Real Madrid – Manchester City : Avec un magistral triplé, Kylian Mbappé acte pour de bon sa « résurrection »
Le triptyque de l’horreur contre le Barça, l’AC Milan et Liverpool, de fin octobre à fin novembre 2024, a-t-il réellement existé dans la carrière de Kylian Mbappé ? Après avoir assisté mercredi au triplé de l’attaquant du Real Madrid, époustouflant de confiance, d’explosivité et d’efficacité pour anéantir Manchester City (3-1) en 16e de finale retour de la Ligue des champions, il faut se pincer pour croire encore à de telles déroutes individuelles.
Les huit positions de hors-jeu dans la rouste du Clasico (0-4), les choix à l’envers face à Mike Maignan (1-3) et sa disasterclass ultime à Anfield, avec en point d’orgue un penalty manqué (2-0), semblent teeeeeeeeellement loin à présent. Et pourtant, il y a moins de trois mois, « Kyky » était encore au fond du trou, après un nouveau penalty raté dans une défaite en Liga à Bilbao (2-1 le 4 décembre).
Le voilà déjà impliqué sur plus de 500 buts en carrière
Mais les chiffres sont désormais criants : l’ancien attaquant du PSG compte cette saison 28 buts en 38 matchs (toutes compétitions confondues), dont 14 sur les 11 dernières rencontres. Mieux encore, comme l’annonce Opta, le voilà depuis mercredi impliqué sur plus de 500 buts, clubs et sélection compris (359 buts inscrits et 142 passes décisives), à seulement 26 ans et deux mois. Colossal, à l’image de son récital face aux ruines du City de Pep Guardiola.
C’est simple : on n’a plus du tout affaire au Mbappé incapable de réaliser la moindre différence en un contre un dans ses derniers mois parisiens ou lors de l’Euro 2024. Non, il a de nouveau du feu dans les jambes, comme pour déposer Nathan Aké (70e), mais aussi un vrai sens du dribble à même de mettre au tapis Josko Gvardiol (2-0, 33e) dans un remake du crochet destructeur culte de Messi devant Boateng, et une efficacité à tout-va.
« J’ai su inverser la tendance »
Sa première touche de balle de la soirée ? Un délicieux lob de volée après une course en profondeur parfaite sur une ouverture de Raul Asencio (1-0, 4e). Un énième passement de jambes à bon escient plus tard pour laisser sur place Phil Foden avant de conclure du pied gauche (3-0, 61e) et on a eu droit à une nouvelle version de son iconique « Pas contents ? Triplé ! ».
Avec une dimension fondatrice indéniable, car il ne s’agit cette fois pas de Valladolid en face (son seul triplé jusque-là avec le Real le 25 janvier), et surtout en raison des difficultés rencontrées en première partie de saison. « C’est clair qu’au début à Madrid, ça n’était pas trop ça, a-t-il confirmé mercredi soir au micro de Canal +. Je me cherchais un peu. J’ai su inverser la tendance et ça fait quelques mois qu’on voit un meilleur visage. »

« Il a réussi à transformer les regards de tous »
Satisfait de ses trois buts « dans un registre différent », rappelant « une panoplie plutôt complète », Kylian Mbappé sait qu’il a toujours pu compter sur le soutien de ses nouveaux partenaires. « Il y avait du bruit à l’extérieur parce qu’il est arrivé avec un statut de star, indique ainsi Thibaut Courtois à Canal +. C’est toujours difficile de vite s’adapter. Il a mis beaucoup de buts mais je crois que les gens attendaient un peu plus de lui. On sait qu’avec du calme, Kylian est l’un des meilleurs joueurs au monde. » Interrogé lui aussi, par Thierry Henry et CBS Sports, sur la belle dynamique de son coéquipier, Jude Bellingham est sur la même ligne.
« A son arrivée, Kylian a subi une pression incroyable, qui serait inimaginable pour la plupart des joueurs. Mais on sait tous à quel point il est spécial, et ça n’était qu’une question de temps le concernant. On voit la confiance qu’il a à présent : il peut donner la balle dans n’importe quelle situation, il a cette vitesse et cette connexion avec « Vini » qui est terrifiante pour les adversaires, avec en plus à côté Rodrygo qui est tellement sous-coté. »
Consultant pour RMC, l’ancien champion du monde 1998 Emmanuel Petit n’hésite pas à parler de « résurrection » concernant l’icône du football français depuis la Coupe du monde 2018. « La définition d’un très grand joueur, c’est d’arriver à trouver la lumière quand il traverse un tunnel, poursuit l’ex-milieu de terrain d’Arsenal. En deux mois dans le plus grand club du monde, il a réussi à transformer les avis et les regards de tous. »
Il a bien chambré Gvardiol après son crochet
Au point d’infliger à Pep Guardiola, presque à lui seul mercredi, la première élimination de sa carrière de coach avant les 8es de finale de la Ligue des champions. Huit années plus tôt, Kylian Mbappé avait déjà martyrisé le grand Pep lors de sa première campagne de C1 avec l’AS Monaco.
Notre dossier sur Kylian Mbappé
C’est comme si la fougue et la spontanéité de ses 18 ans étaient de retour mercredi, avec en plus une pincée de trash-talking envers Josko Gvardiol après le deuxième but. Là aussi une caractéristique d’un joueur phare savourant son éclatant retour au premier plan, avec standing ovation et chant en son honneur de Santiago-Bernabeu en prime.