Motion de censure : Les députés PS quittent l’hémicycle en plein examen de leur texte
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La majorité des députés PS a quitté l’hémicycle en plein discours lors de l’examen de la motion de censure visant François Bayrou, qui les a accusés de défendre une motion « à blanc ».
« C’est la première fois que je vois un parti qui dépose une motion de censure, quitter l’Assemblée pendant la discussion de sa motion de censure », a ironisé François Bayrou, suscitant des applaudissements à droite et sur les bancs du RN.
Bayrou « maltraite son petit personnel »
« Voilà la motion de censure la plus cousue de fil blanc de toute l’histoire parlementaire », a fustigé François Bayrou, qualifiant également l’initiative de motion « pour faire semblant ».
Le texte, qui reproche au gouvernement de « céder aux passions tristes de l’extrême droite », a été signé par les 66 députés du groupe socialiste.
« Ce sont les affrontements entre partis sans cause et sans raison, uniquement sur des prétextes […] qui nous empêchent de saisir les enjeux et de les relever », a jugé François Bayrou en conclusion d’un long discours.
Le Premier ministre « a été dans son plus mauvais rôle », a accusé devant les journalistes le patron du groupe des députés socialistes, Boris Vallaud. « Je trouve qu’il n’a pas grandi sa fonction et qu’il n’a pas non plus honoré le débat parlementaire. »
Outre celles du Premier ministre, le PS a aussi subi les railleries de Jean-Luc Mélenchon, son partenaire au sein d’une alliance de gauche en crise. « Bayrou découvre le caractère toxique de toute relation avec le PS. Il n’hésite pas à maltraiter son petit personnel », a-t-il écrit sur X.
Une motion contre la « trumpisation »
Car le PS avait annoncé cette motion après avoir renoncé à censurer le gouvernement sur les budgets, suscitant la colère des Insoumis. Les socialistes la présentent comme une réponse à la « trumpisation » du débat public, et une protestation face à l’expression de « submersion » migratoire, employée par le Premier ministre lors d’une interview télévisée.
« Nous sommes ici pour juger un gouvernement qui a failli », a déclaré la députée socialiste Ayda Hadizadeh en ouverture de séance, devant un hémicycle déjà quasi-vide. « Gouverner, ce n’est pas suivre le courant, c’est tenir la barre. Gouverner, ce n’est pas pactiser avec l’ombre, c’est éclairer le chemin. »
« Le Premier ministre a repris les mots funestes de Jean-Marie Le Pen », critiquent les socialistes dans leur texte. Ils reprochent au gouvernement d’avoir « cédé » aux « passions tristes » de l’extrême droite en « offrant des victoires culturelles inédites au Rassemblement national qu’il est censé combattre ».
L’extrême droite aurait déjà gagné ?
Dans leur viseur notamment : le débat sur le droit du sol suggéré par le garde des Sceaux Gérald Darmanin, le soutien du gouvernement à un texte LR restreignant ce droit à Mayotte, l’adoption à l’Assemblée, à l’initiative de l’ex-Premier ministre Gabriel Attal, d’un texte sur la justice des mineurs, la « dépénalisation des atteintes à la biodiversité » portée par la droite sénatoriale, ou encore « la remise en cause du Pacte Vert » au niveau européen.
Tout savoir sur la dernière motion de censure
Le texte, déposé lundi, évoque aussi l’affaire des violences à Notre-Dame-de-Bétharram, estimant que « le Premier ministre ne peut se soustraire aux interrogations légitimes des victimes et de leurs proches, de la représentation nationale et de la presse ».