COP16 : Les participants arrachent un accord pour le financement de la sauvegarde de la nature
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Menacée par un nouvel échec après celui de Cali (Colombie) en novembre dernier, la COP16 sur la biodiversité a finalement débouché sur un compromis de dernière minute à Rome. « Nous avons accompli l’adoption du premier plan mondial pour financer la conservation de la vie sur Terre », a déclaré Susana Muhamad, ministre colombienne de l’Environnement, sous les applaudissements des délégués.
Ce plan quinquennal vise à mobiliser 200 milliards de dollars par an d’ici 2030, dont 30 milliards destinés aux pays en développement. Mais le financement reste un sujet de discorde : les pays africains réclament la création d’un fonds spécifique sous l’autorité de la Convention sur la diversité biologique (CBD), tandis que l’Union européenne, le Canada et le Japon s’y opposent, privilégiant une réforme du Fonds mondial pour l’Environnement (GEF). Autre point de tension, les nations développées souhaitent élargir la liste des contributeurs aux puissances émergentes comme la Chine.
Garantir un suivi des engagements
L’accord de Rome prévoit aussi des indicateurs fiables pour mesurer les progrès d’ici la COP17 en 2026, en Arménie, et garantir un suivi des engagements. « Nous avons donné des bras, des jambes et des muscles » à cette feuille de route, s’est félicitée Susana Muhamad.
Ce compromis intervient dans un contexte tendu, marqué par des crises budgétaires en Europe, l’endettement des pays en développement et la suspension de l’aide américaine depuis l’arrivée de Donald Trump. La coopération environnementale est fragilisée par l’enlisement des négociations sur la pollution plastique et l’échec des discussions sur la désertification.
Des tensions encore persistantes
Ce succès à Rome offre un répit, mais ne masque pas les tensions persistantes entre le Nord et le Sud sur le financement. Si les tensions financières persistent, cette issue évite une nouvelle débâcle pour la coopération internationale sur l’environnement.
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« Nos efforts montrent que le multilatéralisme peut être porteur d’espoir », a souligné Steven Guilbeault, ministre canadien de l’Environnement. Pourtant, le véritable défi reste devant : assurer que les engagements pris aujourd’hui se traduisent en actions concrètes pour enrayer l’effondrement de la biodiversité mondiale.