A la RATP, la semaine de quatre jours se généralise doucement mais sûrement

Des agents plus reposés pour un meilleur service. Ce qui ressemblait à une belle promesse de campagne de la RATP est en train de se muer en mini-révolution. Ce vendredi, la régie des transports a annoncé la possibilité pour une partie de ses équipes de passer à la semaine des quatre jours.
Dès dimanche, les agents des « services et espaces multimodaux », c’est-à-dire dans les stations et les gares, qui le souhaitent verront leur emploi du temps bouleversé. Cela représente 5.200 employés et 600 managers. Cette évolution fait suite à des mois d’expérimentation fructueuse sur plusieurs lignes.
Un rythme toujours aussi décalé, mais plus reposant
« L’idée est d’améliorer le bien-être de nos agents qui travaillaient sur des rythmes de 6 jours travaillés pour trois jours de repos alternés avec des semaines de cinq jours et deux jours de repos et des décalages qui leur permettaient d’avoir deux week-ends civils de repos toutes les six semaines », explique Jérôme Heine, responsable des Ressources Humaines de la Direction SEM.
Un rythme décalé couplé à des alternances dans les horaires qui peuvent commencer à 5h20 le matin certaines semaines ou se terminer à 1h20 d’autres. Des conditions fatigantes d’autant que bon nombre de ces agents vivent loin de leur lieu de travail et ne peuvent souvent emprunter les transports en commun du fait de leurs horaires.
Plus de temps pour la vie privée
C’est le cas de Ravinder Antoine, assistant d’exploitation à la RATP depuis 32 ans. Lui qui vit à 30 kilomètres de Paris a participé aux premières expérimentations de la semaine de quatre jours mises en place en 2024 sur les lignes 5, 7 et 9 du métro et la ligne B du RER.
En effectuant sa ronde de sécurité ce vendredi matin, il nous explique ce que ça a changé pour lui : « Je suis beaucoup plus reposé parce que les semaines de 6 jours d’affilée à commencer à 5h20, il faut prendre la voiture, c’est épuisant. Avec le rythme de 4 jours, je travaille le même nombre d’heures mais les plages sont plus courtes entre les repos et surtout, j’ai un dimanche de plus toutes les six semaines. » Une énorme différence qui lui permet de passer plus de temps avec sa famille, ses filles de 25 et 21 ans, mais aussi ses amis : « Un dimanche de plus, ça fait aussi un samedi soir de plus. Or, c’est le samedi soir qu’on s’invite entre amis ou que l’on sort. »
Sur la base du volontariat et réversible
L’idée de la semaine de quatre jours trottait dans la tête de Jean Castex depuis sa nomination à la présidence de la RATP, en novembre 2022. C’est lui qui a impulsé l’idée que cette formule devait au moins être testée. Sur les quelque 300 agents qui ont déjà testé la formule, ouverte depuis quelques mois aux lignes 3, 8 11 et 13 en plus du RER A, le taux de satisfaction frôle les 90 %.
D’autant que le choix de la semaine de quatre jours se fait sur la base du volontariat et qu’elle n’est pas irréversible. « Certains agents ont le même rythme de travail depuis quinze ans, il faut du temps pour évaluer si la semaine de quatre jours leur plaît. Et s’ils déterminent que ce n’est pas le cas, ils peuvent revenir à leur ancienne formule », explique Jérôme Heine.
Une donnée qui ne perturbe pas le fonctionnement du réseau puisque le volume horaire des agents et les rotations restent identiques. Seul le rythme évolue. Si techniquement, il n’est pas possible pour l’ensemble des agents de passer à la semaine de quatre jours, la direction a signé un accord avec trois des quatre organisations syndicales pour appliquer la mesure sur l’ensemble de son réseau.
Attirer de nouvelles recrues
« Les premiers résultats montrent une baisse de l’état de fatigue et du stress des agents. Nous espérons que cela va nous permettre d’améliorer les chiffres de l’absentéisme », commente Jérôme Heine. D’ailleurs, si l’accord concerne les agents en charge du contrôle, de la sécurité et de la sûreté en station, des expérimentations s’ouvrent à d’autres métiers, comme la maintenance.
Les bons retours de la semaine des quatre jours pourraient également aider l’entreprise à atteindre un autre objectif : recruter. « Nous recrutons massivement depuis plusieurs années et cette offre doit permettre d’être plus attractif dans le recrutement mais aussi de fidéliser nos agents déjà en place. »