France

Usurpation d’identité: « C’est un cauchemar »… Émilie a son visage collé sur des vidéos pornos

C’est une histoire de dingue à laquelle elle se retrouve mêlée. Sans savoir par qui, sans savoir pourquoi, Émilie Courcol est la victime d’une usurpation d’identité qui a créé un véritable tsunami dans sa vie. Cette femme de 33 ans domiciliée dans la commune de L’Aigle, dans l’Orne, a vu une ou des personnes créer un profil à son nom sur un site d’escort-girls mais aussi incruster son visage sur des vidéos pornographiques qu’elle n’a jamais tournées.

« Je ne comprends toujours pas comment ça a pu arriver. Les gens que je croise me regardent bizarrement. Je suis obligée de me défendre de choses que je n’ai pas faites, c’est un cauchemar », explique la trentenaire, qui a déjà déposé deux plaintes à la gendarmerie. Sans résultat pour l’instant.

L’histoire de ce « deepfake » démarre en octobre. Salariée d’un magasin de décoration de L’Aigle dans lequel elle travaille depuis plus de quinze ans, Émilie voit débarquer de nouveaux clients. « On voyait des hommes un peu bizarres. Ils faisaient des allusions sexuelles, je ne comprenais pas pourquoi », explique la jeune maman à 20 Minutes. Quelques jours plus tard, Émilie comprend quand une cliente travaillant dans une usine du coin lui raconte que des images d’elle circulent sur des sites d’escort-girls.

Elle n’a toujours pas vu les images

Une annonce « plutôt trash » avec des photos dénudées, des tarifs, des prestations. Le visage d’Emilie y apparaît, sans qu’elle ne sache pourquoi ni comment. Cette annonce, Émilie ne la verra jamais. Pas plus que les photos et vidéos pornos qu’une cliente viendra montrer à sa responsable peu de temps après. « Ma responsable a vomi quand elle a vu ça. Elle sait que ce n’est pas moi. C’est mon visage, mais sur un autre corps. Ma responsable m’a dit que c’était très bien fait », explique Emilie, qui a le soutien de sa supérieure.

« C’est elle qui m’a encouragée à témoigner. » Dans cette ville de 8.500 habitants, tout le monde semble avoir vu les images de la fausse Emilie, sans doute générées par intelligence artificielle. Mais personne ne semble vouloir les donner à la gendarmerie. Ni à Emilie, qui ne les a toujours pas vues !

Voyant ses plaintes qui n’aboutissaient pas, la Normande a sollicité Ouest-France pour évoquer cette improbable histoire qui lui pourrit la vie. « Je suis harcelée, j’ai été obligée de désactiver mes réseaux sociaux. J’ai des hommes qui m’envoient des messages trash. Dans la rue, les gens me regardent bizarrement. Quand j’emmène mon fils à l’école, je marche la tête baissée. J’ai voulu prendre la parole pour dire que ce n’était pas moi et que j’étais victime. »

Notre dossier sur les deepfakes

Depuis l’apparition de ces fausses images, la jeune femme vit dans une peur permanente. Elle se pose surtout des tas de questions, ne comprenant pas d’où ces images trafiquées peuvent provenir et qui peut se cacher derrière cette incroyable histoire. L’enquête se poursuit.