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« Safer Internet Day » : Qu’est-ce que le « slop », cette vague de photos créées par IA qui pollue Internet ?

Des sculptures faites avec des baguettes de pain, des oignons, des défilés de chats habillés en costume trois-pièces… Vous ne rêvez pas, ces images existent bien et ont été créées grâce à l’intelligence artificielle. Elles ont même un nom, le « slop ». Ce terme est utilisé pour qualifier tous les contenus médiocres générés par l’IA et présents sur Internet. Inoffensive au premier coup d’œil, leur création est en fait un piège pour les internautes un peu crédules.

Alors que le premier sommet de l’IA se tient à Paris et que ce mardi est le Safer Internet Day, journée dédiée à la pédagogie sur la sécurité des pratiques en ligne, 20 Minutes vous explique ce phénomène.

Croire tout ce que l’on voit…

Des images qui font sourire tellement elles paraissent grotesques. Mais qui semblent réelles pour certaines personnes derrière leur smartphone ou leur ordinateur. « Ces images de mauvaises qualités existent depuis un moment, c’est juste qu’on n’avait pas remarqué le problème. Avant on pensait juste que c’était trop beau pour être vrai », explique Corinne Henin experte en cybersécurité. « Ce qui est dangereux c’est qu’il y a une efficacité exponentielle des contenus et les images se sont améliorées », ajoute Giada Pistilli, responsable de l’éthique chez Hugging Face.

Un enfant à fait une maise en oignon... C'est l'exemple d'un "slop"
Un enfant à fait une maise en oignon… C’est l’exemple d’un « slop » - Faithful

Les réseaux sociaux comme Facebook et TikTok pullulent de fausses images, et ces deux plateformes ne sont pas choisis au hasard. Utilisées par les boomers pour le premier et par les ados pour le second, ces deux publics sont les plus manipulables. « Ils vont avoir tendance à croire tout ce qui peut conforter leur croyance », ajoute Corinne Henin. Sur Facebook, en regardant le contenu du compte Faithful, on peut voir des enfants mignons, des vieilles dames dans leur potager rempli de choux, des photos d’un couple à 50 ans d’écart… L’objectif de ces pages est de susciter un sentiment, bon ou mauvais chez les plus âgés, pour les pousser à aimer l’image, à la commenter ou la partager dans le but de faire venir les marques.

Le danger est donc de bourrer le crâne des internautes de fausses informations et de fausses images. « Les images peuvent manipuler les gens très crédules. Les photos sont faites à la va-vite mais certains peuvent y croire quand même… » souffle Corinne Henin. « Si je regarde les réseaux sociaux de mes parents, je peux directement voir les  » slop  » mais eux n’ont pas l’œil pour débusquer les images générées par l’intelligence artificielle. Peut-être qu’ils manquent un peu d’éducation à la technologie et aux fake news. Il faut leur apprendre les dangers… Mais une fois qu’ils sont devant l’écran les réflexes peuvent être différents », analyse Giada Pistilli.

Fixez bien les yeux

Devons-nous surfer sur Internet avec plus de prudence ? L’IA se perfectionne de jour en jour. Le temps où les logiciels n’arrivaient pas à reproduire les mains des humains est déjà révolu. Heureusement pour nous, Giada Pistilli a un tip, « sur les photos et les vidéos je regarde souvent les pupilles et les yeux pour voir si c’est une fausse image ou pas ». Mais problème, « Les IA évoluent très rapidement, même tous jours. »

Notre dossier Intelligence artificielle

Alors quelles solutions pour se protéger ? « Il faut faire confiance à la personne qui a publié l’image. Un journaliste par exemple ne va pas mentir, il aurait trop à perdre », juge Corinne Henin qui souhaite aussi appuyer sur le besoin de vérifier toutes les informations que nous donne l’intelligence artificielle, « Il faut tout vérifier quand on utilise une IA. Les informations et les images ne sont pas toutes sourcées ou elles sont fausses. » Alors après avoir utilisé ChatGPT, pensez bien à vérifier plusieurs fois d’où viennent les informations, et les images.