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20 ans de YouTube : Comment la comptine « Baby Shark » est devenue un phénomène de société

Une comptine qui ne compte presque plus les vues. Aujourd’hui, le clip Baby Shark comptabilise pas moins de 15,6 milliards de vues sur YouTube, ce qui fait d’elle la vidéo la plus visionnée sur YouTube en vingt ans. Un succès planétaire qui fait le plaisir des plus petits et, souvent, le cauchemar des plus grands.

Une « choré » venue de Corée

Rythme entêtant et paroles simples mimées par une chorégraphie, voici comment on peut résumer le vidéoclip de 2 minutes et 16 secondes qui peut rester bien plus longtemps dans la tête. Composée par un père de famille sud-coréen pour les enfants, la chanson raconte l’histoire d’une famille de requins. Son succès est immédiat lors de sa publication sur YouTube par la chaîne Pinkfong, il y a huit ans.

Baby Shark s’inscrit dans la droite lignée d’autres clips enfantins, tels que Johny Johny Yes Papa, sorti lui aussi il y a huit ans sur la plateforme, qui comptabilise aujourd’hui 7 milliards de vues, ou encore de Bath Song, qui permet d’apprendre les différentes parties du corps en se lavant (7 milliards de vues également).

Un défi sur TikTok et même un film !

La comptine Baby Shark est vite devenue un phénomène de société. Le morceau a eu le droit à une quantité de reprises au succès international. On notera notamment celle produite par la musicienne Malicia Darkwave dans une version dark electro ou encore une version dance.

Le tube est également devenu un « défi » sur TikTok. Ainsi, des millions de gens se sont filmés en train de reproduire les mouvements simples de danse associés à Baby Shark. Le phénomène a même eu droit à son film, proposé en 2024 sur Paramount +. Baby Shark’s, Big movie raconte l’histoire d’une pop star qui veut voler le pouvoir de la chanson de Baby Shark pour instaurer sa suprématie musicale. Au casting, la chanteuse Cardi B a prêté sa voix à Sharki B.

« C’est un peu inquiétant »

Si les enfants adorent Baby Shark, le clip interpelle nombre d’adultes et de parents. Chloé, une lectrice qui a répondu à notre appel à contributions, témoigne du drôle d’impact du morceau sur son enfant. « Depuis qu’il a écouté  »Baby Shark », Baptiste passe son temps à tourner autour des arbres en chantant la chanson, confie cette mère de famille de 36 ans. Certes, il se dépense, mais cela peut durer des heures, c’est un peu inquiétant. »

Une inquiétude partagée par Catherine Tessier, professeure des écoles pendant plus de quarante ans dans l’éducation nationale, et qui a dû faire face au phénomène avec ses élèves. «  »Baby Shark » et ces vidéos de comptines en général ont un impact pas des plus positifs sur les enfants, même à l’école, assure-t-elle. Notamment sur le dessin. »

« Ça n’aide pas l’imaginaire de l’enfant »

« Au fil des années, j’ai pu observer que les élèves qui dessinaient de manière simplifiée, poursuit Catherine Tessier. Les dessins  »au couteau » de  »Baby Shark », à la différence de films d’animation comme Disney, n’aident pas à l’imaginaire de l’enfant. »

L’institrice, tout juste à la retraite, va plus loin. « Ils ont perdu le côté  »naïf » du dessin, témoigne-t-elle. On a développé l’enseignement avec les tablettes ces dernières années, mais on y reviendra. Le livre fait bien davantage appel à l’imagination de l’enfant, et ça se répercute aussi bien dans son langage que dans sa production artistique. » Pour autant, pas sûr que Baby Shark, qui s’est également décliné en livres au fil des années, soit boudé de sitôt par la jeune génération.