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Elections municipales 2026 : « Jamais je ne regretterai une seconde ce qu’on a engagé », affirme Grégory Doucet

Pointé du doigten raison des travaux qui engendrent d’importants embouteillages à Lyon, Grégory Doucet s’est défendu auprès de 20 Minutes. Explications sur ces chantiers « hors du commun », prochaines élections municipales, bilan de ce premier mandat… Le maire EELV a répondu aux critiques et a appelé les Lyonnaises et les Lyonnais à « être patients ».

Ces derniers temps, de nombreux habitants se plaignent du trafic dans la ville de Lyon. Que pouvez-vous leur répondre ?

En tant que maire, c’est aussi mon boulot d’entendre ce que les gens ont à dire, notamment les critiques sur la question des chantiers qui irriguent une bonne partie du territoire de la ville. C’est vrai qu’il y a des nuisances qui sont liées à cette période des travaux, – qui est rentrée dans son pic depuis juin/juillet 2024 et qui va encore durer, jusqu’à juillet 2025, –, qui est assez hors du commun. On construit de nouveaux tramways, le prolongement d’une ligne existante, le bus à haut niveau de service, … Rien que ces gros chantiers-là impactent la ville comme elle ne l’a pas été depuis longtemps. La dernière fois, c’était lors des travaux des lignes T6, T4, ou quand on a fait les métros dans les années 1970. On ne construit pas de fortes lignes de transports en commun sans qu’il y ait de conséquences sur la voirie. Et oui, ça prend du temps, c’est vrai.

On a aussi fait le choix, avec le président de la métropole Bruno Bernard, de ne plus procrastiner les travaux des réseaux souterrains (le gaz, l’électricité, les télécoms, les évacuations des eaux usées). Dans trop d’endroits à Lyon, ça n’était pas en bon état ou « insuffisamment dimensionné » pour les usages d’aujourd’hui. On procède aussi à l’installation des raccordements au chauffage urbain avec l’ambition de doubler le nombre de ménages raccordés, ce qui permet 30 % d’économie sur la facture.

On sait aussi que le pays s’engage dans une électrification massive. Les territoires qui ne font pas ces investissements aujourd’hui et qui attendent, quand l’électrification aura été encore plus massifiée, comment vont-elles faire ? Elles vont devoir rattraper des retards de travaux et ça va coûter encore plus cher. Donc ce que l’on fait maintenant, on le fait véritablement en préparant demain.

En résumé, on a voulu « tout faire bien du premier coup ». Mais avec cette décision, on a ajouté au minimum six mois de plus de travaux. On appelle donc à la patience de tout le monde, parce qu’à la fin, ce sont des équipements et des infrastructures renforcées, de qualité, robustes, dont nous bénéficierons tous. Cette patience est synonyme d’une meilleure qualité de vie pour le futur.

Et que pouvez-vous dire aux commerçants, dont l’activité est touchée par les travaux, qui ont l’impression de ne pas être pris en considération ?

C’est vrai qu’on est dans le dur des chantiers pour l’avenue des Frères Lumières et Félix Faure. Encore une fois, je ne sais pas changer des tuyaux et transformer la voirie sans impacter la circulation… Je comprends que ces travaux peuvent avoir une incidence sur les chiffres d’affaires mais indemniser de potentielles pertes, c’est mission impossible.

D’abord, ça voudrait dire que tous les commerçants communiquent leur chiffre d’affaires puis, il faudrait mesurer précisément la part de pertes de chiffre d’affaires liée à « l’effet travaux ». Mais la concurrence externe, l’e-commerce, la baisse du pouvoir d’achat affectent également les commerçants. Et de manière juridique, en tant que maire, je ne peux pas financer des entreprises. Je peux financer des associations de commerçants, je peux monter des opérations commerciales avec les commerçants. Et c’est ce qu’on a fait pour redorer la Presqu’île cet hiver par exemple. Ou après les violences urbaines à la suite de la mort de Nahel.

Pour le reste, on s’assure de l’accessibilité des sites pour les piétons et les personnes à mobilité réduite. La capacité de stationnement est plutôt bonne à l’échelle de la ville, avec 10.000 places rien qu’en Presqu’île. Et ces parkings ne sont jamais pleins, sans compter les places dans les parkings relais. Ce qui veut dire que l’accessibilité, elle est toujours garantie. Je comprends l’agacement lié aux nuisances. Pour beaucoup, c’est dur à supporter. Mais on est en train de rendre la ville plus belle, plus sûre et plus respirable aussi grâce à tout ce qu’on fait.

Rendre Lyon « plus belle », « plus sûre » et « plus respirable », c’est le bilan que vous défendez ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Je m’étais engagé à améliorer la qualité de l’air. Depuis le début du mandat, c’est moins 23 % de dioxyde d’azote, moins 11 % de particules fines dans l’air. Je m’étais aussi engagé à réduire les émissions de CO2, on a permis de les baisser de 25 %. Il n’y a pas d’autres territoires qui fassent aussi bien.

On a récupéré plus 13 hectares de sol sur le bitume depuis 2019. On a moins 40 % d’accidents graves en ville, de fait, ce sont des vies qu’on a sauvées. La baisse de l’accidentologie sur la ville de Lyon n’a jamais été aussi forte. Et quand on aura rendu le nord de la rue de la République aux piétons, on aura amélioré la sécurité sur cette rue. Il y a déjà eu des accidents graves sur cette voie.

Bien sûr, ce qui est visible dans l’espace public à un instant T, ce sont les travaux. Je réitère donc ma demande de patience aux habitants de Lyon mais je leur demande aussi d’être évalué sur les résultats. Le bilan qu’on présentera au printemps, il sera dans cette logique-là. On viendra avec ce qu’on a fait, des choses qui mériteront peut-être d’être revisitées, corrigées, etc. Et on le fera dans un dialogue et pas simplement en envoyant un petit fascicule en disant « voilà ce qui a été fait ».

A un an des élections municipales, vous n’avez pas peur que les travaux entachent ce bilan que vous venez de dresser ?

Les Lyonnais et les Lyonnais choisiront. Ils m’ont élu pour faire, je fais. Ils m’ont élu pour transformer la ville, pour engager une transition écologique. Je n’ai pas du tout menti sur la marchandise. S’ils choisissent la procrastination et l’immobilisme en 2026, je l’accepterai. C’est ce que certaines communes expérimentent mais ce n’est pas ce que nous faisons ici. On a décidé de préparer l’avenir, de faire en sorte que cette ville soit prête pour les nouvelles conditions climatiques. Certains peuvent trouver qu’on va trop vite. Mais entre le moment où j’ai été élu en 2020 et aujourd’hui, la hausse de la température moyenne a dépassé les seuils des +1,5 °C. Le réchauffement climatique va très vite. Les choses vont très vite. Entre le moment où j’ai été élu et aujourd’hui, le monde au global a été bouleversé, la guerre est aux portes de l’Europe et on ne sait pas ce que le Président américain va nous réserver. On a besoin de garantir notre prospérité, d’être robuste, de préparer l’avenir dès maintenant.

En parlant des élections, plusieurs personnalités lyonnaises ont annoncé leur candidature ou y réfléchir…

Je me réjouis de la vivacité de la démocratie locale. Il y a des gens qui aiment cette ville comme moi je l’aime et qui ont envie de s’engager. Au sujet de la candidature de Georges Képénékian, que je connais quand même un peu, je trouve que c’est un homme remarquable. Il a été maire de Lyon, il sait de quoi il parle. C’est quelqu’un qui a une expérience des responsabilités, qui connaît ces thématiques de la santé. Donc assurément, c’est un homme de qualité.

Concernant Jean-Michel Aulas, c’est d’abord un grand entrepreneur, c’est aussi le plus grand président de l’OL ait connu et qui a permis l’émergence du plus grand club de football féminin du monde. C’est un personnage admirable. Mais je ne vais pas m’exprimer sur la personnalité de gens dont la candidature est encore incertaine.

Après, il va falloir que des projets puissent être présentés aux Lyonnaises et aux Lyonnais. Le projet de mon exécutif que je porte depuis 2020, est assez clair, il faudra le réalimenter en son temps. Moi, je ne suis pas en campagne. Je suis en train de faire. Je ne peux pas être au four et au moulin.

En parlant des élections, que pensez-vous de la réforme du scrutin Paris-Lyon-Marseille ?

Si vous prenez les résultats de 2020 et que vous les remoulinez avec la proposition qui a été faite, on a de meilleurs résultats encore. On gagne des élus supplémentaires.

Bon, le sujet, c’est de faire en sorte qu’il y ait un traitement identique dans toutes les communes françaises et que la démocratie, elle soit établie de manière similaire. On a un problème à Lyon. Aujourd’hui, le nombre de conseillers municipaux par arrondissement est calculé sur la base du recensement de 1982. Ça a un peu bougé depuis. Ça veut dire qu’aujourd’hui, un habitant du 7e arrondissement est moins bien représenté qu’un habitant du 6e ou du 5e, alors que le 7e est devenu le 2e arrondissement de la ville. Alors, corrigeons déjà ça. Faisons en sorte qu’il y ait plus d’équité entre les arrondissements. Ce n’est pas normal. Si on corrige ça, le système actuel tient, il ne va pas s’effondrer et ce n’est pas une arnaque démocratique la façon dont on vote aujourd’hui.

Quant au reste la réforme, elle est brouillonne, elle veut s’attaquer à un certain nombre de sujets sans aller au bout. Faisons bien du premier coup et prenons le temps. C’est ce que j’ai défendu auprès de François Bayrou.

Finalement, qu’avez-vous pensé de cette première expérience en tant que maire de Lyon ?

J’ai commencé ma vie professionnelle par des engagements en milieu carcéral puis en travaillant auprès de publics très éloignés de l’emploi, très en difficulté. J’ai choisi, modestement, de me mettre au service des gens. C’est aussi ce que je fais en étant maire. J’ai 51 ans aujourd’hui. L’époque dont je vous parlais, elle remonte à quelques années, et mon enthousiasme n’a pas été entamé. Je ne vais pas vous mentir, parfois les difficultés ont été nombreuses. Pour autant, ce que l’on construit ensemble, c’est tellement enthousiasmant.

Notre dossier sur les élections municipales 2026

Je peux vous assurer que, quand je vois comment la ville se transforme, quand je vois dans une rue aux enfants des parents heureux, des enseignants apaisés, des enfants joyeux, je me dis « jamais, je regretterai une seconde ce qu’on a engagé ». Il n’y a pas de meilleur moteur que celui des résultats que l’on peut constater au quotidien pour avoir envie de continuer à avancer.

Après, il y a un rythme démocratique, il y a des élections. Les Lyonnaises et les Lyonnais choisiront. En attendant, il y a quand même un cycle de mandat à terminer avec beaucoup de chantiers qu’il faut suivre, des réalisations qu’il faut inaugurer. Et il faut rendre des comptes, dire précisément ce qui a été fait. C’est ce qu’on va faire au printemps. Et puis, après, on verra.