Grippes, gastros… Comment réduire la propagation des maladies au travail ?
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La saison des maladies ne semble plus en finir. A la mi-janvier, le nombre de formes graves de la grippe, comme celui des décès sont en nette augmentation, comparé à l’an dernier. Le dernier bulletin de Santé publique France fait également état d’une hausse des gastro-entérites. Malgré un récent ralentissement dont l’agence a fait état dans un autre document publié le 5 février, il n’est toujours pas l’heure de crier victoire. D’après Sophie Feugueux, médecin infectiologue et chargée de la prévention sur les risques infectieux pour Santé publique France, « Nous restons en pleine épidémie. Cette année, elle est particulièrement sévère. »
Des milliers d’offres d’emploi en un clic
Pour Emilie Granados, infirmière au sein d’EnSanté, un pool d’experts en conseil santé au travail, les employeurs ne jouent toujours pas suffisamment la carte de la prévention : « Ces épisodes ne sont toujours pas assez anticipés. Mener une prévention primaire permettrait de limiter cet absentéisme, qui représente un coût énorme pour les entreprises. »
Les bons vieux gestes barrières
A l’échelle individuelle, il y a déjà de quoi faire pour éviter de passer la semaine cloué au lit avec 40° de fièvre. Selon les dernières enquêtes Coviprev menées par Santé publique France (qui observaient le suivi des gestes barrières pendant et après la crise Covid), les bonnes habitudes en temps d’épidémie se perdent. « On observe une diminution des gestes barrières. Que ce soit le lavage des mains ou le port du masque », regrette Sophie Feugueux.
La prévention des maladies virales passe avant tout par des gestes simples. La solution est – littéralement – entre nos mains, qu’il faut régulièrement laver. Si la consigne semble évidente, tout le monde ne l’entend pas de cette oreille. En 2021, peu après le pic la pandémie, un sondage Ifop révélait que seulement trois Français sur quatre se lavaient systématiquement les mains après être allés aux toilettes. « Ça paraît très basique, mais c’est essentiel », rappelle l’infectiologue. « Que ce soit pour les gastro-entérites comme les grippes : après un passage par les WC, avant et après manger, après avoir été dans les transports ou avoir serré des mains… C’est un geste qui protège », poursuit-elle.
Les leviers d’action des employeurs
« Une gastro-entérite représente trois jours d’absence. Pour une grippe, c’est cinq. Si l’employeur veut assurer la bonne continuité de son activité, il a intérêt à faire de la prévention », analyse Amélie Granados. Santé publique France propose à cet effet des affiches à accrocher sur le lieu de travail.
Des locaux qui doivent par ailleurs régulièrement être aérés, comme le rappelle la cadre de Santé publique : « L’aération fait évacuer les agents infectieux. Bien sûr, la fréquence va être différente selon les situations. Dans une salle de réunion fréquentée, il faudra aérer très régulièrement, à peu près chaque heure, pendant 5 ou 10 minutes. » Pour un bureau individuel, on part forcément sur des fréquences plus faibles. Pour limiter la casse durant ces périodes, l’experte de EnSanté recommande aux employeurs d’encourager le télétravail, qui permet de « réduire considérablement la propagation au sein de l’entreprise ».
« La vaccination est un moyen très efficace pour éviter les épidémies », déclare l’infectiologue. Au vu de celle que nous traversons, les autorités sanitaires ont décidé de prolonger la campagne de vaccination contre la grippe et le Covid-19 jusqu’au 28 février 2025. Parfois, les employeurs s’emparent eux-même du porte-voix pour encourager les collaborateurs à passer par la case piqûre. Là-dessus, le médecin du travail a « un rôle clé à jouer », indique Sophie Feugueux. A défaut de pouvoir en bénéficier, se laver les mains fréquemment est un bon début.