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OL – PSG : « On a réagi trop tard »… Pourquoi Lyon est-il encore passé à côté de sa première période contre Paris ?

Au Parc OL,

« En première période, on les a trop laissés tranquilles », glissait Maxence Caqueret en mars 2021 après un revers 2-4 (0-4 à la 51e). « On leur a montré trop de respect en première période », pestait Peter Bosz en septembre 2022 (0-1). « On a fait une première mi-temps assez chaotique. C’est inadmissible, on n’a pas montré de caractère, on s’est fait marcher dessus », explosait Anthony Lopes en septembre 2023 (1-4, 0-4 à la pause).

Autant qu’un choke parisien en Ligue des champions au printemps (voire en hiver) ou qu’une saison à plus de 30 buts du tandem de mutants Kylian Mbappé-Erling Haaland, les premières périodes à domicile désastreuses de l’OL face au PSG sont une des meilleures boussoles récentes du football. Incapables de battre l’ogre parisien depuis six ans, les Lyonnais ont signé « l’exploit » d’être encore en vie à la pause dimanche (0-0, 2-3 au final). Mais à quel prix ?…

« On les a trop regardés jouer »

Oubliez le jeu historiquement offensif de Paulo Fonseca, celui-ci s’est passé au coup d’envoi de ses deux avant-centres Georges Mikautadze et Alexandre Lacazette. 15 % de possession de balle après vingt minutes, 0,08 expected goal à la mi-temps, les ambitions dans le jeu de l’OL nous ont illico rappelé notre début d’été passé à vibrer (non) avec les Bleus de « DD » lors de l’Euro 2024. Après-coup, tous les joueurs se sont montrés lucides sur la pauvreté du spectacle, alors que les 57.777 supporteurs présents se sont retenus de siffler à la pause.

  • Moussa Niakhaté : « On a l’impression de ne pas avoir joué notre va-tout durant tout le match. On a quand même beaucoup subi, c’était compliqué de garder le ballon ».
  • Clinton Mata : « On s’est réveillés un peu tard pendant le match, on les a un peu laissés jouer en première période. Ils nous ont quand même fait courir pas mal en première période, même s’ils n’étaient pas si dangereux que ça ».
  • Corentin Tolisso (sur OL Play) : « On perdait trop rapidement la balle, dès la récupération. Ça n’est pas forcément comme ça qu’on veut jouer. On veut essayer de poser le jeu, de faire des combinaisons, de ressortir de derrière, et aujourd’hui on ne l’a fait que 15-20 minutes à la fin ».
  • Georges Mikautadze (sur DAZN) : « On a réagi trop tard, on n’a pas assez utilisé notre jeu offensif, alors que quand on le fait, on fait peur à tout le monde ».
  • Rayan Cherki : « On ne peut que regretter notre première période. On les a trop regardés jouer, moi le premier. On aurait dû se lâcher plus tôt, jouer plus vite. On avait juste à montrer un peu plus de courage comme nous l’a dit le coach à la mi-temps. On avait des consignes un peu particulières qui auraient pu être efficaces ».
Alexandre Lacazette a dû intervenir pour calmer Moussa Niakhaté, au bout d'une fin de match sous haute tension, dimanche au Parc OL.
Alexandre Lacazette a dû intervenir pour calmer Moussa Niakhaté, au bout d’une fin de match sous haute tension, dimanche au Parc OL.  - O. Chassignole / AFP

Aucun attaquant de pointe pendant plus d’une heure

Après une première mi-temps déjà indigeste/minimaliste à Marseille (3-2), certes avec seulement deux jours à la tête de l’équipe, Paulo Fonseca a remis ça dimanche de manière assez incompréhensible. Mais au fait, c’était quoi ce plan particulier sans numéro 9, qui a eu pour seule conséquence positive de ne pas se retrouver vite menés comme Pierre Sage l’a à chaque vois été face à la bande à Luis Enrique ?

Un 4-2-2-2-0 pardi, « avec deux numéros 10, Corentin Tolisso et Rayan Cherki », dixit l’ancien stratège lillois. Il faut lui reconnaître un numéro d’équilibriste rare, à une grosse heure du coup d’envoi dimanche. A savoir prendre du temps pour détailler (et avec confiance) sur Free Foot et DAZN pourquoi ce plan pourrait être le bon contre un Paris toujours invaincu en Ligue 1.

Perri plus sollicité que six joueurs de champ côté OL

« Le PSG est une équipe qui presse beaucoup, très haut, rappelle-t-il. Nous avons besoin d’avoir plein de joueurs au milieu pour tenter d’y créer une supériorité, avant d’attaquer vite sur les côtés avec Malick Fofana et Ernest Nuamah. On va voir si la tactique est juste ou pas, j’y crois beaucoup. » Paulo Fonseca semblait être le seul à y croire, dimanche à Décines, vu comme rien n’allait dans le bon sens, à commencer par ce jeu allongé en vain, en l’absence d’attaquant de pointe. Comme le révèle le compte Data OL, Lucas Perri a d’ailleurs touché plus de ballons (39) que six joueurs de champ titulaires dimanche, dont les offensifs Ernest Nuamah et Malick Fofana.

Pourquoi diantre avoir attendu d’être officiellement dos au mur, à 0-2 à l’heure de jeu, puis même encore à 1-3 à la 85e minute, pour mettre le feu offensivement avec le trio de jokers du soir Almada-Mikautadze-Lacazette, jusqu’à se créer sept opportunités dans le dernier quart d’heure sur le but d’un Donnarumma impérial ? « On avait un plan clair qu’on avait travaillé à l’entraînement, indique Corentin Tolisso. Mais la clé de tout ça, c’était vraiment de faire quelque chose de la balle quand on la récupérait, et c’est là qu’on a le plus pêché. »

Georges Mikautadze a failli inscrire dimanche un sublime retourné acrobatique, en plein duel avec Fabian Ruiz et Lucas Hernandez.
Georges Mikautadze a failli inscrire dimanche un sublime retourné acrobatique, en plein duel avec Fabian Ruiz et Lucas Hernandez. - O. Chassignole / AFP

La possession a grimpé de 15 à 35 % pour l’OL

C’est peu de le dire, jusqu’aux sorties des quatre joueurs offensifs parisiens titulaires, combinées à l’arrivée fracassante de Georges Mikautadze. Passe décisive pour Rayan Cherki après un crochet dévastateur sur Marquinhos (1-2, 83e), retourné acrobatique repoussé brillamment par Donnarumma (à 1-3, 89e) puis frappe dangereuse sauvée par Marquinhos (2-3, 90e+6).

Alors, des regrets à tout-va côté Paulo Fonseca ? « Non, on avait bien préparé ce match avec une stratégie défensive qui a bien fonctionné, estime le coach portugais. Si on avait eu un avant-centre, ça aurait été la même chose vu qu’on était contraints de jouer long, avec des ballons n’arrivant pas devant. Quand on a commencé à avoir la volonté de jouer [35 % de possession au final], on a démontré que nous étions forts. » Mais voilà à présent l’OL (6e) à 7 points de l’OGC Nice (3e), auteur du gros coup du week-end.

« Tu penses qu’on n’est pas ambitieux ? »

Pas de quoi entamer le moral du « cow-boy » John Textor : « C’est frustrant mais je pense que tous les spectateurs ont été fiers de voir les joueurs se battre ainsi. On a beaucoup appris sur notre équipe ce soir, on a de quoi construire là-dessus pour aller chercher la qualification en Ligue des champions ». Et on vous déconseille de relancer Clinton Mata sur ce criant manque d’ambition affiché en première période.

Notre dossier sur l’OL

« Tu penses qu’on n’est pas ambitieux ? Dis-moi quelle équipe en France a dominé Paris ! », a ainsi répliqué le polyvalent international angolais. On a presque été tentés de lui répondre Espaly (N3), l’une des équipes ayant le plus embêté ce PSG en 2025 (2-4). Rayan Cherki est en tout cas persuadé d’avoir « fait douter Paris ». « Nous avons rencontré une « All-Star Team » ce soir, conclut John Textor. Je suis très fier des joueurs, on a été quasiment au même niveau que l’une des meilleures équipes européennes. » Enfin, sur le dernier quart d’heure, vous aurez corrigé de vous-mêmes.