Assemblée nationale : Dénonçant la « trumpisation » du débat public, le PS dépose une motion de censure contre Bayrou
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A l’Assemblée nationale, les socialistes se lancent dans une initiative uniquement symbolique. Les députés PS ont déposé lundi leur motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou, l’accusant de « céder aux passions tristes de l’extrême droite ». Mais celle-ci ne devrait pas atteindre la majorité dans l’hémicycle.
Cette motion avait été annoncée par le groupe PS après son renoncement à censurer le gouvernement sur les budgets, et présentée comme une réponse à la « trumpisation » du débat public et à l’expression de « submersion » migratoire, employée par le Premier ministre pour parler de Mayotte. « Le Premier ministre a repris les mots funestes de Jean-Marie Le Pen », critiquent les socialistes dans le texte, signé par l’ensemble des députés selon une source au groupe.
Retailleau dans le viseur du PS
Qualifiant l’extrême droite « d’ennemi mortel de la République », ils reprochent au gouvernement d’avoir « cédé » à ses « passions tristes » en « offrant des victoires culturelles inédites au Rassemblement national qu’il est censé combattre ». Dans leur viseur notamment : le débat sur le droit du sol suggéré par le garde des Sceaux Gérald Darmanin et le soutien à un texte LR restreignant le droit du sol à Mayotte, adopté à l’Assemblée avec des voix de l’ex-majorité macroniste.
Accusant le gouvernement d’être « l’accélérateur de nombreux affaissements politiques et moraux », ils reprochent également au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau d’avoir considéré que « l’État de droit a été dévoyé » par une décision de justice annulant l’expulsion de l’influenceur algérien Doualemn.
Une motion vouée à l’échec
Les socialistes évoquent aussi l’affaire Bétharram dans leur texte, estimant que « le Premier ministre ne peut se soustraire aux interrogations légitimes des victimes et de leurs proches, de la représentation nationale et de la presse ». Ils fustigent aussi l’adoption à l’Assemblée, à l’initiative de l’ex-Premier ministre Gabriel Attal, d’un texte sur la justice des mineurs, d’une « dépénalisation des atteintes à la biodiversité » portée par la droite sénatoriale, ou encore « la remise en cause du Pacte Vert » au niveau européen.
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L’examen de la motion de censure devrait intervenir mercredi, au mieux en fin d’après-midi, mais elle n’a aucune chance d’aboutir sans les voix du Rassemblement national. « Nous ne la voterons pas parce que le Parti socialiste l’a déposée pour une seule et unique raison : revenir et contester les propos de bon sens, même s’ils sont insuffisants, du Premier ministre », a expliqué dimanche le porte-parole du groupe RN Thomas Ménagé.