Régions« , indique, de son côté, l’Unizo, qui demande un site commun.
À l’UCM, la campagne de communication est saluée mais on rappelle que « le télétravail n’est pas toujours possible« , notamment dans l’Horeca, la production, les soins ou pour les employés à horaires décalés.
L’Union des Classes Moyennes rappelle que « le collaborateur doit faire en sorte de pouvoir accéder à son travail en temps et en heure ». L’aménagement des horaires est possible d’un commun accord, « comme commencer une heure plus tard et finir une heure plus tard », mais l’organisme déplore la complexité du système : le règlement du travail doit être adapté, contact doit être pris au secrétariat social avec des coûts supplémentaires. « On demande davantage de souplesse pour les PME. Ce carcan administratif date d’un autre temps. On plaide pour une flexibilisation du temps de travail. »
Pour rappel, dès ce lundi et jusqu’à la fin de l’année, il y aura dans le tunnel E411 du carrefour Léonard une seule bande vers Bruxelles et deux vers Namur. En revanche, la situation s’améliore sur le Ring avec la réouverture des bretelles Auderghem-Waterloo et du tunnel en journée.