« Ils se prennent pour des pilotes, la preuve que non »… Les hommes presque toujours à l’origine des accidents mortels
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Un doux soleil hivernal brille sur les rues des Marseille et une moto passe à (trop) vive allure. Sous le casque, de bonnes chances qu’il s’agisse d’un homme. Selon la Sécurité routière, 84 % des accidents mortels de la route ont été provoqués par des hommes en 2024. Et les hommes sont aussi les plus nombreux à en mourir (78 % des décès en 2024). Une statistique qui se confirme d’année en année et qui n’étonne pas Lison, une trentenaire qui s’apprête à enfourcher son vélo.
« Pourquoi ? Parce que je pense qu’ils sont cons », coupe court la jeune femme. « Ils se prennent pour des pilotes, puis viennent nous dire “femme au volant mort au tournant”. La preuve que non », étaye la Marseillaise qui se frite régulièrement avec des « amis bourrés qui prennent la route et s’énervent si on leur prend leur clef. Bon, cela peut arriver avec certaines copines, mais vachement moins » observe-t-elle.
Pour Pat’ et sa compagne Marie, gants de motard et vestes en cuir, rien de surprenant à cela non plus. « Les hommes sont un peu plus foufous », mime dans une rotation de la main au niveau de la tête Pat’, qui arpente à moto les routes depuis cinquante ans. « Sans doute aussi que les femmes sont un peu plus “clean” », complète-t-il, pointant la vitesse, les drogues et l’alcool.
Un bingo cité presque dans l’ordre par le vieux motard alors que 31 % des accidents mortels sont liés à une vitesse excessive, talonnée par l’alcool (30 %) et les autres drogues (21 % de la mortalité routière). Mais à 80 ans, Roger à une autre idée en tête : « Peut-être c’est la faute des femmes aussi », ose le pépé appuyé sur sa canne et vêtu d’un survet’ OM. « Je ne crois pas que les hommes conduisent mal, les femmes sont moins disciplinées et provoquent les accidents où meurent les hommes », assure-t-il, convaincu.
« Plus nerveux » et en « recherche d’adrénaline »
Une idée qui malgré tout est relativement répandue, jusque chez les femmes elles-mêmes : « Je pensais que c’étaient les femmes justement », s’étonne Amerine, dans sa vingtaine. Puis de se reprendre : « Les queues de poissons, les appels de phares en arrivant par derrière à toute vitesse, je le vois quand je sors : “ce sont toujours des hommes au volant”. Ils conduisent aussi plus sous ballon ou sous fumette. Je crois que les femmes sont plus conscientes du danger »
Sa collègue Nassima au centre de formation des apprentis le constate également : « Les hommes sont plus nerveux. Mon ex-mari, et mon père aussi, étaient toujours en train d’accélérer pour rien. Et nous, comme passagère, on s’habitue. Moi, ça a changé depuis que j’ai mes enfants. On en prend conscience », indique Nassima. Et les deux collègues de travail de citer aussi le rôle des fréquentations et des collègues « qui se chauffent pour faire n’importe quoi et conduire comme des calus (un myope en provençal mais qui désigne un individu fou en aujourd’hui) sur les petites routes »
Et pierre, tout juste quarante ans de conclure : « Je trouve le chiffre (de 84 %) très élevé mais cela témoigne de la dérive liée à plusieurs fléaux qui concernent les hommes : l’apologie de la vitesse, la recherche d’adrénaline, le besoin de sensations fortes, les drogues et l’alcool… Il y a une grosse éducation à faire ».