« Un bon moment de détente et de folie »… Une fois par mois, cette discothèque bretonne a « un p’tit truc en plus »
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Stromae, Lartiste, Trois Cafés Gourmands, Wham !, Skakira… Surplombant la piste de danse, la DJ enchaîne les tubes et les styles, faisant se déchaîner la foule sur un dancefloor déjà chaud bouillant. On est pourtant en plein après-midi mais l’ambiance est « muy caliente » au Taly’s où les clients sont surexcités. Dans toute la discothèque, ça danse et ça chante à tue-tête, certains plus audacieux faisant même le show sur le podium. « C’est la plus belle journée du mois, pour eux comme pour moi », assure Franck Haugomard, gérant de la discothèque, située à Yffiniac près de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).
Chaque premier mercredi du mois, cet établissement de nuit ouvre ses portes en plein après-midi à des personnes en situation de handicap, des clients tout aussi déchaînés que ceux du vendredi ou du samedi soir mais sans l’alcool et les embrouilles pour pourrir l’ambiance. Lancé il y a près de quinze ans, ce rendez-vous est désormais « incontournable » pour les résidents des structures dédiées des environs et même de bien au-delà. « Certains viennent avec leurs encadrants de Rennes ou Saint-Malo », confie Séverine, la compagne de Franck, occupée à gérer les entrées de la boîte de nuit où le ticket est à 8 euros. « Avec une consommation, sans alcool bien sûr, et un goûter », précise-t-elle.
Pas de machine à fumée et le volume réduit
Venue en minibus avec d’autres résidents du foyer de La Fraternité à Plérin, Stéphanie est ce qu’on peut appeler une fidèle des lieux. « C’est la quarantième fois que je viens », indique la quadragénaire, qui « adore danser sur tous les styles de musique et partager un bon moment avec tout le monde ». Habitué du monde de la nuit, Franck Haugomard a eu l’idée de ce rendez-vous festif et inclusif « pour des raisons personnelles ». « J’ai moi-même eu de gros soucis de santé et j’ai côtoyé pas mal de personnes à mobilité réduite quand je travaillais dans le secteur hospitalier, raconte-t-il. Je me suis rendu compte qu’elles n’avaient pas de lieu adapté pour s’amuser et faire la fête alors qu’elles en ont le droit comme tout le monde. »
Pour accueillir des personnes autistes, trisomiques ou en fauteuil ainsi que des résidents d’Ehpad, le gérant doit toutefois adapter l’espace en réduisant le volume sonore et en coupant la machine à fumée et le trombinoscope. Ce qui n’a pas l’air de trop gêner Tristan, ébahi par le jeu de lumières. « C’est trop génial ! », apprécie le jeune homme, bondissant de joie quand la DJ vient à lancer un nouveau morceau latino. A quelques pas de là, une femme a abandonné son fauteuil roulant pour se rouler par terre sur la piste de danse. « On voit qu’elle s’éclate donc ça fait plaisir à voir, un bon moment de détente et de folie », rigole son encadrante, qui profite aussi de l’occasion pour se déhancher.
« Rompre l’isolement et s’ouvrir vers l’extérieur »
« C’est un moment toujours très attendu par nos résidents, ils sont toujours impatients quand on leur dit qu’on va danser et faire la fête », acquiesce Jordan. Travaillant au foyer de La Fraternité, le jeune homme est convaincu comme ses collègues des bienfaits d’un tel rendez-vous. « Cela leur permet de rompre leur isolement et de s’ouvrir vers l’extérieur en rencontrant des personnes d’autres structures et ça leur ouvre aussi les portes de la normalité », assure-t-il. « Des kinés m’ont dit que ça valait au moins deux ou trois séances pour ces personnes », sourit Franck Haugomard, fier aussi que ces après-midi dansants aient permis « de former des couples ».
Alors que la fête bat son plein à l’intérieur, on croise Jean-Claude en train de se griller une cigarette à l’entrée de la discothèque. Lui n’a pas beaucoup dansé. « Je préfère regarder les autres et écouter la musique », indique le sexagénaire, avouant un petit faible pour les tubes des années 1980 qui lui rappellent « sa jeunesse ».
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Après trois heures de danse effrénée pour les plus motivés, il est ensuite l’heure pour les résidents de regagner leur structure, beaucoup pensant déjà à la prochaine virée en boîte. Un succès qui n’est d’ailleurs pas sans poser quelques questions au gérant des lieux. « On accueille environ 100 à 150 personnes à chaque fois mais ça peut monter parfois jusqu’à 300, indique-t-il. On réfléchit donc à ouvrir un deuxième mercredi par mois. Pour satisfaire tout le monde mais aussi pour plus de confort car il faut que ces personnes aient de la place pour danser. » Si cela se fait, nul doute que Stéphanie la clubbeuse sera encore de la partie.