Lyon : Comment l’Atmo a fait pour détecter des polluants éternels dans l’air, une première en France
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Dans l’eau, dans les sols, dans les aliments, dans les objets du quotidien… « Les PFAS sont partout, même dans l’air, même dans le centre de Lyon, on s’y attendait mais au moins maintenant, on est sûrs, c’est important », lance Stéphane Socquet, directeur adjoint de l’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’organisme de surveillance de la qualité de l’air.
Une étude menée par l’Atmo depuis deux ans a permis de montrer que les per- et polyfluoroalkylées ou PFAS, aussi appelés « polluants éternels », se trouvaient également dans l’air. C’est la première fois en France qu’on peut mesurer la concentration dans l’air de ces substances chimiques. Comment les agents de l’Atmo ont-ils procédé ? Pourquoi ? Que faire de ces résultats ? Stéphane Socquet a répondu aux questions de 20 Minutes.
Comment Atmo Auvergne-Rhône-Alpes a-t-il pu détecter ces polluants, habituellement repérables dans l’eau ou dans l’air ?
Depuis le début de l’année 2023, on travaille sur une méthode pour détecter ces composés et les quantifier dans l’air. Cette dernière consiste à prélever de l’air pendant quatre jours à très haut débit, grâce à un préleveur haut débit. Il faut accumuler beaucoup d’air et de particules parce qu’on cherche des niveaux très faibles.
Ce préleveur permet donc de capter des molécules dans la phase gazeuse, avec une mousse, et celles particulaires, avec un filtre. Il a fallu tester plusieurs matériaux pour mesurer le gaz ou les particules et s’assurer qu’il n’y ait pas d’interférences dans nos résultats. Parce que, des matériaux fluoroalkylées, on en a partout autour de nous. Il fallait éliminer tous les risques de retrouver des polluants dans notre matériel de prélèvement, notamment avec des tests à blanc.
Pour information, pour cette étude, on cherche entre 20 et 40 molécules alors qu’il y a 10.000 molécules de PFAS dans le monde.
Pourquoi l’Atmo s’est lancé dans ces études ?
A la suite de la forte actualité des PFAS en France et dans le monde, les citoyens et les collectivités avaient de fortes attentes pour savoir si ces molécules étaient également présentes dans l’air. Jusqu’à présent, on avait réussi à récolter beaucoup d’informations sur leur présence dans les aliments, dans l’eau, dans les sols, mais rien, ou très peu, sur leur existence dans l’air. La seule donnée qu’on avait, avec des méthodes indicatives mais intéressantes, a été produite dans le cadre de la grande surveillance pilotée par l’Etat autour des industriels Daikin et Arkema.
Donc, on savait déjà qu’on pouvait en trouver sur le sud lyonnais. Nous, chez Atmo, la question qu’on se posait c’était de savoir si on pouvait en trouver à la fois sur une commune comme Pierre-Bénite, où des usines Daikin et Arkema utilisent depuis longtemps des PFAS, mais aussi dans le centre de la métropole.
Comment interpréter les résultats ?
Du côté de l’observatoire, on ne fait pas d’analyse, on fait les prélèvements et on les transfère à un laboratoire. Ces données peuvent être ensuite utilisées par les organismes sanitaires.
Grâce à notre méthode, on a découvert qu’une centaine de picogrammes/m3 étaient présents sur la commune de Pierre-Bénite, et une quantité de l’ordre de la dizaine de picogrammes par m3 dans le centre de Lyon. Autant, on pouvait se dire qu’il y avait de fortes chances qu’on en trouve à Pierre-Bénite, autant il était plus incertain d’en trouver aussi à Lyon. Mais on est dans des ordres de grandeur assez connus dans d’autres villes dans le monde. Il n’y a rien de surprenant.
Notre dossier sur la pollution
L’information principale, c’est que ces résultats-là sont les premiers du type à être produits par une association de qualité de l’air et qu’on n’a pas d’autre référence en France. Maintenant, il n’existe pas d’information qui pourrait nous permettre de situer ces taux trouvés par rapport à un seuil de dangerosité. La question en suspens est donc désormais : quel est le niveau de dangerosité ?
Quelles sont les prochaines étapes dans vos recherches ?
Le prochain objectif est de récolter davantage de données dans l’air pour avoir des résultats représentatifs qui nous disent comment ces composés peuvent varier dans l’air, sur toute une année. Et ainsi, d’arriver à évaluer l’exposition moyenne d’un habitant de la métropole à ces composés-là. Des résultats précieux pour savoir ce qu’on respire qui permettront également à alimenter l’enquête nationale sur le sujet des PFAS. Dans le courant de l’année 2026, on pourra communiquer sur des résultats beaucoup plus consolidés parce qu’on aura récolté beaucoup plus de résultats. Le second objectif, c’est de pouvoir aller dans d’autres lieux de la région pour effectuer ces études.