France

L’Etat veut-il limiter la consommation internet de vos forfaits mobiles au nom de l’écologie ? C’est faux

Allez vous devoir dire adieu à votre forfait 50 Go qui vous permet de regarder Netflix dans le train ? Un article sur le site Frandroid, paru lundi, indique qu’un « projet de loi pourrait voir le jour » pour mettre fin à ces forfaits. La raison : « la surconsommation de données mobiles pèse lourd sur notre empreinte carbone », selon l’Ademe, l’agence de la transition écologique.

L’article indique que c’est cette même agence qui « travaille actuellement sur un projet de loi visant à instaurer une tarification progressive des données mobiles ». Le tweet accompagnant l’information a été vu plus de 2 millions de fois, a été partagé par Xavier Niel, le patron de Free (qui a simplement commenté « Non »), et a donné lieu à une couverture dans les médias.

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FAKE OFF

Sauf qu’on est loin du projet de loi, ou d’une entrée en vigueur en 2026 comme peut l’écrire par exemple Les Numériques. Le sujet a bien été soulevé par un avis de l’Ademe, paru début janvier. Dans celui-ci, l’agence évoque des pistes pour faire du numérique « un levier transversal incontournable pour mettre en œuvre la transition écologique ». Dedans, il est bien question d’évaluer « la pertinence de la mise en place d’une tarification progressive sur les forfaits » pour maîtriser la croissance des usages du numérique. Mais le document préconise aussi « d’augmenter la durée d’usage des équipements en les réparant, en achetant des produits reconditionnés, ou en privilégiant le partage », par exemple.

La consommation de données mobiles en tant que telle ne représente pourtant pas une très grosse part des émissions polluantes. Selon une étude conjointe de l’Ademe et l’Arcep, le numérique représente 4,4 % de l’empreinte carbone de la France en 2024. Et parmi les différents usages, les réseaux constituent seulement… 4 % de ce 4 %. Loin derrière la fabrication des différents appareils (50 %) et les centres de données (46 %). « Ça ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire », nuance Roland Marion, directeur économie circulaire à l’Ademe. D’autant que, d’après l’agence, la consommation moyenne des Français n’est « que » de 17 Go par mois.

« Ce n’est pas le rôle de l’Ademe de faire des projets de loi »

Mais Roland Marion met plutôt l’accent sur deux points. Déjà, « ce n’est pas du tout dans le rôle de l’Ademe de faire des projets de lois ». L’agence se charge surtout de « produire de la connaissance » et de communiquer sur ces études auprès du grand public, et laisse les politiques s’emparer du sujet s’ils le jugent nécessaire. Par ailleurs, d’autres gestes peuvent avoir un effet. « En faisant durer son équipement quatre ans au lieu de trois, par exemple, on réduit de 30 % l’impact sur la partie « fabrication de nouveaux appareils » », illustre Roland Marion.

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L’empreinte carbone liée aux data-centers et aux activités en ligne représente quant à elle une part importante de la pollution générée par le numérique. L’usage de la vidéo reste toutefois difficile à évaluer : regarder un film en streaming consomme beaucoup de données, mais représente un transfert positif en évitant l’achat et la fabrication d’un lecteur Blu-ray par exemple. Le recours à l’intelligence artificielle, lui, fait exploser la consommation. Si l’Ademe cherche encore à chiffrer précisément cet aspect, l’ONG Data For Good, avançait en 2023 que quinze jours d’entraînement de ChatGPT consommaient l’équivalent en électricité de 270 ménages français pendant un an. « Si la réponse que l’on cherche peut-être obtenue par une simple recherche Google, il faut préconiser cela à l’IA », préconise ainsi Roland Marion. Quant aux gigas de votre forfait mobile, il vous en restera toujours pour ouvrir l’application de 20 Minutes.