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Mickey trop « woke » pour Donald ? Disney rétropédale sur sa politique d’inclusion et de diversité

Mickey trop « woke » pour Donald ? Après Meta, Amazon, Google ou encore McDonald’s, Disney a décidé de mettre en sourdine son programme de diversité et d’inclusivité (Diversity, Equity, and Inclusion ou DEI).

La firme aux grandes oreilles veut « se concentrer davantage sur les résultats commerciaux », indique la directrice des ressources humaines de Disney, Sonia Coleman, qui décrit les changements apportés à la politique de DEI de l’entreprise dans une note interne obtenue par le média américain Axios le 11 février.

Une série de mesures au diapason avec l’offensive réactionnaire « anti-woke » menée par le président américain Donald Trump. Pourquoi faire une telle volte-face et quelles potentielles conséquences sur les futurs programmes Disney ?

Les contenus racistes accessibles aux enfants ?

« Le job de Disney, c’est de divertir, pas de faire de la politique », lance Bob Iger, le PDG de la Walt Disney Company, aux actionnaires lorsqu’il est rappelé aux manettes en 2022.

En 2017, Disney a pris un virage « woke » sous l’impulsion du même Bob Iger qui se targue alors de vouloir « amener les gens à être plus tolérants envers les multiples différences, cultures et races ».

En 2019, Disney ajoute des avertissements pour ses productions des années 1940 et 1950 comme Peter Pan ou encore Dumbo qui comportent des représentations racistes. « Ce programme est présenté comme créé à l’origine. Il peut contenir des représentations culturelles obsolètes », indique un carton qui précède les films problématiques sur Disney+.

En octobre 2020, l’avertissement s’allonge : « Ce programme comprend des représentations négatives et/ou des mauvais traitements envers des personnes ou des cultures. Ces stéréotypes étaient erronés à l’époque et le sont toujours. Plutôt que de supprimer ce contenu, nous souhaitons reconnaître son impact néfaste, en tirer des leçons et susciter des discussions pour créer ensemble un avenir plus inclusif. »

Ces avertissements vont désormais disparaître avant les films et seront remplacés par une simple note dans la description du programme sur Disney+ Ces changements pourraient affecter l’accessibilité des films au jeune public. Jusqu’à présent, certains classiques étaient exclus des profils destinés aux enfants sur Disney+ en raison de ces avertissements. Seront-ils désormais accessibles aux plus jeunes ? Cette suppression sera-t-elle appliquée uniquement aux États-Unis avant d’être étendue à d’autres pays ? Ces questions restent en suspens.

Les personnages noirs et LGBT+ de retour au placard ?

« Disney s’engage à créer des histoires aux thèmes inspirants et ambitieux qui reflètent la riche diversité de l’expérience humaine à travers le monde », annonçait encore la firme aux grandes oreilles dans les avertissements de 2020.

Pour atteindre cet objectif louable, Disney lance en 2019 son programme « Reimagine tomorrow » (« Réimaginer l’avenir ») destiné à « amplifier les voix sous-représentées » dans l’industrie. Le site qui mettait en avant cette initiative a été supprimé en décembre 2024.

Les critères de rémunération de ses dirigeants ont également été allégés du facteur de performance « diversité et inclusion ». Désormais, ceux-ci seront rémunérés par un nouveau facteur « stratégie des talents », qui se concentrera davantage sur « la manière dont les valeurs déterminent la réussite de l’entreprise ».

Il est loin le temps où Disney osait faire d’un adolescent gay le personnage principal d’un film d’animation. Ethan Clade d’Avalonia, l’Étrange Voyage va visiblement devoir retourner dans son placard.

La simple allusion à la transidentité d’un des personnages de Gagné ou Perdu, la toute première série à l’univers original signée des Pixar Animation Studios disponible ce mercredi sur Disney+ a été balayée en décembre selon le New York Times. Si cette décision avait été rendue publique peu de temps après l’élection présidentielle, Pixar assure de son côté qu’elle aurait été prise l’été précédent. D’autres personnages issus des minorités seront-ils invisibilisés pour se conformer au cahier des charges des électeurs de Donald Trump ? Une autre question en suspens.

Disney, la cible de la droite conservatrice ?

Halle Bailey en petite sirène noire, une nouvelle super-héroïne musulmane côté séries (Miss Marvel), un couple gay dans La Belle et la Bête, un couple de lesbiennes dans Buzz l’éclair, un stormtrooper gay dans Star Wars, le premier superhéros gay dans Les éternels, l’actrice métisse Rachel Zegler pour jouer Blanche Neige dans le film en live action qui sortira le 19 mars… Les récentes productions de Disney ont sérieusement agacé les représentants de la droite conservatrice américaine, qui les accusent depuis plusieurs années d’imposer une vision progressiste dans leurs contenus.

Face à la pression politique et aux défis économiques avec la concurrence des autres plateformes, Disney cherche à donner des gages au nouveau pouvoir trumpiste et à se mettre à l’abri des polémiques sur les réseaux sociaux aux mains des soutiens du nouveau président. Personne n’est dupe, il ne fait aucun doute que Donald a remis Mickey à sa place. Mais ce pragmatisme industriel touchera-t-il tout Hollywood dans les mois à venir ?