France

Féminicide : « Je suis soulagée… » Condamné pour tentative d’assassinat sur sa compagne, Fabrice Autrand reste en prison

Rachel ne cache pas son soulagement. Lundi, la chambre d’application des peines d’Agen, dans le Lot-et-Garonne, a rejeté la demande de libération conditionnelle de son ancien compagnon, Fabrice Autrand. Ce dernier a été condamné en 2017 à vingt-sept ans de réclusion criminelle pour avoir commandité son assassinat, des faits qu’il a reconnu devant la cour d’assises. « C’est une bataille de gagnée mais il faut rester lucide, le processus est très bien engagé en sa faveur », insiste-t-elle auprès de 20 Minutes. Et de rappeler qu’il dispose de dix jours pour faire appel et pourra déposer une nouvelle demande dans quelques mois.

Le 6 avril 2013, Rachel dormait au côté de son compagnon dans leur maison d’Alès, dans le Gard, lorsqu’un homme tout de noir vêtu a fait irruption dans la chambre conjugale. Le canon tendu dans sa direction, il tire trois balles. La première l’atteint à la poitrine, les deux autres dans la jambe. Son mari ne réagit pas, fait mine de ne pas se réveiller. A aucun moment, le tireur ne le vise. « Prenez l’argent, les bijoux mais on a un bébé », supplie-t-elle. Leur fils de dix mois dort dans la chambre d’à côté. Ce ne sont pas ses suppliques qui feront fuir le tueur mais l’arme, qui s’est enrayée.

« On organisait notre mariage »

Transportée en urgence absolue à l’hôpital, Rachel s’en sort presque miraculeusement. L’hypothèse d’un cambriolage qui tourne mal est évoquée. Elle n’y croit pas une seconde. Mais jamais, ô grand jamais, elle n’aurait imaginé son compagnon, si prévenant tout au long de sa convalescence, derrière ce crime.

Lorsqu’il est interpellé huit mois plus tard, elle croit même à une erreur judiciaire. Pourtant, il avoue dès sa garde à vue, expliquant avoir planifié ce crime car il se sentait pris au piège du conflit qui opposait sa compagne à sa mère. Les relations entre les deux femmes étaient alors très mauvaises. « S’il vivait si mal les tensions, il suffisait qu’il me quitte. Vous imaginez ? On organisait notre mariage et dans mon dos, lui planifiait mon meurtre », confiait Rachel en décembre.

Une période de sûreté « relevée »

Théoriquement, Fabrice Autrand n’aurait pas dû être libérable avant la fin de l’année 2026. Mais le 14 février 2022, soit cinq ans après sa condamnation par la cour d’assises du Gard, la chambre d’application des peines a « relevé » – c’est-à-dire supprimé – sa période de sûreté, a appris 20 Minutes de source judiciaire.

« Malheureusement, le combat est loin d’être terminé », estime Rachel, qui assure que son ex-compagnon a déjà bénéficié de plusieurs permissions de sortie. Elle se bat désormais pour faire modifier la loi. Dans une pétition, qui réunit près de 5.000 signatures, elle réclame au garde des Sceaux la fin des libérations anticipées pour les auteurs de crimes violents. Son objectif : « qu’aucune victime ni aucune famille de victime n’ait à vivre l’horreur de [sa] situation. »