Etats-Unis : Négo « mafieuse », diversion ou simple plaisir… Pourquoi Donald Trump passe-t-il son temps à bluffer ?
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«Nous allons prendre le contrôle de la bande de Gaza » et en faire la « riviera du Moyen-Orient », « mieux que Monaco ». Le président américain est un habitué des déclarations outrancières. Mais ces paroles, rarement suivies des effets annoncées, sont parfois complètement fallacieuses. Mercredi, son administration a annoncé que les navires gouvernementaux américains étaient désormais exempts de droits de passage lorsqu’ils franchissaient le canal de Panama. Une information rapidement démentie par l’organisme administrant ce passage fluvial.
Ce style d’expression, moucheté de mensonges, avait pris le monde par surprise en 2016. Mais après un mandat et une réélection, les rouages de la stratégie déstabilisante de Donald Trump commencent à être connus : le pyromane commence par craquer une alumette dans la forêt californienne, puis se rassoit avec délectation dans son fauteuil de fauteur de trouble en chef pour regarder le feu prendre de partout.
Tout « inonder de merde »
Donald Trump n’ignore pas l’onde de choc que ses propos entraînent. Il en profite même ponctuellement pour s’en faire un paravent. « Il a promis monts et merveilles aux Américains, en jurant que, dès son arrivée au pouvoir, l’inflation diminuerait et les prix baisseront. Au lieu de parler de l’augmentation du prix des œufs, il lance des phrases chocs sur Gaza. C’est une façon de divertir, dans tous les sens du terme », explique Jérôme Viala-Gaudefroy, docteur en civilisation américaine et auteur de Les mots de Trump (Ed. Dalloz, 2024).
« Juste avant que Trump ne fasse son annonce, le Washington Post a écrit sur l’illégalité potentielle des manœuvres de Musk pour obtenir la mainmise sur des fonctions gouvernementales », rapporte le journal mercredi. Et pourtant, ces faits sont bien moins commentés que les déclarations du président sur Gaza. Parce que Donald Trump « inonde la zone », et notamment l’espace médiatique, de « merde », selon les mots de son ancien conseiller Steve Bannon.
Une négociation « mafieuse »
C’est donc une technique de diversion, mais aussi de négociation. « Donald Trump vient de l’immobilier à New York, il a une culture de la négociation qui se rapproche d’une culture mafieuse », glisse Jérôme Viala-Gaudefroy. En menaçant de ne pas protéger les pays de l’Otan s’ils ne payent pas plus, « Don Trump Corleone » vient quelque part récolter le « pizzo », l’impôt mafieux de la Ndrangheta.
Avec ces propos extrêmement brutaux, le président américain tente aussi d’augmenter la fenêtre d’Overton des négociations. Lorsqu’il menace de taxer des produits d’importation à des taux ahurissants, il espère ainsi « que les autres acceptent des taux qu’ils n’auraient pas accepté sans ça », glisse le docteur en civilisation américaine. Allez, vous me ferez bien vos droits de douane un peu moins cher ? Un prix d’ami, j’espère ?
Le chat du bureau ovale
Et puis, « le bluff, c’est un peu sa marque de fabrique », glisse Jérôme Viala-Gaudefroy. D’autant plus quand il est mâtiné de provocation et qu’il peut observer les conséquences de ses paroles. Vous avez déjà observé un gros matou fixer avec attention un verre posé sur le rebord d’une table et le pousser d’un coup de patte, simplement par plaisir d’être l’acteur et l’observateur de la débâcle qui suit ?
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« Donald Trump adore ça, lance l’expert. Lorsqu’il était dans « The Apprentice », il jubilait de foutre le bordel et voir ce qu’il pouvait en tirer. Avec cette méthode, il affaiblit les autres qui se battent ou sont perturbés et il en profite ensuite. » A tel point que le président américain s’amuse à « teaser » ses prochaines déclarations agitatrices à coup de « je vous dirai bientôt » et autres « je n’ai pas encore tout à fait décidé ». Et pour Jérôme Viala-Gaudefroy, ce « narcissisme dans la superpuissance » n’est pas près de cesser. Car, à la tête du plus gros PIB de la planète, Donald Trump a peu de rivaux sur le ring du mâle alpha. De quoi l’encourager à aller toujours plus loin dans les déclarations fracassantes.