Guerre Israël-Hamas : « Corps échangé », « mise en scène abjecte »… Quelles conséquences sur le cessez-le-feu à Gaza ?
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La tension est brutalement remontée ce vendredi entre Israël et le Hamas, au lendemain de la remise de quatre corps présentés comme ceux d’otages israéliens par le Hamas, ce que conteste l’Etat hébreu, pour l’un d’entre eux. Au point que le cessez-le-feu à Gaza, en vigueur depuis le 19 janvier, n’a jamais semblé aussi fragile. Sans être remis en cause, toutefois, pour le moment.
Que reproche Israël au Hamas ?
La mise en scène du Hamas autour de la remise des corps présentés comme ceux de quatre otages israéliens, a été qualifiée « d’abjecte » par l’ONU. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou y était représenté comme un vampire, au-dessus des quatre cercueils. « Le pays est fou de rage », a prévenu l’homme fort de l’Etat hébreu. Le rapatriement des corps a été accueilli avec émoi. Des milliers de personnes ont observé une minute de silence lors d’une veillée aux chandelles en leur hommage.
La colère, depuis, n’est pas retombée. Israël reproche au Hamas de lui avoir menti sur l’identité de l’un des otages, en lui ayant remis un corps qui n’est pas celui de Shiri Bibas. « Il s’agit d’un corps non identifié », précise le porte-parole de l’armée israélienne Avichay Adraee. Le premier ministre Benyamin Netanyahou évoque le corps « d’une femme de Gaza ».
Les analyses de l’institut médico-légal de Tel-Aviv menées sur les corps ont confirmé trois des quatre identités. En revanche, les légistes sont formels : le quatrième corps n’était pas celui de Shiri Bibas. Pour Netanyahou, « la cruauté des monstres du Hamas est sans limite ».
En réponse, un responsable du Hamas a indiqué que le corps de l’otage pourrait avoir été « mélangé par erreur avec d’autres sous les décombres ». Il a ajouté que le mouvement islamiste palestinien enquêtait sur ces faits.
Qui sont ces quatre otages ?
La famille Bibas a été enlevée lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, dans laquelle ont péri 1.211 personnes. Une attaque terroriste qui a déclenché la guerre à Gaza. Les images, filmées et diffusées par les commandos lors de l’enlèvement de Shiri Bibas, 34 ans, de son mari Yarden et de ses fils Ariel (quatre ans) et Kfir (huit mois et demi), devant leur maison à la lisière de la bande de Gaza, ont fait le tour du monde. Ils sont devenus le visage des otages.
L’État hébreu accuse le mouvement palestinien d’avoir tué Ariel et Kfir Bibas pendant leur captivité à Gaza. « Sur la base des renseignements disponibles et des indicateurs de diagnostic, Ariel et Kfir Bibas ont été brutalement tués en captivité en novembre 2023 par des terroristes palestiniens », ajoute Avichay Adraee. Des accusations que rejette le Hamas. Selon lui, les deux enfants sont morts au cours d’un bombardement israélien sur Gaza.
De son côté, Yarden Bibas a été libéré le 1er février lors d’un échange d’otages contre des prisonniers palestiniens. Le quatrième corps, remis aux Israéliens, jeudi, est celui d’Oded Lifshitz, un ancien journaliste âgé de 83 ans, le jour de sa capture.
L’accord de cessez-le-feu est-il menacé ?
Netanyahou n’évoque pas expressément une éventuelle reprise des combats dans la bande de Gaza. Mais il fait planer le doute sur cette trêve, fragilisée. « Nous agirons avec détermination pour ramener Shiri à la maison ainsi que tous nos otages (les vivants et les morts) et nous veillerons à ce que le Hamas paie le prix de cette violation cruelle et perverse de l’accord », a-t-il déclaré dans une déclaration vidéo. Les combats à Gaza ont fait 48.319 morts, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU. Il s’agit pour l’essentiel de civils palestiniens.
Dans le cadre de l’accord signé entre l’Etat hébreu et le mouvement palestinien le 19 janvier, le Hamas doit échanger, avant le 1er mars, 33 otages israéliens (dont huit sont décédés) contre 1.900 prisonniers palestiniens. Six d’entre eux doivent être libérés samedi.
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La seconde phase de cet accord prévoit la libération de tous les otages israéliens aux mains des Palestiniens. Le calendrier et les modalités n’ont pas encore été formellement actés.