Royaume-Uni, France, Italie… Quels sont les pays les mieux équipés militairement en Europe ? La réponse en une carte

C’est une carte maîtresse dans le jeu des armées. L’arme nucléaire surpasse tous les chars, tous les avions, tous les sous-marins. « C’est un élément fondamental », confirme Michel Goya, ancien colonel des troupes de marine, historien et stratégiste.
C’est pour cela, entre autres, que le Royaume-Uni et la France arrivent en tête du classement 2025 des puissances militaires européennes réalisé par le site américain de défense Global FirePower (GFP). Il se base sur plus de 60 critères pour créer un indice de puissance mis en lumière par des scores allant de 0 (équivalant à « la perfection ») à une note s’approchant des 5, en ce qui concerne l’Europe. Ce qui nous permet de voir quelles sont les armées européennes les plus fortes à l’heure où l’ombre russe a assombri le paysage ukrainien.
Le résultat est visible sur la carte ci-dessous :
En matière de matériel plus « classique », les deux pays restent également pas mal équipés et surtout les mieux entraînés, notamment l’armée française. Londres et Paris « ont vraiment la culture de l’emploi de la force, une vraie expérience qualitativement avec des forces opérationnelles et entièrement professionnelles », souligne Michel Goya. Ce sont d’ailleurs ces deux pays qui forment et entraînent les soldats ukrainiens pour leurs combats face à l’armée russe.
Quantité ne veut pas dire qualité
A la différence de l’armée grecque qui, malgré une armée plus volumineuse – 132.000 forces actives et 289.000 réservistes – selon le rapport Military Balance 2025 de l’Institut international des études stratégiques (IISS), est beaucoup moins professionnelle. A titre de comparaison, la France compte 202.200 forces actives et 38.500 réservistes. La Grèce est dotée d’une « armée d’appelés, et même si elle est bien équipée en volume, tous les chars ne se valent pas, ce sont des équipements assez anciens », nuance encore l’historien.
En plus de ses quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), Le Triomphant, Le Téméraire, Le Vigilant et Le Terrible, l’armée française peut se targuer d’être équipée de neuf sous-marins stratégiques (quatre) et tactiques (cinq). Une flotte qui lui permet d’être présente un peu partout. Avoir des sous-marins ou pas, « cela dépend de la place qu’on veut avoir dans le monde, certains pays n’ont pas d’intérêts ou pas de côtes », souligne Michel Goya.
Une progression globale
Malgré de fortes disparités qui subsistent entre les différents Etats européens, de manière générale, la tendance montre un effort pour investir dans la défense. Parmi les membres européens de l’Otan, 22 ont respecté en 2024 le seuil minimum de dépenses militaires. La Pologne en tête : Varsovie a fait passer ses dépenses de 1,88 % du PIB en 2014 à 4,12 % en 2024. Une hausse accélérée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a presque trois ans. « En Europe, plus on est proche des frontières russes, plus on fait l’effort de défense », constate ainsi Michel Goya. Toutefois, l’objectif fixé aux Etats membres par Donald Trump d’arriver à 5 % du PIB semble « inatteignable à l’heure actuelle », selon l’IISS.
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Dans l’absolu, ce n’est pas impossible, mais il faut « soit une forte croissance économique, soit un sentiment de menace important », explique Michel Goya. En ce qui concerne la France, qui a entamé son effort à partir de la vague d’attentats islamistes de 2015, « elle n’est pas en première ligne face à la Russie et la situation économique n’est pas fleurissante, c’est donc difficile pour nous d’aller beaucoup plus loin », ajoute l’ancien colonel des troupes de marine. D’autant que sa force de dissuasion nucléaire est certes efficace, mais demande beaucoup de moyens d’entretien et de mise à niveau.