Un apiculteur liquide 1.310 frelons asiatiques en une journée avec « de la bière et du vin »
«Ça a cartonné, comme on dit maintenant ! », s’amuse Patrick Loubet, agriculteur à Château-l’Évêque (Dordogne) en parlant de son piège à frelons asiatiques. La cinquantaine rayonnante, cet apiculteur amateur, a eu la mauvaise surprise en novembre dernier de voir les abeilles de ses quatre ruches tuées par des frelons asiatiques.
Piqué de rage, ce producteur de porcs et de volailles, qui a une exploitation familiale de 30 hectares, a alors mis en place deux pièges, au petit matin, afin de sauver les reines qui s’apprêtaient à hiverner.
762 grammes de frelon
Bingo ! Vingt-quatre heures après, des centaines de frelons asiatiques s’étaient fait prendre. « Je les ai même comptés un à un tellement j’étais étonné », explique le paysan. Au total, « il y en avait pour 762 grammes exactement dont 18 frelons européens, 1.310 frelons asiatiques ». Ravi, il renouvelait la potion magique et capturait quatre bidons pleins de frelons dans les quinze jours qui suivaient…

Un insecticide puissant ? « Oh non, s’amuse Patrick Loubet. C’est le breuvage que connaissent bien les apiculteurs : environ trois quarts de litre de bière, trois quarts de vin blanc, un demi-verre de grenadine. » Avec son petit truc en plus cependant, qui lui a valu une certaine notoriété dans les alentours. Si certains ajoutent de la confiture, du miel, lui, il a opté pour un verre de sucre liquide. « Celui que les apiculteurs utilisent pour alimenter les essaims à la fin du printemps, quand les abeilles n’ont plus trop de nourriture et que la météo n’est pas trop bonne. »
Une opération à renouveler en mars
Le tout, « c’est peut-être ce qui a fait la différence aussi », contenu dans un grand bidon. Un bidon alimentaire, « parce que si on en prend un où il y a eu des produits chimiques, elles ont du flair ces bestioles-là, elles ne viennent pas, s’amuse Patrick Loubet. Un bidon de cinq litres, blanc et surtout translucide, qui laisse passer la lumière du jour. J’ai pu en récupérer car j’en ai dans les cuisines, on fait des andouillettes et on utilise du vinaigre blanc pour nettoyer. C’est donc du recyclage aussi. Ça fait un piège pas cher et facile à faire, et surtout moins cher que de faire venir un spécialiste pour faire enlever un essaim ! »
Le fonctionnement ? « Comme n’y a pas de répulsif, ça laisse venir les frelons et comme c’est épais, ça les colle avec le sucre et ils se noient. Et ce qui est bien, c’est que l’alcool les attire mais pas les abeilles pour qui, au contraire, c’est un répulsif. Du coup, je n’en ai retrouvé aucune dans le piège. Je pense que comme le bidon est large, qu’il y a de la place, les mouches ou les papillons peuvent ressortir facilement du piège car je n’en ai pas retrouvé dedans », se réjouit l’apiculteur. Et pourquoi de la bière ? « Comme ça pétille, ça fait un peu de volume et ça augment les odeurs, ça les attire, avance Patrick Loubet. Mais je vous rassure, on ne met pas de la bière de qualité ! »
Notre dossier frelon asiatique
A présent, l’heureux apiculteur du dimanche attend le mois de mars pour recommencer l’expérience et « protéger les reines fondatrices ».