Guerre en Ukraine : Nouvelle ère, dépense, soldats, Trump… Ce qu’il faut retenir des réponses d’Emmanuel Macron
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Ce jeudi soir, Emmanuel Macron appelait sur ses réseaux sociaux les internautes à lui poser des questions sur le conflit en Ukraine, et ses conséquences sur la France.
Seul, face caméra, et après un petit cours d’Histoire sur les origines du conflit, le président de la République est revenu pendant une heure sur les questions des internautes sur la sécurité de l’Europe. Ce qu’il faut en retenir.
« Une nouvelle ère » avec un « effort de guerre »
Tout au long de ces échanges, Emmanuel Macron a insisté sur l’arrivée d’une « nouvelle ère » en Europe, liée au retrait progressif des Etats-Unis des affaires mondiales, principalement dans le domaine militaire : On rentre dans une nouvelle ère, où nous ne sommes plus sûrs de pouvoir profiter des dividendes de la paix. » Les Etats-Unis appelant depuis plusieurs mois les pays européens à augmenter la part de leur budget alloué à la défense, le président appelle à « prendre nos responsabilités » en tant que continent pour être « indépendants » : « Nous les Européens, nous devons augmenter notre effort de guerre. »
Son objectif : un financement européen massif pour produire et acheter plus, afin de ne plus dépendre des armes américaines : « Chaque fois que les Européens achètent non-européens, ils réduisent leur autonomie. »
Il invite notamment les nations européennes à reproduire le succès de l’emprunt européen, au moment de la pandémie de Covid-19, mais cette fois sur les questions de sécurité : « Il faut des financements innovants, européens, peut-être pour aider l’Ukraine dans un premier temps, mais aussi pour renforcer notre propre capacité à nous défendre. »
Enfin, Emmanuel Macron a plusieurs fois rappelé aux Français le rôle qu’ils « doivent » jouer dans cette nouvelle ère : « J’aurais besoin de vous, de votre engagement, on a besoin de faire nation, de rester unis, forts, et de choisir l’indépendance de la France. » Il invite chacun à « mettre ses compétences au service de l’armée ». Plus concrètement, Emmanuel Macron propose aussi de réfléchir à des « produits d’épargne » qui pourraient permettre d’investir dans la sécurité de la France.
Le futur de l’Ukraine
Le président l’a répété à plusieurs reprises, l’Europe, c’est aussi l’Ukraine, qui fait face à « la menace russe ». Pas en envoyant des soldats sur le front pour l’instant : « On doit tout faire pour remettre la discussion sur le bon rail. Nous voulons une paix durable qui ne soit pas la capitulation de l’Ukraine. » Pour autant, Emmanuel Macron n’exclut pas d’envoyer, une fois la paix négociée, des forces françaises sur place, « pour garantir la sécurité de l’Ukraine ».
Et cette sécurité pourrait passer aussi par l’adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne, dont la candidature a été acceptée. « Aujourd’hui, personne n’a le droit de dire que l’Ukraine n’a pas le droit de rentrer dans l’UE. »
Quant au président Zelensky, avec qui le président français devait échanger juste après cet exercice de questions-réponses, Emmanuel Macron a tenu à lui apporter tout son soutien. A ceux qui le disent illégitime, il leur rappelle que plusieurs millions d’Ukrainiens ont fui le pays, que d’autres ont été mobilisés, et qu’une partie du territoire reste conquise. « Pour faire des élections, il faut une paix durable. Certains souhaitent un simple cessez-le-feu et des élections à la va-vite qui seront manipulées. »
Et Donald Trump dans tout ça ?
Interrogé sur la place que prendrait Donald Trump dans cette « nouvelle ère » européenne, Emmanuel Macron n’a pas hésité à se féliciter de « l’incertitude » créée par le nouveau président américain. « Il crée de l’incertitude car il veut négocier des deals avec tout le monde, et ça, c’est bon pour nous et pour l’Ukraine, car Vladimir Poutine ne sait pas ce que Donald Trump va faire. »
Emmanuel Macron pense qu’il faut avant tout convaincre le président américain qu’il a tout autant intérêt que nous à soutenir l’Ukraine et à travailler avec les Européens. « Je vais lui dire qu’il ne peut pas être faible face à Poutine. Ce n’est pas lui, ce n’est pas son tempérament. »
Notre dossier sur la guerre en Ukraine
Enfin, le président s’est aussi attaqué aux défenseurs du « free speech », de la liberté d’expression à outrance, et notamment JD Vance, le vice-président américain, qui lui a fait part de choc face à l’annulation des élections en Roumanie.
« Moi ce qui me choque c’est que le Russie puisse intervenir ! » Face à la « main invisible des algorithmes politiques », il demande de la transparence pour protéger la démocratie. « Si le free speech c’est de pouvoir dire ce que l’on veut, quand on veut, et manipuler l’information, ce n’est pas de la liberté d’expression. »