Si l’aspartame est cancérigène, faut-il mettre à la benne le Coca zéro et tous les produits « light » ?
Une lettre et trois chiffres : E951. La plupart des consommateurs ne le savent mais derrière cette abréviation se cache… l’aspartame. Soit l’un des édulcorants artificiels les plus utilisés du marché. On en trouve dans des milliers de produits et à tous les rayons. Des sodas dits « zéro sucre » comme le Coca zéro, Sprite zéro, Pepsi Max aux yaourts allégés. En passant par certains chewing-gums et même les pastilles pour la gorge (Vichy, Ricola etc.). La base de données collaborative « Open foodfacts » en a recensé au moins 1.600 références, médicaments compris.
Difficile de ne pas en consommer ? Il vaudrait pourtant mieux à en croire certains. Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka ont lancé mardi une pétition afin d’interdire cet additif alimentaire au fort pouvoir. Les trois associations en ont également fait la demande auprès de la Commission européenne car ils l’estiment dangereux. Ce ne sont pas les premiers à le signaler. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) l’avait déjà classé « cancérigène possible » en juillet 2023. Et Foodwatch indique dans son rapport ce mardi que l’aspartame présenterait d’autres risques, comme les « maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, neurotoxicité et effets négatifs sur le microbiome intestinal ».
Alors, faut-il désormais éviter tous les produits contenant ce fameux E951 ? Pas si sûr. « Il n’y a pas de preuve épidémiologique que l’aspartame déclenche des cancers. Certaines études le montrent, d’autres pas, sauf peut-être chez le diabétique. Ce n’est pas prouvé scientifiquement », nuance auprès de 20 Minutes le docteur Patrick Serog. Le médecin nutritionniste installé à Paris et auteurs de plusieurs livres insiste plutôt sur « la dose raisonnable » à consommer.
Elle a été fixée en 1980 par l’Organisation mondiale de la santé à 40 mg par kilogramme. Sans, jamais, être modifiée depuis. « Il y a beaucoup de produits où il ne faut abuser, comme le beurre et le sucre, sinon on risquera des complications. Là c’est pareil et cet édulcorant aide beaucoup de gens. Ça ne sert à rien de les affoler et de les pousser à consommer davantage de sucres. »
« Essayer de se limiter »
Un avis partagé par Clément Noblet, diététicien au plus de 50.000 abonnés sur Instagram. « Ça me semble vraiment simpliste de vouloir interdire cet additif en particulier. On pourrait plutôt se pencher sur l’alcool, le tabac ou les viandes transformées qui sont plus dangereuses », indique « clem_le_diet ».
Les deux appellent plutôt à de la mesure dans la nutrition. « Il faut varier ses aliments, éviter ceux qui sont transformés et essayer de se limiter. Mais en cherchant aussi son plaisir et se demander si c’est suffisant quand on l’a atteint », synthétise Patrick Serog.
« Moi je conseille encore à mes patients de se tourner vers des alternatives non sucrées qui peuvent donc contenir de l’aspartame. C’est toujours mieux que d’avaler des calories liquides », reprend Clément Noblet. « Après, l’idéal est de réduire peu à peu les doses. Pour les yaourts par exemple, on peut d’abord essayer des formules allégées avant de passer petit à petit aux natures. Pour les sodas, c’est plus compliqué mais il peut notamment y avoir des tisanes… »
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« Les gens auront toujours envie de sucré et on en a besoin. La difficulté c’est de trouver l’équilibre », conclut le docteur Patrick Serog avant de donner un ultime conseil. « Finissez vos repas par un fruit. La sensation de sucré marquera la fin du repas pour votre cerveau et ça vous évitera d’en consommer de nouveau. »