France

Procès Le Scouarnec : « Je reconnais avoir commis des abus sexuels sur ta fille »… Les aveux du chirurgien à son fils

A la cour criminelle du Morbihan, à Vannes,

C’était d’une violence inouïe, au point que l’on est en droit de s’inquiéter pour l’avenir de cet homme qui a déjà tellement souffert. Au cinquième jour du procès de Joël Le Scouarnec devant la cour criminelle du Morbihan, à Vannes, son fils aîné a appris de la bouche de son père que sa fille avait subi des actes sexuels. « Oui, je reconnais avoir commis des actes d’abus sexuels sur ma petite-fille », a lancé l’ancien chirurgien à son fils Erwann (prénom d’emprunt). Avant d’ajouter : « Je te demande pardon ». Stoïque, son fils, aujourd’hui âgé de 44 ans, a dû encaisser cet aveu, lui qui ne savait pas que son père avait pu commettre de tels actes. L’enfant était alors âgée de 2 ans. Au total, plus de 350 victimes ont été recensées par les enquêteurs mais une cinquantaine de faits sont prescrits. L’homme est accusé de faits de viols et d’agressions sexuelles, souvent enfants ou adolescents.

Il n’avait pas porté plainte

Interrogé en qualité de témoin, le fils aîné avait appris en 2017 de la bouche d’un gendarme que le prénom de sa fille se trouvait dans les immondes carnets de son père. « Je crois qu’il me l’avait lu, mais pas en entier ». Lors du premier procès de Joël Le Scouarnec en 2020, l’avocat général avait même lu d’autres extraits, alors que le fils n’avait « rien demandé ». « Il me l’a imposé, sans me demander, pour que je me rende compte de ce qu’était mon père », a témoigné l’aîné des trois frères. « Vous n’avez pas voulu porter plainte ? », avait demandé la présidente Aude Buresi un peu plus tôt. « Je n’ai pas voulu porter plainte, je voulais la protéger de la médiatisation. On lui a posé énormément de questions. Elle n’a aucun souvenir de quoi que ce soit. Donc on ne l’a pas fait ».

Pendant son audition, il avait expliqué qu’il souhaitait prendre connaissance du contenu des carnets de son père mais ne souhaitait pas le faire immédiatement. « Je veux pouvoir m’y préparer ». Son père ne lui aura pas permis de le faire, balançant ses aveux en toute fin d’audience. « La cour a pris acte des déclarations », a simplement fait savoir la présidente avant de suspendre l’audience.

Il a sombré dans la dépression et dans l’alcool

Plus tôt, le fils aîné avait expliqué « ne rien savoir » des déviances de son père, qu’il ne sait pas expliquer. Comme ses deux plus jeunes frères avant lui, il a décrit une enfance heureuse et un père absent. Lorsqu’il a appris les faits en 2017, il a d’abord tenté de mener sa propre enquête « pour tenter de comprendre ».

Notre dossier sur le procès Le Scouarnec

Il a rendu visite à son père à trois reprises en détention, avant de couper les ponts. Il a alors sombré dans la dépression et l’alcoolisme, miné par ces révélations inconcevables. « J’ai eu des addictions, des moments où j’ai fait vivre un cauchemar à mes proches. Il a bien fallu que j’assume. J’ai pris mon courage. Je me suis fait soigner, moi. Pourquoi est-ce qu’il ne s’est pas fait soigner lui ? », a-t-il déclaré, décrivant sa profonde colère.

Le procès de l’ancien chirurgien se poursuit jusqu’en juin devant la cour criminelle du Morbihan, à Vannes.