Face au narcotrafic et aux fusillades qui se multiplient, le fédéral veut dégainer plus de moyens policiers, reste à savoir comment…
Le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR) a réuni, lundi, en fin de matinée, la plupart des acteurs de la chaîne de la sécurité policière et de la Justice pour se pencher sur les actions à maintenir et à développer afin d’apporter des solutions dans l’immédiat face à la violence liée à la drogue à Bruxelles.
- Publié le 17-02-2025 à 18h49

Deux nouveaux incidents de tirs ont eu lieu, fin de semaine dernière à Bruxelles. Le premier s’est produit samedi 15 février à 21 h 30, devant la station de métro Clemenceau et a coûté la vie à un jeune garçon de 19 ans. La deuxième, à Saint-Guidon, à un jet de pierres du quartier Clemenceau.
Si, à l’heure actuelle, rien n’indique que ces deux faits sont liés, il y a une certitude : les coups de feu ne cessent de retentir dans la capitale, en particulier dans les « hotspots » – lieux de deal officiellement reconnus comme tel – où la présence policière est pourtant renforcée. Ainsi, les auteurs de la fusillade mortelle du 15 février ont pu agir alors que plusieurs policiers étaient de faction à moins de 100 mètres.
C’est dans un tel contexte que le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Bernard Quintin (MR), a convié la ministre de la Justice, Annelies Verlinden (CD&V), à une réunion de travail ce lundi. Le « boss » de la police fédérale, Eric Snoeck, la cheffe du centre de Crise National, Leen Depuydt et la Commissaire aux drogues, Ine Van Wymersch, étaient également présents. Au menu des discussions : le narcotrafic qui gangrène la Belgique et les solutions à apporter à court, moyen et long terme pour y faire face, de « façon répressive et préventive ».
Si ce sont les villes de Bruxelles et d’Anvers, principale porte d’entrée des stupéfiants, qui sont régulièrement citées, d’autres villes du pays sont touchées par les faits de violences connexes aux trafics de stupéfiants. Ainsi, le parquet de Liège a annoncé, ce lundi, que cinq personnes ont été arrêtées dans le cadre d’une enquête pour homicide volontaire. Une personne avait été tuée le 5 février, victime de six tirs par arme à feu et deux coups de machette. Des faits, précise le parquet, qui auraient eu lieu dans le cadre d’un règlement de compte dans le milieu des stupéfiants.
Pour le fédéral, il fallait donc se réunir pour agir.
Renfort, renfort, renfort
À l’issue de la réunion, il a été annoncé que l’actuel renforcement des moyens policiers fédéraux dans la zone de Bruxelles Midi (active à Anderlecht, Forest et Saint-Gilles) sera maintenu « aussi longtemps qu’il le faudra« , selon le ministre de l’Intérieur. Pour rappel, cette opération que certains ont baptisée « des Bleus partout » est déjà en cours. Elle mobilise l’ensemble de la zone de police Midi, avec l’appui de 18 policiers fédéraux et de cinq équipes issues de la zone de police Bruxelles Capitale/Ixelles. Cette dernière met également à disposition ses unités spécialisées et équipées pour riposter aux armes lourdes.
Bernard Quintin a par ailleurs fait savoir qu’un renforcement rapide des polices judiciaires (PJF) à Anvers et à Bruxelles, ainsi qu’un renforcement de la lutte contre le trafic d’armes serait activé. Le libéral souhaite aussi pouvoir disposer d’une « image aussi précise que possible du trafic de drogue », ajoutant que le narcotrafic et tout ce qui y est associé sont « une hydre à plusieurs têtes ».
Annelies Verlinden a, elle, insisté sur l’importance de lutter contre les activités criminelles poursuivies par certains trafiquants depuis leurs cellules, en prison.
Ce qu’il faut retenir de cette réunion, c’est que les services de police mobilisés dans la lutte contre les trafics seront renforcés. Ce qu’il est moins évident à comprendre, c’est la façon dont ses renforts seront obtenus. Rien n’a été précisé sur le « comment »…
« Cela reste très flou »
« On annonce un coup de main, c’est sympa, mais nous n’avons toujours aucune idée de ce qu’il en sera très concrètement, confesse un policier qui se livre anonymement. On dira qu’on râle, mais objectivement, les annonces de ce genre, c’est gentil, mais il est temps d’aller plus loin. Parce que, là, dehors, on est face à des mecs qui se baladent avec des armes de guerre. »
Et une autre personne également concernée par ces dossiers d’ajouter : « Il y a de la bonne volonté – et c’est très bien –, mais cela reste très flou quant à savoir comment les renforts annoncés vont vraiment aboutir ».
En attendant, des messages de vengeance circulent sur les réseaux sociaux, à la suite de la fusillade mortelle de ce samedi 15 février. Le Peterbos est clairement visé, ce qui confirme – s’il le fallait encore – que le climat est loin d’être apaisé. Pour rappel, ces faits de tirs impliquent, d’une part, un réseau implanté au Peterbos et, d’autre part, une organisation liée au quartier Aumale qui se disputent l’occupation des abords de la station de métro Clemenceau, lieu de deal très lucratif.
La police reste sur le qui-vive. Les riverains eux, redoutent les prochains coups de feu, et attendent que les solutions proposées se traduisent en actes pour un retour au calme le plus rapidement possible.