Au challenger de Brazzaville, « yeux qui piquent » pour les joueurs enfumés au gaz lacrymo dans un exercice militaire
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Un soleil à vous taquiner la nuque et une chaleur idéale pour le lift des terriens. Guy den Ouden passait une journée tranquille au challenger de Brazzaville quand son match du premier tour avec Ivan Denisov a été interrompu par des détonations et le bruit d’une foule agitée au-dehors. Conséquence de ce chahut, un épais nuage de fumée blanche finit par survoler les huit courts du complexe. Fin de la vidéo.
Les réseaux étant ce qu’ils sont, l’emballement a été assez immédiat, laissant craindre une situation de danger imminent pour les joueurs, piégés au milieu d’une bataille armée, sur la base d’un malentendu géographique assez simple : beaucoup ont confondu la République du Congo (Brazzaville) et la République démocratique du Congo, cette dernière étant touchée par un conflit à l’Est entre forces armées de la RDC et le M23, soutenu par l’armée rwandaise. « Notre tournoi est au Congo Brazzaville et nous pouvons confirmer que tout est calme », a déclaré l’organisation à 20 Minutes.
Les militaires ont utilisé du gaz lacrymogène par erreur
Tout ceci est bien gentil, il n’en demeure pas moins que les explosions et la fumée étaient réelles. Il s’agissait d’un exercice militaire. « Il y a eu un échange de tirs entre militaires, nous raconte l’Algérien Samir Hamza Reguig, battu par Geoffrey Blancaneaux. Rien de grave, les militaires étaient en train de s’entraîner. Ils ont juste envoyé des gaz lacrymogènes. Les militaires se sont trompés, au lieu de déclencher le gaz d’entraînement, ils ont déclenché le vrai gaz. »
Les joueurs ont rapidement été évacués des courts, certain se plaignant d’irritation et de difficultés respiratoires, comme le Brésilien Paulo Saraiva. « Mon nez brûlait, j’avais du mal à respirer. Ce n’était pas agréable, mais le personnel du tournoi a tout très bien fait. Tout le monde a été rapidement évacué vers la salle des joueurs, où on est resté enfermés en lieu sûr pendant vingt minutes. Je suis resté dix minutes de plus que les autres parce que j’avais des maux de tête. » Les matchs ont ensuite repris normalement et la journée de matchs a pu reprendre. « Demain (mercredi) le tournoi reprend », confirme le Brésilien.
« Le tournoi est génial et on mange pour pas grand-chose »
Le Mexicain Rodrigo Alujas a aussi eu « les yeux qui piquent » mais tend à dédramatiser. « Je n’ai pas eu peur. C’était un événement anecdotique. Je pense que nous ne devrions pas incriminer le Challenger, qui est une excellente organisation. Le tournoi est génial, les courts sont super bons, les gens sont très gentils et le pays est peu cher. On peut y manger pour pas grand-chose en dehors de l’hôtel. C’est un tournoi que je referai, oui ! »
Sportivement aussi, le rapport qualité prix fait partie des atouts du tournoi de Brazzaville. 50 points ATP à la clé et un prize money de 60.000 dollars pour un plateau en dessous de certains Futures en qualifications, ça vaut le détour. Et tant pis s’il faut sacrifier sa cloison nasale dans l’histoire.