La démission de David Leisterh comme formateur bruxellois semble inévitable
David Leisterh a annoncé une conférence de presse ce vendredi à 17 heures pour faire état de sa mission. À ce stade, et sauf revirement, on voit mal comment il pourrait éviter une démission comme formateur. Avant de passer la main à Ahmed Laaouej ? Il est loin d’être certain que le socialiste s’en saisisse…
- Publié le 17-02-2025 à 11h17

Le formateur bruxellois a joué sa dernière carte, ce lundi matin, dans un appel lancé au PS, à Ecolo et Défi pour sortir du blocage bruxellois.
Dans un courrier envoyé à ces trois partis, que la Libre a divulgué, David Leisterh fait part de sa conviction : les partenaires flamands n’accepteront pas que le gouvernement bruxellois se forme sans la N-VA. Il lance un appel à la responsabilité du PS, d’Ecolo et de Défi pour enfin former un gouvernement bruxellois. « Je vous demande de poser clairement la question à vos instances pour décision : oui ou non pouvez-vous vous asseoir autour d’une table pour négocier les contours d’une future majorité régionale ?« , a-t-il demandé à Ahmed Laaouej (PS), Marie Lecocq et Samuel Cogolati (Ecolo), et Sophie Rohonyi (Défi).
Le but était clair : s’adresser aux militants, pour éviter de se faire claquer la porte au nez trop rapidement par les dirigeants de ces formations.
L’objectif, à entendre et à lire les réactions de ces différents responsables politiques ce lundi matin, n’a clairement pas été atteint.
Ce matin, sur LN24, François De Smet (Défi) n’a guère laissé d’espoir à l’appel de David Leisterh. Le député fédéral a dit ne pas voir le chemin vers un gouvernement bruxellois avec la N-VA. « Je pense qu’il faut plutôt un gouvernement de résistance, pour protéger Bruxelles. On ne gouvernera pas contre les Bruxellois. »
L’ex-président de Défi, à l’instar du PS, était favorable à l’option dans laquelle le CD&V remplaçait la N-VA. Mais cette piste n’a pas été suivie par les partis néerlandophones et David Leisterh. « On se dirige à nouveau vers un blocage. C’est compliqué pour DéFI d’aller aider un gouvernement régional qui serait la courroie de transmission du gouvernement Arizona », a ajouté François De Smet.
Khattabi : « Une mission de formation orientée »
La réaction d’Ecolo a été du même tonneau, avec un soupçon de virulence en plus.
« Les libéraux imposent donc deux axes : celui avec Les Engagés côté francophone et avec la N-VA côté flamand, puis ils appellent les autres à prendre leurs responsabilités. Je n’ai jamais vu une mission de formation aussi orientée, qui est réellement à la manœuvre ? », a tweeté Zakia Khattabi, cheffe de file Ecolo à Bruxelles, semblant insinuer que c’est Georges-Louis Bouchez, et non David Leisterh, qui tient la barre dans la capitale. « Cette formation à Bruxelles n’aura été qu’un exercice permanent de communication, après avoir annoncé dans La Libre, toujours une note que nous n’avons jamais vue, aujourd’hui c’est une lettre… »
« Le formateur n’arrivant pas à convaincre sa propre famille politique de lever ses ukases, il pense convaincre les autres en les appelant à passer outre leurs dirigeants. On aura décidément tout vu… », conclut Zakia Khattabi.
« Avec tout mon respect pour ta difficile mission cher David Leisther, pour la deuxième fois en quelques semaines, tu annonces dans la presse des textes que nous n’avons pas reçus (Ndlr : selon nos informations le courrier a été envoyé dimanche soir, mais l’adresse, selon le MR, pourrait ne pas avoir été correcte..) », a souligné Marie Lecocq, co-présidente d’Ecolo. « Au risque de me répéter : ce n’est pas comme ça qu’on crée un projet commun pour Bruxelles. »
Ahmed Laaouej : « Le MR doit assumer sa responsabilité de premier parti »
Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, a lui aussi fermé la porte à l’initiative de David Leisterh. « Le formateur balaie l’ouverture du CD&V en 3 jours. Ce énième coup de com’ témoigne plus d’une approche partisane que d’une volonté de construire une solution. Incompréhensible. Le MR doit assumer sa responsabilité de premier parti jusqu’à une solution qui s’adosse sur une majorité ».
Le socialiste persiste à plaider pour la piste CD&V, à la place de la N-VA, même si les partis néerlandophones ont refusé d’embrayer en ce sens.
L’ultime appel de David Leisterh n’a donc pas été entendu par le PS, Ecolo et Défi. Le libéral a annoncé une conférence de presse ce vendredi à 17 heures pour faire état de sa mission. À ce stade, et sauf revirement, une démission comme formateur semble difficilement inévitable.
Ahmed Laaouej formateur ? Le PS préférerait Elke Van den Brandt…
Qui prendrait la main ? Aucune règle écrite n’existe à ce sujet. Ahmed Laaouej semble le mieux placé en termes électoraux (en tant que second parti) pour reprendre la main comme formateur.
Mais il est loin d’être certain que ce soit le cas. Le socialiste, qui n’a guère la cote auprès des partis flamands, n’ignore pas qu’il lui sera très difficile, s’il remplace David Leisterh, de convaincre l’Open VLD, voire même Groen et Vooruit, de faire évoluer leur position. Dans les couloirs du PS, le nom d’Elke Van den Brandt (Groen) est d’ailleurs cité comme la meilleure option pour reprendre la main comme formatrice… francophone et néerlandophone.
Le blocage bruxellois, à l’heure d’écrire ces lignes, semble plus profond que jamais.