France

Avec Colette, 95 ans, « The Voice » démontre qu’à tout senior, tout honneur

Ce que l’on appelle « un moment de télé » attend les téléspectateurs de « The Voice », ce samedi soir sur TF1 avec l’audition à l’aveugle de Colette Mansard, 95 ans, la doyenne des talents du télécrochet toutes saisons et tous pays confondus. Un aperçu de son passage a déjà été donné sur les réseaux sociaux, mais nous laisserons planer le mystère sur son issue en nous bornant à dire que sa participation a poussé les coachs, Zaz, Patricia Kaas, Vianney et Florent Pagny, à faire de petites entorses au règlement de l’émission.

« Ils ont pris des libertés et cela ne nous a pas crispés, au contraire, assure à 20 Minutes Pascal Guix, producteur chez ITV Studios France. Ils ont eu raison. C’est parfois une bonne chose de se passer des règles et d’aller plus loin que là où il faut aller. Je pense vraiment que c’est une séquence qui fait du bien. »

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Le public ne devrait en effet pas crier au scandale tant Colette se révèle truculente – « pour participer à « The Voice » à mon âge, il faut être un peu fou. Je l’ai toujours été », dit-elle – et sa participation donne lieu à de belles images rassembleuses et fédératrices. « Feel good », comme on dit.

« On a toujours veillé à ce que des personnes plus âgées participent »

« Il nous importe de montrer toutes les typologies de physiques, de voix, de parcours, de personnalités, etc. qui représentent la France, affirme le producteur. On veut que le public de « The Voice » puisse voir des gens qui lui ressemblent. Et cela passe aussi par l’âge. Ce n’est pas nouveau, on a toujours veillé à ce que des personnes plus âgées participent. Leurs histoires touchent particulièrement les gens. »

Le premier épisode de la saison en cours a ainsi vu Georges Brize, 64 ans, qui a fait une carrière d’enfant chanteur dans les années 1970 en tant que Roméo, tenter sa chance. Dans la toute première saison, en 2012, Vigon, alors âgé de 72 ans, s’était frayé un chemin jusqu’au troisième prime en direct. Maria Doyle-Cuche, 65 ans, et Sandrine Allary, 77 ans, étaient, elles, engagées dans la saison 9, il y a cinq ans. Cette liste des candidates et candidats de plus de 60 ans à avoir fait face aux fauteuils rouges est loin d’être exhaustive.

Il existe un vivier de talents aux cheveux grisonnants. Bruno Berberes, le directeur de casting de « The Voice », en sait quelque chose. Il sillonne à longueur d’année la France et les pays frontaliers en quête de participants potentiels dans les concours de chant régionaux.

« Il n’y a pas un objectif de carrière, juste un objectif de plaisir »

« Il y en a à chaque fois une bonne dizaine qui se présente, explique-t-il à 20 Minutes. Dans le lot, il y a deux profils. Ceux qui ont toujours voulu faire ça mais n’ont jamais osé et qui, une fois à la retraite, se disent « Je me lance, je n’ai plus rien à perdre, les enfants sont grands… » et il y a ceux qui auraient dû faire carrière mais qui, en raison d’un accident de la vie, ne l’ont pas pu. Le point commun entre ces deux profils, c’est qu’ils ont tous dissimulé ces rêves à un moment donné pour ne pas que les gens se foutent de leur gueule. Ils sont toujours émouvants. Au niveau de la technique vocale, ce n’est pas toujours le pied, mais ça va. Et puis ce sont des gens qui sont totalement passionnés et qui rêvent de faire « The Voice ». »

Après un court temps de réflexion, Bruno Berberes ajoute une troisième catégorie : « celle des gens qui ont fait une carrière musicale, d’une manière ou d’une autre, il y a très longtemps, et qui ont envie de s’y remettre et ça, pour moi c’est génial. C’est le cas de Colette Mansard, qui a enregistré des disques dans les années 1950 et 1960 et a ensuite poursuivi comme autrice et compositrice. »

La nonagénaire a d’ailleurs interprété pour son audition à l’aveugle l’un de ses propres singles, Comment faire pour être heureux, sorti en 1968. Elle confie aux caméras de TF1 qu’en participant au télé-crochet elle « réalise le rêve de sa vie ». C’est un fait : pour la plupart des candidats ayant dépassé depuis plus ou moins longtemps l’âge de la retraite, le simple fait de se présenter sur le plateau de l’émission est une fin en soi. « C’est un accomplissement, c’est un rendez-vous, opine le directeur de casting. Il n’y a pas un objectif de carrière, juste un objectif de plaisir. »

« C’est vrai qu’on fait « The Voice Kids », alors pourquoi pas « The Voice Senior » ? »

Peut-on imaginer en France une déclinaison « The Voice Senior » ? Le concept a fait ses preuves. Il a été adapté dans plusieurs pays, de la Russie au Pérou en passant par l’Italie ou une saison est en cours de diffusion sur la Rai. Pascal Guix n’est pas contre : « Mais on n’en est pas là, tempère-t-il. Si un jour on y arrive, on serait heureux parce que cela nous permettrait d’explorer un autre terrain de jeu pour nous. C’est vrai qu’on fait « The Voice Kids », alors pourquoi pas « The Voice Senior » ? Mais, ce qu’on aime surtout faire, c’est nourrir « The Voice » avec différentes typologies de personnages et de personnalités. On veut souligner qu’à partir du moment où on a une voix et où on chante, on peut y participer et avoir la chance de faire un petit parcours. »

« Je le constate dans les concours régionaux, il y a un public pour les talents seniors, note Bruno Berberes. Les plus jeunes pourraient être étonnés, parce que, quand on s’imagine des personnes âgées qui chantent, on pense davantage au Petit vin blanc, aux répertoires de Cora Vaucaire ou de Mireille Mathieu… Mais il a quel âge Mick Jagger ? Et Eddy Mitchell ? Les plus vieux rappeurs ont aujourd’hui plus de soixante balais… On aurait sans doute de la chanson réaliste dans un « The Voice Senior », mais aussi beaucoup de rock, j’en suis sûr. »

Notre dossier sur The Voice

Colette Mansard, du haut de ses 96 ans – qu’elle a eus après le tournage -, vit sa meilleure vie. « Elle a commencé à faire de la promo avant tout le monde et avant la diffusion de l’épisode 1. Cela a démarré par la presse de sa région et, au fur et à mesure, elle a gagné en notoriété. Elle s’éclate. » Elle est rock’n’roll, Colette, on vous le dit.