États-Unis : Trump met en œuvre l’« opération Aurora » au Colorado, une série de raids ciblant les immigrés est en cours

Il l’avait promis. Deux semaines après la prise de fonction de Donald Trump, voilà l’« opération Aurora » en marche. Ce mercredi matin, des agents fédéraux ont mené des descentes dans plusieurs quartiers de Denver et Aurora, ciblant des résidents soupçonnés d’appartenir à des groupes criminels. Les perquisitions ont réveillé des habitants effrayés, certains témoignant de portes défoncées et d’interpellations brutales. Selon les autorités, l’objectif principal était d’arrêter plus d’une centaine de membres présumés du gang vénézuélien Tren de Aragua.

Cette opération d’envergure constitue l’une des premières démonstrations de force de l’administration Trump en matière d’immigration, conformément à ses promesses de campagne.

Une intervention fédérale sous tension

Caleb Vitello, directeur par intérim de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement, les services d’immigration américains), a déclaré dans un communiqué vidéo : « Tant que nous aurons des criminels dans ces rues, nous interviendrons pour garantir la sécurité des habitants. »

Les agents ont installé un centre de commandement temporaire à la base militaire de Buckley Space Force, située à quelques kilomètres de là. Des véhicules blindés et des bus grillagés ont été repérés dans les zones d’intervention, tandis que des équipes lourdement équipées ont procédé aux arrestations.

« On m’a demandé où étaient les ‘illégaux’ »

À l’aube, Fernando Martinez, un habitant de Denver, dormait chez un ami lorsque des coups violents ont été assenés contre la porte. « Ils sont entrés armés et nous ont éblouis avec des grenades flash », raconte-t-il à USA Today. Bien qu’il n’ait pas été arrêté, il affirme que les agents étaient à la recherche de stupéfiants. « Il n’y avait pas de drogue, seulement des canettes de bière. »

De son côté, une habitante interrogée par The Denver Channel raconte qu’elle a été réveillée par des messages alarmants sur le groupe WhatsApp de sa résidence, l’avertissant que le « raid de ICE » avait commencé. Quelques secondes plus tard, on frappait à sa porte. « Ils m’ont demandé ma pièce d’identité et où étaient les ‘illégaux’ », témoigne-t-elle.

Vague de solidarité… en ligne et sur le terrain

Face à ces descentes, un vaste mouvement de solidarité s’est organisé sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux. Des groupes militants mais aussi de simples citoyens publient en temps réel où sont les agents de l’ICE, rue par rue, afin d’alerter les habitants des quartiers visés. En parallèle, des avocats, des étudiants en droit et des associations relayent des messages en anglais et en espagnol pour informer les résidents de leurs droits en cas de perquisition et des démarches à suivre pour se préparer à un raid : documents à avoir à portée de main, consignes à donner aux enfants et recommandations sur la manière d’interagir avec les forces de l’ordre.

Alors même que les descentes se poursuivaient ce mercredi, des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le Capitole de l’Etat du Colorado pour dénoncer l’opération et les décisions prises par Donald Trump depuis son investiture. Les élus démocrates du Colorado, alertés par l’ampleur de l’opération, ont quant à eux convoqué une réunion pour organiser un soutien aux communautés touchées.

Des descentes pour effrayer la population

Denver et Aurora ont été désignées par Donald Trump comme des villes trop permissives envers les immigrés en situation irrégulière. Les autorités locales n’ont pourtant pas participé aux opérations de mercredi. Le gouverneur du Colorado, Jared Polis, a affirmé à plusieurs reprises dans la presse depuis l’investiture de Trump que le Colorado n’est pas un “État refuge” (sanctuary state). Il a également précisé ce mercredi ne pas avoir été informé en amont des opérations en cours.

Pour Raquel Lane-Arellano, militante des droits des immigrés interrogée par USAToday, ces descentes servent surtout à effrayer la population. « On prétend cibler un gang, mais en réalité, on interpelle des personnes simplement parce qu’elles sont sans papiers. » Elle affirme également que les agents fédéraux ont refusé de présenter des mandats judiciaires aux observateurs venus sur place.

Une politique migratoire agressive

L’administration Trump semble déterminée à intensifier ce type d’opérations. Des interventions de ce genre ont déjà eu lieu à Chicago la semaine dernière. Depuis l’investiture de Donald Trump, ICE annonce avoir déjà arrêté près de 10.000 personnes dans différentes villes américaines.

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L’« opération Aurora » est donc bien là. Et avec elle, une nouvelle ère de chasse aux sans-papiers, dont les répercussions s’annoncent majeures pour les communautés immigrées du Colorado et du pays tout entier.