France

Affaire Bastien Vivès : L’auteur de BD renvoyé en procès pour diffusion d’images de mineurs à caractère pornographique

C’est un événement que Bastien Vivès attend depuis sept ans : l’auteur de bandes dessinées sera jugé les 27 et 28 mai 2025 par le tribunal correctionnel de Nanterre pour « fixation et diffusion d’images de mineurs à caractère pornographique » dans deux de ses albums, a indiqué jeudi 13 février 2025 le parquet à l’AFP.

Les éditions Les Requins Marteaux et Glénat, qui ont publié les ouvrages incriminés, comparaîtront, elles, pour « diffusion de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique », a ajouté le ministère public.

Trois albums mis en cause

Cette décision du parquet fait suite à une enquête préliminaire pour « diffusion d’images pédopornographiques » ouverte en janvier 2023 après une plainte de plusieurs associations de protection de l’enfance.

Trois ouvrages de Bastien Vivès avaient été alors mis en cause : Les Melons de la colère (paru en 2011), La Décharge Mentale (2018) et Petit Paul (2018). Ce sont ces deux derniers albums qui feront l’objet des débats devant la 20e chambre correctionnelle du tribunal fin mai.

La BD Petit Paul avait fait l’objet de signalements en 2018 et 2020, qui avaient été classés sans suite par le parquet de Nanterre.

La pression des associations ?

« Ce sera le procès de l’hypocrisie du parquet de Nanterre », a réagi auprès de l’AFP, Me Richard Malka, l’avocat de M. Vivès. « Il va falloir expliquer comment ce que le parquet […] a jugé non délictuel et ne constituant aucune infraction en 2019 devient une infraction en 2024 », a-t-il poursuivi.

« Est-ce que l’appréciation du droit se fait selon la météo du moment et les pressions associatives ? », a interrogé Me Malka, regrettant « la débauche de moyens du parquet de Nanterre pour poursuivre des bandes dessinées quand tant de vrais enfants auraient besoin des services de justice ».

Contactée par l’AFP, Me Céline Astolfe, qui défend la Fondation pour l’enfance, l’une des associations ayant porté plainte, n’a pour l’instant pas réagi.

Une fiction « provocatrice »

Plusieurs œuvres du dessinateur, présentées par ses lecteurs comme de simples contes graveleux (à l’instar des Melons de la colère, vague parodie des Raisins de la colère où une adolescente paysanne est violée par plusieurs hommes de son village) ont fait polémique.

Notre dossier « Bande dessinée »

En 2018, après la parution de Petit Paul, qui met en scène un enfant au pénis démesuré ayant des relations sexuelles avec des femmes majeures, les éditions Glénat avaient affirmé qu’« aussi obscène et provocatrice qu’on puisse la considérer, cette œuvre de fiction n’a jamais pour vocation de dédramatiser, favoriser ou légitimer l’abus de mineur de quelque manière que ce soit ».