Justice : « Tout le monde l’attend ! », Serge Atlaoui de retour après 19 ans de détention en Indonésie
Après 19 années passées dans une prison indonésienne, Serge Atlaoui, Français condamné à mort pour trafic de drogue, a quitté l’Indonésie ce mardi 4 février 2025. Son retour en France marque la fin d’un long combat judiciaire et humain, porté par ses proches et de nombreuses organisations abolitionnistes.
Le rapatriement de Serge Atlaoui a été rendu possible par un accord conclu entre la France et l’Indonésie, signé le 24 janvier dernier par les ministres de la Justice des deux pays. Ce retour a été justifié par des raisons humanitaires, l’état de santé du prisonnier nécessitant un suivi médical régulier. Escorté par trois policiers français, il a pris un vol à destination de Paris, où il est attendu ce mercredi 5 février. Dès son arrivée à l’aéroport de Roissy, il sera présenté à un procureur au tribunal de Bobigny avant d’être transféré dans un établissement pénitentiaire.
Le français avait été condamné à mort en 2007
Arrêté en 2005 dans une usine où une importante quantité de drogue avait été saisie, Serge Atlaoui, artisan soudeur originaire de Metz, avait été accusé d’être le chimiste du laboratoire clandestin. Clamant son innocence, il expliquait n’avoir effectué que des travaux d’installation de machines industrielles, pensant travailler pour une usine de fabrication d’acrylique. Initialement condamné à la prison à vie, sa peine avait ensuite été aggravée en appel par la Cour suprême indonésienne, le condamnant à la peine de mort en 2007.
Son exécution, prévue en 2015 avec huit autres condamnés, avait été suspendue grâce à la pression diplomatique française et grâce à une mobilisation internationale. Durant toutes ces années, sa femme, Sabine Atlaoui, n’a cessé de lutter pour sa libération, multipliant les appels et mobilisant l’opinion publique.
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« On n’est plus les mêmes qu’il y a 19 ans »
Dans une interview sur France 3, Sabine Atlaoui, sa femme, qui a porté ce combat avec une détermination sans faille, exprime aujourd’hui un immense soulagement. « Ça fait 19 ans… », confie-t-elle. « Tout le monde l’attend ! »
« Serge a vécu un véritable enfer en prison. Nous devons maintenant nous reconstruire, réapprendre à vivre ensemble, étape par étape », poursuit-elle. « Il faut que l’on se reconstruise sur de nouvelles bases car on n’est plus les mêmes qu’il y a 19 ans. On va se redécouvrir. » Leur fils, qui n’a connu son père qu’en détention, va enfin pouvoir le voir dans un contexte différent. « Quand on passe par ces étapes-là, on relativise beaucoup le quotidien. L’essentiel, c’est le bonheur. »
Une affaire emblématique de la sévérité des lois antidrogue en Indonésie
Le cas de Serge Atlaoui a mis en lumière la rigueur extrême du système judiciaire indonésien en matière de lutte contre la drogue. Le pays applique l’une des législations les plus strictes au monde, et condamne à mort les trafiquants sans possibilité d’aménagement de peine. L’affaire Atlaoui a suscité un vif débat sur la question de l’abolition de la peine capitale.
Avec son retour en France, Serge Atlaoui entame une nouvelle étape, celle de la reconstruction après des années marquées par l’attente et l’angoisse. Reste à voir quelles seront les conditions de sa détention et les perspectives de réinsertion qui s’offriront à lui.