Royaume-Uni : Le cas de Lucy Letby, labellisée « pire tueuse de nouveau-nés » de l’histoire du pays, réexaminé
C’est un rebondissement sur lequel il faut rester prudent. Le cas de l’infirmière Lucy Letby, condamnée en 2023 pour le meurtre de sept nourrissons et des tentatives de meurtre sur sept autres, revient sous les projecteurs avec la décision d’une commission judiciaire indépendante d’examiner l’affaire.
Le procès de Lucy Letby, 35 ans, avait montré comment l’infirmière avait agi dans son unité de soins intensifs de l’hôpital Countess of Chester (nord-ouest de l’Angleterre), entre 2015 et 2016. L’accusation avait détaillé comment la jeune femme, décrite comme « froide, calculatrice, cruelle », avait injecté de l’air par intraveineuse à des nourrissons prématurés, utilisé leurs sondes naso-gastriques pour envoyer de l’air ou une surdose de lait dans leur estomac.
« Volume important de preuves »
Si Lucy Letby a toujours clamé son innocence, la justice britannique lui a refusé à deux reprises toute possibilité de faire appel. Mais lundi, sa défense a déposé un recours devant la Commission de révision des affaires pénales (CCRC), qui a confirmé mardi avoir été saisie.
« Nous avons reçu une demande préliminaire concernant le cas de Mme Letby, et elle a commencé à être évaluée », a-t-elle indiqué, ajoutant qu’un tel examen prendra du temps vu le « volume important de preuves ». Elle a toutefois rappelé qu’il ne lui appartenait pas de « déterminer l’innocence ou la culpabilité dans une affaire […], mais de détecter, d’enquêter et, le cas échéant, de renvoyer de possibles erreurs judiciaires aux cours d’appel ».
14 experts médicaux en désaccord
La défense de Lucy Letby remet notamment en question les expertises présentées durant le procès, et en particulier un article scientifique sur les embolies gazeuses mortelles chez les nouveau-nés, coécrit en 1989 par le médecin canadien Shoo Lee. Mais ce dernier a présenté mardi à Londres les conclusions d’un panel de 14 experts médicaux en néonatologie qui ont réexaminé l’affaire et remettent en cause la condamnation de Lucy Letby.
« Nous n’avons trouvé aucun meurtre. Dans tous les cas, les décès ou blessures étaient dus à des causes naturelles, ou simplement à de mauvais soins médicaux », a défendu lors d’une conférence de presse le Dr Shoo Lee, désormais à la retraite. Selon lui, la décoloration des nourrissons n’était pas une preuve suffisante pour aboutir à la conclusion d’une embolie gazeuse. Un argument qu’il a déjà tenté de faire valoir, sans succès, lors de la première tentative d’appel de l’infirmière en mai 2024.
Soignants pas suffisamment formés
Les experts ont aussi souligné que l’unité de soins intensifs de l’hôpital manquait d’effectifs et que certains soignants n’étaient pas suffisamment formés. Pour Mark McDonald, l’avocat de Lucy Letby, ces éléments « démolissent » les expertises médicales présentées au procès.
Ce nouveau rebondissement intervient alors que depuis plusieurs mois la presse britannique relaie des doutes d’autres experts sur les preuves de la culpabilité de l’infirmière.