David Leisterh joue sa dernière carte dans un appel au PS, à Ecolo et Défi pour sortir du blocage bruxellois : “L’heure n’est pas à l’abandon de poste”
Le formateur bruxellois David Leisterh, dans un courrier envoyé au PS, à Ecolo et à Défi, fait part de sa conviction : les partenaires flamands n’accepteront pas que le gouvernement bruxellois se forme sans la N-VA. Il lance un appel à la responsabilité de ces trois partis pour enfin former un gouvernement bruxellois.
- Publié le 17-02-2025 à 06h36
- Mis à jour le 17-02-2025 à 08h45
Il s’agit de la dernière tentative, dans la mission de la dernière chance de David Leisterh pour former un gouvernement bruxellois.
Un courrier a été envoyé ce dimanche soir par le formateur bruxellois David Leisterh (MR) aux dirigeants des trois partis francophones, le PS, Ecolo, et Défi, qui pourraient, selon le libéral, contribuer à sortir la Région bruxelloise de la crise historique qu’elle traverse.
Un recours aux militants
Le formateur francophone, dans ce document que La Libre a pu consulter, fait part de sa conviction : la piste du remplacement de la N-VA par le CD&V, que soutenait ardemment Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, a échoué. « Au terme de cette première semaine de consultations j’ai pu constater que la coalition néerlandophone annoncée fin novembre (Groen-N-VA-Open VLD-Vooruit) était la seule option », écrit-il. « En effet, aucun de ces partenaires n’est prêt à dénouer cet accord pour relancer d’éventuelles discussions avec le CD&V, qui n’avaient jamais réussi à aboutir entre juin et novembre. En conséquence, c’est avec cette coalition que nous devons travailler, malgré les craintes, réserves ou réticences exprimées. »
L’Open VLD, en effet, a fait part de son refus catégorique de gouverner Bruxelles sans la N-VA, tandis que Vooruit et Groen sont restés muets (voir encadré), ni ne désavouant ni ne soutenant la piste.
David Leisterh en appelle ainsi à la responsabilité des partis francophones. « L’heure n’est pas à l’abandon de poste. Une crise prolongée aura des conséquences néfastes concrètes pour les personnes que nous représentons au Parlement. » Et d’ajouter, avec emphase : « Je sais votre amour pour Bruxelles et il est temps d’avoir un supplément d’âme pour ne pas la voir périr, je vous le dis clairement : choisissez votre Région, ne choisissez pas votre parti. Il est temps de dépasser les clivages. »
guillement « Je vous demande de poser clairement la question à vos instances pour décision : oui ou non pouvez-vous vous asseoir autour d’une table pour négocier les contours d’une future majorité régionale ? »
David Leisterh interpelle ensuite Ahmed Laaouej (PS), Marie Lecocq et Samuel Cogolati (Ecolo), et Sophie Rohonyi (Défi). » Je vous demande de poser clairement la question à vos instances pour décision : oui ou non pouvez-vous vous asseoir autour d’une table pour négocier les contours d’une future majorité régionale ? »
Par ce recours aux militants, David Leisterh espère sortir des exclusives formulées par les dirigeants des partis, pour pousser la base à se prononcer. Les militants Ecolo, certes, ont déjà rejeté par le passé la perspective de participer au gouvernement bruxellois, tandis que ceux du PS ont soutenu le choix d’Ahmed Laaouej de ne pas discuter avec la N-VA.
Le budget, les fusillades…
La situation, toutefois, est suffisamment grave, selon David Leisterh, que pour justifier un revirement. « Bruxelles et les réformes qu’elle est en droit d’attendre n’ont que trop attendu », souligne-t-il, évoquant plusieurs urgences comme la situation budgétaire « historiquement difficile » ou « les récentes fusillades qui rappellent le besoin d’un gouvernement régional qui vient en appui des mesures fédérales ».
« Je suis le formateur et je vous garantis par écrit que chacun sera respecté, que je serai là pour apaiser les craintes et que je veux être en mesure de diriger un gouvernement d’union et d’urgence. Rien ne sortira de ce cadre », ajoute-t-il.
David Leisterh rappelle l’échéance. Il a entamé ce vendredi 7 février une mission, en forme d’ultime tentative, qui doit s’arrêter ce vendredi 21 février.
Si aucune piste de solution ne se dégage, le président du MR bruxellois démissionnera, laissant la main en tant que formateur à celui qui voudra la prendre. « Je tiendrai une conférence de presse ce vendredi à 17 heures pour faire état de ma mission : ai-je la possibilité de me mettre à table pour commencer à trouver les chemins de la concorde ou dois-je laisser quelqu’un d’autre s’y employer ? », conclut-il.
Les chances de succès semblent maigres. Au PS, en dehors des voix exprimées par Rachid Madrane, Charles Picqué et Florence Lepoivre (FGTB), les barons socialistes bruxellois semblent soutenir fermement leur président de Fédération, Ahmed Laaouej.
Chez Ecolo, le refus de participer à la majorité à Bruxelles ne fait pas l’unanimité. Certains, comme l’ancienne ministre Evelyne Huytebroeck, a déjà estimé qu’à un moment où la situation » est si difficile budgétairement, il faut prendre ses responsabilités ».
Mais la ligne sur laquelle Marie Lecocq et Samuel Cogolati ont été élus coprésidents, à savoir la refondation du parti depuis l’opposition, a recueilli jusqu’ici la majorité des soutiens en interne.
Un baroud d’honneur ?
La tentative du bourgmestre de Watermael-Boitsfort, au vu de la guerre de tranchée à laquelle se livrent les partis politiques bruxellois depuis 8 mois, a quelque chose du baroud d’honneur, même si David Leisterh semble sincèrement espérer une issue favorable.
En cas d’échec, Ahmed Laaouej serait le mieux placé pour reprendre la main. Le socialiste n’ignore pas que la piste d’une majorité de gauche, possible arithmétiquement, est politiquement invraisemblable. Et que cette charge de formateur, sauf miracle, aurait des allures de mission suicide…