Au Havre, l’usine d’éoliennes Siemens s’étend pour concurrencer la Chine
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Face à la concurrence chinoise et à la course au gigantisme dans l’éolien en mer, Siemens Gamesa passe à l’offensive. Le groupe germano-espagnol va investir 200 millions d’euros pour agrandir son usine du Havre et y produire des pales d’éoliennes « parmi les plus longues au monde », ont annoncé lundi le ministre français de l’Energie, Marc Ferracci, et la société.
« Notre objectif est de produire en France les composants nécessaires aux futurs parcs éoliens. Pour y parvenir, il est essentiel de fabriquer des turbines plus puissantes, adaptées à l’évolution des technologies », a déclaré Marc Ferracci lors de la pose de la première pierre de l’extension.
Un achèvement prévu en 2026
Inaugurée en 2022, cette usine de 36 hectares fabrique actuellement des pales de 75 et 81 mètres de long et assemble des nacelles pour des éoliennes de 7 à 8 MW. Elle alimente cinq parcs éoliens marins français, en construction (Courseulles-sur-Mer, Yeu-Noirmoutier, Dieppe-Le Tréport) ou déjà en service (Fécamp, Saint-Brieuc).
L’extension, dont l’achèvement est prévu en 2026, marquera un tournant majeur pour l’éolien en mer. « Avec un rotor de 236 mètres et une puissance de 14 MW, cette sixième génération de machines Siemens Gamesa sera parmi les plus puissantes au monde », assure la filiale de Siemens Energy. Si elle ne détrône pas encore les géants chinois, qui développent déjà des turbines de 18 MW et visent 22 MW, elle permettra à l’Europe de rester compétitive.
Avec le soutien de l’Etat
Ce projet bénéficie d’un soutien public de près de 170 millions d’euros, répartis entre financements européens (35 millions), aides des collectivités locales (80 millions) et crédit d’impôt (54 millions). Un effort financier nécessaire, selon Marc Ferracci, face à « une concurrence de plus en plus féroce et parfois déloyale ». Pour renforcer cette dynamique industrielle, le ministre a annoncé l’introduction de « critères de résilience » dans les prochains appels d’offres, afin de privilégier « le contenu industriel local et l’achat de turbines fabriquées en Europe et en France ».
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Avec une capacité installée de 1,5 GW au 30 septembre 2024, la France vise 18 GW d’éolien en mer d’ici 2035 et 45 GW en 2050. « La position de la France est claire : l’Europe doit se préparer à riposter et à s’armer. Nous devons faire plus pour soutenir nos industries et nos emplois », a martelé le ministre. Une ambition affichée qui devra se confronter à la réalité d’un marché mondial ultra-concurrentiel.