France

Lidl : « Jamais vu une telle mobilisation »… Une grève « historique » contre l’ouverture généralisée le dimanche

Des magasins fermés, des piquets de grève devant les plateformes logistiques et des rassemblements aux quatre coins de la France. Ce vendredi, l’enseigne Lidl fait face à un mouvement de grogne inédit de ses 46.000 salariés avec un appel à « la grève illimitée » lancée par une intersyndicale, à l’exception d’Unsa, syndicat majoritaire, qui privilégie « pour le moment le dialogue ». « On est souvent deux à manifester devant les magasins mais là c’est historique, on n’a jamais vu une telle mobilisation », se félicite Sabine Pruvost, déléguée syndicale centrale Force ouvrière.

Salariée du géant allemand depuis plus de vingt ans, Magali reconnaît d’ailleurs que c’est « la première fois de sa vie » qu’elle manifeste. Avec ses collègues du magasin de Janzé (Ille-et-Vilaine), elle a bravé le froid pour rejoindre le centre-ville de Rennes et faire le pied de grue devant les portes du supermarché situé dans la galerie du centre commercial de la Visitation. « On n’est pas là pour empêcher nos collègues de bosser mais pour informer les clients et exprimer notre ras-le-bol », confie la presque quinquagénaire.

« On est devenus des robots »

Parmi les revendications, il est bien sûr question des salaires « même si on est mieux payés que dans d’autres enseignes », reconnaît Esperanza. Mercredi, les négociations annuelles obligatoires (NAO) se sont ainsi achevées dans l’entreprise avec une augmentation générale des salaires de 1,2 % assortie d’une prime d’un montant compris entre 100 et 180 euros par salarié. Insuffisant pour les syndicats qui pointent aussi la dégradation des conditions de travail avec des cadences toujours plus élevées.

« C’est appréciable chez Lidl car on est polyvalent, on gère à la fois la caisse, la mise en rayon, la gestion des stocks ou le nettoyage dans la même journée, indique Stéphanie. Mais de nouvelles tâches se rajoutent sans arrêt, on est devenus des robots à qui on demande d’en faire toujours plus. » En pleine bataille avec son principal concurrent Leclerc, le discounter allemand a en effet rehaussé ses indices de performance, calculés à partir du nombre d’articles passés en caisse par heure de travail. « Ils continuent de tirer sur la corde mais les salariés n’en peuvent plus et sont fatigués », assure Sabine Pruvost.

« Je préfère être en famille que travailler le dimanche »

Dans ce contexte social déjà tendu, l’annonce par la direction de Lidl d’une ouverture généralisée de ses 1.600 magasins en France le dimanche matin à partir du 1er juin a mis le feu aux poudres. « Avec nos horaires décalés, on ne voit déjà presque pas nos enfants et nos maris la semaine donc hors de question de sacrifier le dimanche », fulmine une mère de famille.

Interrogée par 20 Minutes, la direction de Lidl, dont un peu moins de la moitié des magasins sont déjà ouverts le dimanche, indique que cette ouverture généralisée, « s’accompagne de la majoration à 50 % des heures travaillées le dimanche ». « Mais je m’en fous moi de leur augmentation, je préfère voir mes enfants et ma famille et me reposer que travailler ce jour-là, embraye une autre salariée présente au rassemblement rennais. On bosse déjà presque tous les jours fériés de l’année. »

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Présent au rassemblement, Fabrice Lerestif, secrétaire FO en Ille-et-Vilaine, craint aussi que cette décision de Lidl fasse tache d’huile et pousse d’autres enseignes de la grande distribution à en faire de même. « Il reste encore certaines digues sur lesquelles on ne doit pas reculer, assure-t-il. Car si toutes les enseignes ouvrent le dimanche, on va priver tous ces salariés de moments en famille et de sorties culturelles et on va aussi mettre en péril tous les commerces de proximité. »