France

Droits TV : « Quand on achète une casserole, on ne s’attend pas à avoir une passoire », s’agace le patron de DAZN France

Qu’il semble déjà loin le temps où Vincent Labrune, le président de la LFP, déclarait avec le sourire jusqu’aux oreilles avoir « sauvé le football français de la plus grave crise de son histoire », après l’étrange deal signé avec CVC. Quelques mois plus tard, en effet, la situation est de nouveau proche de la panique, après que le nouveau diffuseur DAZN a prévu qu’il ne paierait pas (pour le moment) la moitié de l’enveloppe qu’il doit à la Ligue et au club français, soit 35 millions au total attendu vendredi, le 14 février.

Alors que deux procédures judiciaires ont été lancées, l’une par la LFP, qui a assigné en référé DAZN devant le tribunal de commerce de Paris pour s’assurer du paiement des 35 millions, l’autre par le diffuseur britannique, lequel a assigné la Ligue en référé pour le non-respect de l’ensemble des conditions du contrat, les deux camps auraient tout intérêt à trouver un terrain d’entente sous peine de voir la situation dégénérer à vitesse grand V.

« Mi-décembre, nous sommes allés voir la LFP avec un plan d’action pour mieux protéger notre exclusivité, lutter contre le piratage, bénéficier d’un meilleur soutien des clubs pour rendre le produit Ligue 1 beaucoup plus attractif » confie à l’AFP Brice Daumin, le patron de DAZN en France. « Mais elle n’est jamais revenue vers nous. Alors le 5 février, nous avons payé la moitié du montant dû, 35 millions et mis les 35 millions restants sous séquestre en attendant une réponse de la Ligue. Pour créer un électrochoc ».

Le streaming illégal dans le viseur de DAZN

Dans le viseur de la plateforme britannique, le streaming illégal qui sévit en France depuis que le groupe a racheté les droits TV du football français. « L’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, ne travaille pas les week-ends. En Angleterre, on est capable de bloquer 10.000 liens en deux jours, en Italie, c’est 18.000. Et l’Arcom, c’est 5.000 par an, détaille Brice Daumin auprès du Figaro. Autrement dit, l’Italie réalise en un week-end ce que l’Arcom met trois ans et demi à faire ! Ce n’est pas une critique. Ils n’ont pas suffisamment de moyens et ce sujet doit être adressé. […] Lorsqu’on achète une casserole, on ne s’attend pas à avoir une passoire. »

« Nous avons été un peu surpris de la manière dont le plus gros diffuseur de la Ligue 1 est traité, a insisté le dirigeant dans les colonnes du Figaro. On ne résout jamais rien devant un tribunal. La ligue devait revenir vers nous le 6 janvier mais elle ne l’a pas fait. En deux mois, DAZN, qui est son plus gros partenaire, n’a eu aucune nouvelle, malgré plusieurs relances. »

« On verra à l’audience »

Le tribunal de commerce de Paris doit statuer sur le litige vendredi, soit le jour où DAZN est censé payer à la Ligue la quatrième échéance prévue dans le contrat qu’elle a conclu cet été avec la LFP. Il doit rendre sa décision dans le courant de la semaine prochaine.

« Nous poursuivons les discussions avec notre partenaire DAZN afin de trouver une issue rapide à cette situation que nous subissons, a déclaré Vincent Labrune à la fin du conseil d’administration. On vit depuis 2019 une situation compliquée avec nos diffuseurs. Je constate que depuis qu’on a fait ce choix de Mediapro et de se séparer du groupe Canal+, nos différents partenaires ont eu différentes difficultés. Là, le paiement aux clubs est mi-février, on est le 12… On verra à l’audience ».

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« Nous n’avons aucune intention de partir »

Malgré ce référé, les deux parties continuent de discuter du litige qui les oppose, selon plusieurs sources proches du dossier. Dans un entretien au quotidien Le Parisien le 19 décembre dernier, Vincent Labrune assurait souhaiter « le succès de DAZN à tout prix », tout en reconnaissant que le diffuseur avait « peut-être fait une erreur en tapant un peu fort au départ sur les tarifs ».

Selon plusieurs sources, DAZN compterait autour de 500.000 abonnés, bien loin des 1,5 millions d’abonnés qu’elle espérait séduire en se lançant en début de saison. Un chiffre que ne commente pas Brice Daumin qui reconnaît néanmoins une « situation qui n’est pas satisfaisante ». Si elle n’atteignait pas ce nombre en décembre 2025, la plateforme de streaming sportif dispose d’une clause pour dénoncer son contrat avec la LFP qui court normalement jusqu’en 2029.

La Ligue aura également le droit de rompre le contrat qui la lie à DAZN au même moment. « Nous n’avons aucune intention de partir » affirme encore Brice Daumin. « Nous sommes là sur du long terme comme dans chaque pays où nous possédons des droits. On ne veut pas activer cette clause, ce serait un désastre pour tout le monde ». Pour les clubs français, qui ont longtemps rêvé du milliard avant de se rendre compte qu’ils rêvaient éveillés, la catastrophe est déjà là qui frappe à la porte.