Froid polaire aux Etats-Unis : Comment notre corps tente de survivre face à des températures glaciales ?
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Un froid « mortel » s’est installé du nord des Etats-Unis jusqu’au golfe du Mexique depuis mardi, avec des températures ressenties pouvant descendre jusqu’à – 60 °C dans les Plaines du Nord. L’occasion de nous poser cette question : comment notre corps réagit-il face à un froid polaire ?
« Le corps humain n’est pas fait pour vivre dans des conditions extrêmes, ou du moins notre évolution fait qu’on n’en est plus capable », souligne Jean-Dominique Allart, médecin vasculaire et vice-président de la Société française de phlébologie. « On n’est pas non plus tous égaux face au froid, c’est une question de métabolisme de base. » Mais concrètement, que se passe-t-il dans notre corps ?
Frissons, calories brûlées et doigts bleus
Le froid extrême génère un stress immédiat au corps qui va réagir de plusieurs façons. Première réaction : la vasoconstriction périphérique. « Les vaisseaux sanguins à la surface de la peau vont se contracter pour faire en sorte que le sang continue d’alimenter les organes vitaux comme le cœur, le cerveau, les poumons, le foie et les reins », développe le médecin. Conséquence : le sang des mains et des pieds reçoit un sang contenant moins d’oxygène, ce qui donne lieu à des extrémités bleues.
Le corps étant bien fait, pour produire de la chaleur, il met en place une augmentation du métabolisme. « C’est le rôle des frissons, des muscles qui se contractent de façon autonome pour générer de la chaleur », résume le médecin. Mais ce n’est pas tout. Le corps va également brûler davantage de calories afin de se réchauffer. C’est ce que l’on appelle la thermogenèse. D’où l’intérêt d’avoir beaucoup d’énergie en stock. Autre procédé étonnant du corps : la chair de poule. « La piloéréction consiste à créer une couche isolante d’air sur la peau. Lorsque le poil se dresse, l’air ne peut plus passer et créé une sorte d’isolation thermique. »
Tissu nécrosé et sang dans les poumons
Une fois que le corps a mis tout cela en place, si le froid persiste, il va perdre de la chaleur. « Le tissu des extrémités gèle et une fois qu’il a gelé, il est mort, il se nécrose et devient noir. Si on est pris en charge, la seule solution pour éviter l’infection est l’amputation. » C’est par exemple ce qui est arrivé en 2018 au traileur italien Roberto Zanda, qui s’était gelé mains et pieds lors du Yukon Arctic Ultra après avoir été perdu de vue sur la course durant dix-huit heures. Une fois retrouvé, il avait dû subir une amputation des quatre membres.
Lors de l’édition 2025 de ce même Ultra ayant lieu dans le Canada arctique, et consistant à faire 650 km par – 40 °C, le traileur français Mathieu Blanchard a fait part de sa détresse sur Instagram : « Mes poumons sont bloqués. […] Impossible de faire trois pas sans être extrêmement essoufflé ! Très dangereux quand tu comptes sur le mouvement pour survivre à – 40 °C. Je m’inquiète ! » Et pour cause. Lorsque l’on respire un air trop froid, il y a un risque que les alvéoles pulmonaires congèlent. « Cela créé une vasoconstriction des bronches et la capacité pulmonaire est diminuée puisqu’il y a moins de volume d’air dedans. » Plus grave, le sang des vaisseaux va alors passer dans les alvéoles des poumons. « A ce stade, on voit des coureurs qui crachent du sang. Là, ce n’est vraiment pas bon signe. On doit tout de suite se mettre au chaud. »
Avoir le moins de surface possible exposée au froid
L’hypothermie, caractérisée à partir d’une température corporelle en dessous de 35 °C, présente d’autres nombreux symptômes : troubles de la coordination, confusion, somnolence, puis perte de conscience et… coma. « Quand on retrouve des personnes ensevelies dans une avalanche, elles sont toutes un peu recroquevillées. Quand le corps n’a plus de moyen de lutter contre le froid, il essaie de trouver la posture idéale pour avoir le moins de surface possible exposée au froid en faisant du peau à peau. »
Avant d’en arriver là, il faut quand même garder en tête cette idée : avoir le moins de surface possible exposée au froid et privilégier une membrane type Gore-Tex. Imperméable à l’eau et à l’air mais laissant passer la transpiration, elle permet d’éviter l’effet « cocotte-minute » et de rester au sec.