Peut-on vraiment développer un cancer à cause de notre déodorant ou antitranspirant ?
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Rexona, Dove, Nivea… Ces marques sont incontournables sur le marché des déodorants et antitranspirants, que ce soit en magasin ou sur les réseaux sociaux. Chacun a ses critères : efficacité, parfum, anti-traces blanches… Mais sur TikTok, un autre débat prend de l’ampleur : certains ingrédients présents dans ces produits seraient-ils cancérigènes ? Tout est parti d’une vidéo virale qui cumule 3,5 millions de vues. On y voit@gusta.gustaa expliquer qu’après avoir utilisé le Rexona Stick Anti-Transpirant Maximum Protection Clean Scent, elle a ressenti des douleurs. Selon elle, son médecin lui aurait confirmé que le produit pourrait en être la cause, évoquant même la présence de substances potentiellement cancérigènes. Parmi elles, des ingrédients comme le Cyclopentasiloxane, le BHT et l’aluminium, utilisés par de nombreuses grandes marques, dont Nivea et Dove.
De quoi relancer l’inquiétude autour des déodorants et antitranspirants. Présentent-ils un véritable risque pour la santé ? Quels sont les dangers réels ? Pour y voir plus clair, nous avons interrogé Sophie Strobel, ingénieure biologiste en cosmétologie, et Zoé Kerlo, toxicologue chez Yuka, une application qui scanne les produits cosmétiques pour fournir des infos sur leur impact santé et environnemental.
Des composants controversés, mais pas cancérigènes avérés
Démangeaisons, irritations, douleurs sous les aisselles… Les témoignages sur les effets indésirables des déodorants et antitranspirants se multiplient. Mais quels sont les ingrédients qui inquiètent vraiment ?
– Le Cyclopentasiloxane, en ligne de mire
C’est l’un des composants les plus pointés du doigt. Suspecté d’effets neurotoxiques et d’une action sur la dopamine, il fait l’objet d’une surveillance accrue par plusieurs organismes, dont le SCCS et l’OEHHA. À tel point que dès 2027, sa concentration dans les produits sans rinçage, comme les déodorants, sera limitée à 0,1 % – autant dire qu’il deviendra quasiment inutilisable dans des formules comme celles du Rexona Stick Anti-Transpirant Maximum Protection Clean Scent, du Nivea Déodorant Bille Anti-Transpirant 48H ou encore du Dove Original Antiperspirant. « C’est un ingrédient rare, donc peu étudié, et son utilisation est déjà déconseillée », explique Zoé Kerlo, toxicologue chez Yuka, qui comprend l’inquiétude des consommateurs.
– L’aluminium, sujet de débat
Autre ingrédient au cœur des polémiques : l’aluminium zirconium tetrachlorohydrex. « Il présente des risques avérés de toxicité pour la reproduction, selon l’OMS, l’EFSA et le SCCS, et il est aussi suspecté d’être cancérigène et neurotoxique », alerte Zoé Kerlo. Certaines études l’associent même à des maladies comme Alzheimer et Parkinson, bien que des recherches complémentaires soient nécessaires. Mais tout le monde ne partage pas cet avis. Sophie Strobel, ingénieure biologiste en cosmétologie, tempère : « L’aluminium peut poser problème lorsqu’il est inhalé ou ingéré, mais appliqué sur la peau, il ne pénètre pas l’épiderme et reste en surface. » En attendant un consensus scientifique, certains préfèrent jouer la carte de la prudence et opter pour des alternatives comme le magnésium, jugé moins controversé.
Mais ce n’est pas tout, d’autres composants suscitent aussi des interrogations.
Le cera microcristallina et la paraffine, issus du pétrole, pourraient contenir des impuretés cancérigènes. « Rien n’est prouvé pour le moment, mais mieux vaut les éviter », recommande Zoé Kerlo, qui souligne que leur élimination est quasiment impossible, selon l’UFC Que Choisir et le BfR. Et enfin le BHT, suspecté d’être un perturbateur endocrinien. Le composant pourrait bientôt être inscrit sur la liste officielle des substances préoccupantes par l’Union européenne, selon l’ANSES et l’EDListe. « Ce n’est pas un ingrédient essentiel pour l’efficacité du produit, donc autant s’en passer », estime la toxicologue Zoé Kerlo. Alors face à ce cocktail d’ingrédients controversés, une question se pose : faut-il continuer à opter pour ces produits ?
Faut-il éviter ses produits ?
Même si certains composants sont controversés, ils restent autorisés par la réglementation et font l’objet d’évaluations strictes pour garantir une marge de sécurité importante. « Même dans un scénario extrême, on reste 100 fois en dessous du seuil qui pourrait poser problème », assure Sophie Strobel, ingénieure biologiste en cosmétologie.
Pour ceux qui préfèrent limiter les risques, il existe des alternatives. Encore faut-il bien choisir son produit : déodorant ou antitranspirant ? « Si l’objectif est simplement d’éliminer les mauvaises odeurs, un déodorant suffit. Mais si on veut aussi réduire la transpiration, il faut un antitranspirant », explique Sophie Strobel.
Cependant, attention aux solutions dites « naturelles ». La pierre d’alun, souvent recommandée comme alternative, contient elle aussi des sels d’aluminium. Quant au bicarbonate de soude, il peut sembler intéressant, mais deux personnes sur trois y sont allergiques, prévient Sophie Strobel. Alors conclusion ? écouter son corps avant TikTok !
Si vous ressentez des irritations ou des réactions cutanées, mieux vaut consulter un médecin plutôt que de se fier aux témoignages d’influenceurs sur les réseaux sociaux. Chaque peau réagit différemment, et les risques d’allergies ou d’intolérances existent, même avec des ingrédients autorisés.