Guerre en Ukraine : La « paix » de Trump et Poutine vexe les alliés européens de Kiev
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Vous avez raté les derniers événements sur la guerre en Ukraine ? 20 Minutes fait le point pour vous tous les soirs. Entre les déclarations fortes, les avancées sur le front et le bilan des combats, voici l’essentiel de ce jeudi 13 février 2025, 1.086e jour de la guerre,
Le fait du jour
Après la fracassante annonce de l’ouverture de négociations de paix entre Donald Trump et Vladimir Poutine, les dirigeants européens sont sous le choc. Ils se sont succédé devant les micros ce jeudi pour dire que ces pourparlers ne pouvaient pas se faire sans eux. « Aucun accord [conclu] dans notre dos ne fonctionnera, n’importe quel accord aura aussi besoin de la participation de l’Ukraine et de l’Europe », a affirmé Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne. Le chancelier allemand Olaf Scholz a mis en garde de son côté contre des négociations menant à une victoire russe et un « effondrement » de l’Ukraine.
Même Volodymyr Zelensky, obligé de ménager son allié américain, a reconnu qu’il n’a « pas » trouvé « très agréable » le fait que Donald Trump ait d’abord parlé à Vladimir Poutine. Loin de calmer le jeu, le porte-parole du Kremlin a même tenu des propos assez lunaires. « D’une manière ou d’une autre, l’Ukraine participera bien sûr aux pourparlers. Il y aura à la fois un volet bilatéral russo-américain de ce dialogue et un volet lié à la participation de l’Ukraine », a concédé Dmitri Peskov lors d’un entretien à la télévision russe. Encore plus vexant pour les alliés européens de l’Ukraine, il a aussi indiqué que lors de leur séance « téléphone rouge » de mercredi, les présidents russe et américain n’avaient même pas évoqué une participation de l’Union européenne aux futurs pourparlers.
Le Kremlin a aussi annoncé que la rencontre Trump-Poutine, possiblement en Arabie saoudite selon Washington, n’était pas pour demain. « Il faudra du temps pour préparer une telle réunion. Cela peut prendre des semaines, ou un mois, ou plusieurs mois », a souligné Dmitri Peskov. Le temps peut-être pour les Européens de décrocher aux forceps une invitation à la table de négociations capitales pour l’avenir du Vieux continent.
La déclaration du jour
« Le président Trump ne laissera personne faire de l’oncle Sam un pigeon » »
Cet avertissement a été lancé par le chef du Pentagone en marge d’une réunion des ministres de l’Alliance atlantique. L’ex-chroniqueur de Fox News a aussi fait un clin d’œil, très Maga, à son mentor en appelant à « rendre à l’Otan sa grandeur ». Pete Hegseth s’est aussi employé à rassurer les Alliés européens, tout en leur mettant une grosse pression. « Nous sommes engagés dans l’Alliance. Nous comprenons l’importance de ce partenariat, mais le statu quo ne peut plus durer », a-t-il déclaré. « L’Europe doit dépenser plus. L’Otan doit dépenser plus », a-t-il ajouté. Le président américain Donald Trump a réclamé des pays européens de l’Otan qu’ils doublent, au minimum leurs dépenses militaires en consacrant quelque 5 % de leur Produit intérieur brut (PIB) à des dépenses d’armement. Seuls 23 des 32 pays de l’Otan ont atteint le niveau de 2 %, censé être atteint par tous l’an dernier.
Le chiffre du jour
500 km2. La surface de territoire russe contrôlée par les soldats ukrainiens dans la région de Koursk et dont Kiev compte se servir comme « monnaie » d’échange lors des futures négociations. « Nous avons notre propre zone de sécurité sur le territoire de la Fédération de Russie […] couvrant environ 500 kilomètres carrés », a expliqué le chef d’état-major ukrainien Oleksandr Syrsky sur Facebook. Mais c’est deux tiers de moins que les 1.400 km² revendiqués en août, au début de l’offensive éclair dans cette zone.
Le chef de l’armée ukrainienne considère toutefois que cette « zone de sécurité », consolidée grâce à de récentes attaques locales des forces ukrainiennes, « force les Russes à transférer d’autres secteurs leurs unités les plus performantes ».
La tendance
Loin des cercles diplomatiques, les bombes continues à pleuvoir. Des frappes russes ont tué ce jeudi au moins trois personnes dans l’est et le sud de l’Ukraine. L’une de ces attaques a touché la grande ville de Kramatorsk, dans la région orientale de Donetsk, tuant un homme de 46 ans et blessant cinq autres personnes, dont une jeune fille de 16 ans, selon le gouverneur, Vadym Filachkine, qui pointe l’utilisation de « bombes planantes ». Par ailleurs, les autorités de la région méridionale de Kherson ont déclaré que des drones russes avaient tué deux civils âgés de 58 et 62 ans, qui se déplaçaient en voiture au moment de l’attaque.
Notre dossier sur la guerre en Ukraine
Depuis plus d’un an, les forces russes avancent, malgré de lourdes pertes, dans la région de Donetsk en direction de celle de Dnipropetrovsk, dans laquelle elles n’ont pas réussi à entrer en près de trois ans de combats.
Le gouverneur régional, Sergiï Lysak, a déclaré jeudi que la majorité des habitants de plusieurs villages de la région de Dnipropetrovsk situés à la frontière de celle de Donetsk, avaient fui, craignant les avancées russes. « Ils ont pris la décision de quitter leurs maisons, qui sont prises pour cible par l’ennemi. L’évacuation est volontaire », a écrit le gouverneur sur les réseaux sociaux.