Côte d’Ivoire : La France rétrocède sa base militaire de Port-Bouët
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La France rétrocède jeudi la base militaire de Port-Bouët, près d’Abidjan, à la Côte d’Ivoire. Une démarche concertée, à rebours d’autres pays africains qui ont récemment chassé l’armée française. « La coopération militaire continue avec la France. Il n’y a pas de rupture », a confirmé à RFI le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara.
Il assiste ce jeudi avec son homologue français Sébastien Lecornu, à la cérémonie de rétrocession de la base abritant le 43e Bataillon d’infanterie et de marine (43e Bima). Les deux drapeaux, français et ivoirien, qui flottent actuellement sur la place d’armes sont abaissés et seul celui aux couleurs orange, blanche et verte, est remonté.
La Côte d’Ivoire à contre-courant des juntes au Sahel
Cette rétrocession, annoncée le 31 décembre par le président ivoirien Alassane Ouattara, est le résultat d’un processus entrepris il y a deux ans entre les deux pays. Ailleurs, face à la prise de pouvoir par des putschs de juntes devenues hostiles au Sahel, l’armée française déployée dans la lutte antijihadiste a dû plier bagage, de gré ou de force.
Au Mali (en 2022), au Burkina Faso (en 2023), au Niger où les putschistes ont obtenu le départ en décembre 2023 des 1.500 soldats déployés dans la lutte antijihadiste et plus récemment au Tchad, l’armée française a été priée de quitter le territoire. Le Sénégal négocie de son côté le départ des troupes d’ici fin 2025.
« Anticiper le départ avant que cela ne devienne une revendication populaire »
La Côte d’Ivoire fait figure d’exception dans ce paysage défiant sinon hostile envers la présence française. « Les autorités ivoiriennes savent très bien que les idées souverainistes existent dans le pays. Il faut donc anticiper le départ de la base militaire française avant que cela ne devienne une revendication populaire », estime l’analyste politique ivoirien Geoffroy Kouao.
« La Côte d’Ivoire et la France entretiennent de très bons rapports depuis l’indépendance. Paris restera un partenaire privilégié dans la formation, le renseignement et surtout dans la lutte contre le terrorisme », pointe Geoffroy Kouao.
Les liens entre les deux armées remontent à 1961, et un accord de défense signé au lendemain de l’indépendance. En 2002, après une tentative de coup d’Etat contre le président de l’époque Laurent Gbagbo et la prise de contrôle d’une partie du pays par des rebelles, la France avait mis en place la force Licorne, pour protéger ses ressortissants et tenter de stabiliser le pays.
Notre dossier sur l’armée française
En 2004, le 43e BIMa avait servi de refuge à des centaines de civils français victimes de pillages et au plus fort de cette crise, la France a compté plus de 5.000 militaires dans le pays. En 2011, quelques mois après une élection présidentielle aux résultats contestés par Laurent Gbagbo, Licorne avait mené, aux côtés de l’ONU, des bombardements sur la résidence du président sortant, finalement arrêté. La mission de la force a pris fin en 2015.