France

Meurtre de Louise, 11 ans : À Epinay, plus question de laisser un enfant seul « tant que le coupable court »

«Ce n’est pas censé arriver ici… » Depuis vendredi soir et l’annonce de la disparition de Louise, petite fille de 11 ans retrouvée morte dans un bois de Longjumeau (Essonne), la ville d’Epinay-sur-Orge est en état de sidération. Louise était scolarisée en 6e au collège André Maurois et c’est en revenant de l’école qu’elle a disparu.

« C’est le genre de drame qu’on ne voit qu’aux infos normalement. Mais là c’est bien réel » lâche Marie-Anne, une riveraine, en regardant les enfants arriver au collège ce lundi matin. En cette matinée si particulière, la première sans Louise, très peu d’élèves arrivent seuls. La plupart sont accompagnés de leurs parents.

Impensable de laisser les enfants se déplacer seuls

Ces derniers, tristesse et gravité figées sur le visage, ne sont pas là pour rendre hommage à la petite fille. La plupart l’ont déjà fait la veille comme en témoigne l’entrée du collège, jonchée de fleurs, de bougies et de dessins. Non, face au drame du week-end, aucun n’a voulu laisser son enfant parcourir seul le trajet entre la maison et l’école.

Même chose juste avant midi, pour ceux qui rentrent déjeuner chez eux. « Tant que le coupable court, c’est impensable de laisser mon fils se balader une minute sans moi », explique une maman à d’autres parents qui semblent perdus entre les policiers et les journalistes qui s’amassent devant l’établissement scolaire.

Parents et associations s’organisent

Les rumeurs de « pedibus » organisés par les associations des parents d’élèves se confirment au fil de la matinée. « Mais est-ce qu’ils passeront partout ? », « est-ce qu’ils prendront en charge les enfants qui prennent le bus 4501 » qui les déposent à une centaine de mètres ? Les questions se multiplient. Contactées par 20 Minutes, les associations préfèrent ne pas s’avancer tant que tout n’est pas ficelé.

Pourtant de nombreux parents n’ont pas attendu pour s’organiser. Weiqi, qui avait l’habitude de déposer son fils au bout de la rue, prendra quelques minutes de plus pour l’amener devant le collège. « Nous voulions le pousser vers l’autonomie mais ce n’est plus possible dans ces circonstances. Nous viendrons le déposer et le chercher quatre fois par jour tant que le coupable n’est pas trouvé. »

Les grands frères pour protéger les petits

Le père de famille espère tout de même que l’établissement, le rectorat ou la mairie prendront soin de placer des personnels devant le collège « tous les petits moments où les enfants peuvent se retrouver seuls, juste avant l’ouverture des grilles ou à la sortie des classes » pour assurer la moindre seconde de sécurité.

Pour d’autres c’est toute une organisation qu’il faut revoir. C’est le cas de Haroun qui vient de déposer une fleur devant la grille du collège. Ancien élève « ici », aujourd’hui étudiant, il est venu chercher sa petite sœur qui était dans la classe de Louise.

Sa sœur, qui devait parcourir seule un kilomètre en bus pour venir à l’école, le fera désormais accompagnée. « Je l’amènerai en voiture, sinon ma mère a déjà mobilisé mes deux autres frères, eux aussi majeurs, pour qu’ils l’accompagnent. Ce sera chacun notre tour. »

« On pense à […] la passer en demi-pensionnaire »

Une solution qui permet de rassurer tout le monde mais viable seulement à court terme. « Pour l’avenir, on pense sérieusement à la faire changer de régime et la passer en demi-pensionnaire pour qu’elle reste manger au self. C’est plus cher mais ça fait moins d’allées et venues donc moins de risques pour elle », explique-t-il.

Une solution qu’envisage aussi Mathilde* qui a eu sa journée offerte par un patron compréhensif ce lundi et qui accepte même d’arranger ses horaires de travail tant que le tueur n’a pas été arrêté : « Mais la suite m’inquiète quand même. Je cherche une solution pour que ma file ne fasse plus jamais le trajet seule. »

Les grands-parents à la rescousse

Peut-être pourra-t-elle faire appel aux grands-parents s’ils sont disponibles ? C’est la solution déjà mise en place par certains. Jean-René par exemple avait l’habitude de recevoir son petit-fils à manger certains midis. Il viendra désormais le chercher tous les jours : « Sa mère se déplace difficilement donc à partir d’aujourd’hui, je viendrai tous les jours et nous irons ensemble manger chez ma fille. » Des trémolos dans la voix, il poursuit : « Hors de question de prendre le moindre risque que mon petit vive l’horreur qu’a vécue cette pauvre gamine. »

À peine le temps de déglutir et de reprendre ses émotions qu’il s’annonce volontaire pour participer à toutes les actions qui pourraient être entreprises par les Spinoliens pour sécuriser les sorties d’école. « Je sais que ce n’est pas évident pour tout le monde. Mais si chacun y met un peu du sien, on peut mettre en place quelque chose pour permettre que ce genre de choses n’arrivent plus jamais. »