Rennes : « Personne ne l’a jamais fait »… Gabriel veut courir plus vite que la ligne B du métro
C’était un petit phénomène que les anglophones avaient baptisé « Race the Tube ». En français, une « course contre le métro ». Très en vogue en 2014, la tendance consistait à prendre le métro, à en sortir en courant le plus vite possible pour regagner la surface, à sprinter dans la rue puis à replonger dans la prochaine station pour choper le métro avant qu’il ne reparte. A Londres, à New York, à Paris ou à Lyon, certains y sont parvenus. Mais à Rennes, jamais. « J’ai regardé et certains ont essayé sur la ligne A puis sur la ligne B. Mais personne ne l’a jamais fait. » Gabriel Anger veut être le premier.
Ce coureur amateur de 20 ans tentera le coup ce dimanche matin en sprintant entre les stations Saint-Germain et Colombier. Un parcours d’un peu moins d’un kilomètre à parcourir en un peu moins de trois minutes trente. « Je peux courir le kilomètre en deux minutes cinquante. La difficulté là, c’est qu’il faudra monter et descendre les marches. Je pense que j’ai 60 % de chances d’y parvenir. Je compte sur l’adrénaline pour y arriver ». En pleine préparation du marathon de Paris, qu’il espère courir en moins de trois heures, le jeune homme s’impose six entraînements par semaine. « J’aimerais bien faire plus mais avec les cours, c’est chaud », reconnaît cet étudiant en troisième année de marketing vente.
Pendant que Gabriel galopera en surface en compagnie de son ami Maël, la ligne B du métro passera, elle, par la station Gare, où elle s’arrêtera quelques instants, avant de repartir vers le Colombier. Face à un métro automatique qui peut dépasser les 70 km/h en pointe et affiche 36 km/h en moyenne (arrêts compris), le jeune athlète n’a pas d’autre choix que de « sauter » une station, s’il veut avoir une chance de choper la rame avant la fermeture des portes. « Sans ça, ce serait impossible. » En 2014, un autre coureur avait relevé le défi sur un autre tracé. Mais il avait échoué, devancé de plus d’une minute par une ligne A toujours fringante.
Il faudra courir à 20 km/h
Pour rivaliser avec les rames Siemens, Gabriel va donc devoir courir vite. Très vite même. « Sans doute autour des 20 km/h ». Pour un point de comparaison, le record du 1.500 m établi en 1998 par Hicham El Guerrouj avait été couru à 26 km/h. Pas infaisable pour Gabriel, même si le sprint n’est pas vraiment son point fort. Depuis quelques mois, Gabriel a suivi la tendance générale des coureurs à pied : il s’est mis au trail, en augmentant régulièrement les distances. Originaire de Nouvoitou, au sud-est de Rennes, le jeune homme de 20 ans court depuis qu’il a « six ou sept ans ». Il a fait de la piste, beaucoup, mais il s’en est lassé.
Depuis deux ans, Gabriel a donc rendu sa licence à la fédération d’athlétisme pour courir « plus librement » et avec « plus de plaisir » notamment sur des trails en Bretagne. « Avant, je faisais beaucoup de route. C’était cool quand je battais mes chronos mais c’est beaucoup plus exigeant. Dès que tu as un coup de moins bien, tu galères. » Ce « coup de moins bien », Gabriel l’a pris en pleine face il y a deux ans, quand il a chopé la mononucléose, une maladie virale qui provoque une grande fatigue. « Je n’étais pas en forme, mes entraînements étaient nuls, je ne comprenais pas pourquoi. J’ai mis un an à m’en remettre. »
Tout, tout, tout sur YouTube
Avec sa silhouette allongée et ses grands compas, l’étudiant est aujourd’hui bien affûté, prêt à relever son défi. Comme bon nombre de coureurs, il a même lancé sa modeste chaîne YouTube où il partage ses expériences. Dans ses vidéos où il aime se mettre en scène, le garçon fait aussi la promotion de la marque qui le suit.

Membre de la communauté Asics FrontRunner, qui compte une quarantaine de membres en France, le coureur breton rêve secrètement de pouvoir vivre de cette passion. « Depuis que je suis petit, j’ai toujours adoré courir et filmer. Alors, je me dis pourquoi pas. Au pire, ça me fera toujours des souvenirs. » Dont celui d’avoir battu le métro ? Réponse dimanche matin.