Eurovision 2025 : « Je suis sûre de ma chanson, on n’aura pas besoin de la déguiser », affirme Louane
Il faudra attendre le samedi 15 mars pour découvrir la chanson – dont le titre est toujours tenu secret – avec laquelle Louane participera à l’Eurovision en mai. L’artiste de 28 ans l’interprétera pour la première fois en public, lors de la mi-temps de la rencontre du Tournoi des VI Nations opposant la France et l’Ecosse. Elle a hâte d’y être, comme elle l’a répété plusieurs fois ce mardi midi lors de l’entretien qu’elle a accordé à 20 Minutes au siège de France Télévisions, au côté de la cheffe de délégation Alexandra Redde-Amiel. Comme en rugby, il s’agira de transformer, à l’Eurovision en Suisse, ce premier essai au Stade de France. L’enjeu ne lui fait pas peur. Elle assure n’avoir jamais été aussi en forme.
Interpréter la chanson pour la première fois en public au Stade de France, c’est un premier test devant une grande audience avant l’Eurovision ?
Ce qui est sûr, c’est que ça va être un moment intense pour moi. Déjà parce que le Stade de France, ce n’est pas rien. J’ai eu la chance d’y chanter deux fois, une avec Ed Sheeran et une autre avec Soprano qui m’avait laissé le micro le temps d’une chanson. C’est assez dingue comme souvenir. Ce sont les seules fois de ma vie où j’ai chanté avec les jambes qui tremblaient toutes seules. Chanter à la mi-temps de France – Ecosse, c’est très important pour moi. C’est un peu bête mais… Enfin non, ce n’est pas bête, c’est joli car ça fait partie de l’histoire de ma famille où le rugby a toujours eu une place très importante. Avec son équipe, ma sœur a été vice-championne de France pendant plusieurs années. D’ailleurs, je n’ai pas réussi à tenir ma langue auprès d’elle et elle est l’une des rares personnes que j’ai mises dans la confidence.
Cette prestation va donc être importante à plus d’un titre pour vous…
Oui, mais je n’ai pas envie de dire que ça va être une répétition, parce que je pense que c’est assez différent de l’Eurovision. On ne se prépare pas de la même façon pour les deux scènes. Ce sera la révélation de la chanson, tout simplement. J’ai hâte.
Quand on pense stade, on pense hymne. Vous tenez à garder secrète cette chanson le plus longtemps possible, mais peut-on s’attendre à quelque chose d’hymnique ?
Je ne sais pas répondre à cette question.
Alexandra Redde-Amiel : En tout cas, c’est quelque chose de très intense.
Louane : De là à parler d’hymne, je ne sais pas. En revanche, je pense que ça peut résonner dans le cœur des gens. J’espère, en tout cas.
Quand on pense Stade de France, on ne pense pas forcément à une balade intimiste en piano-voix…
Et pourquoi pas ? Bien joué pour tenter d’en savoir plus ! (elle sourit) Les deux fois dans ma vie où j’ai chanté au Stade de France, c’étaient des balades.
Mais vous avez déjà prévenu que vous proposerez quelque chose que vous n’avez jamais fait…
Ce que je peux dire, c’est que cette chanson, c’est vraiment moi. Elle me représente à 100 %. Mais, effectivement, il y a quelque chose dedans qui est nouveau pour moi. C’est très intense. Et si je suis hyperhonnête, c’est pas facile. Mais j’ai hâte.
Il y a une mise en danger vocale ou physique ?
Pour moi, c’est pas simple.
Alexandra Redde-Amiel : C’est pas simple à beaucoup de niveaux. C’est dur parce qu’on a très envie d’en parler. Mais on ne le fera pas parce qu’elle doit s’y préparer.
Louane : Psychologiquement, oui, je dois m’y préparer, c’est clair.
Alexandra Redde-Amiel : La seule chose qu’on raconte assez bien, c’est le moment où elle est en studio, qui était un moment super intense parce que… (Louane rit) Elle rigole toujours quand je dis ça. Je me suis rendu compte à quel point elle se mettait à nu sur cette chanson et qu’elle allait donner avec générosité quelque chose de l’artiste qu’elle n’avait jamais donné.
Louane : J’espère juste que ça ne se passera pas comme en studio (elle rit).
Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il s’est passé en studio ?
On peut le dire ? (Louane s’adresse à Alexandra Redde-Amiel, qui lui répond : « Si tu as envie »). J’ai vomi. Zéro blague. (Elle sourit) C’était un moment… Très intense.
C’était le stress ou ce que raconte la chanson qui vous a provoqué ça ?
C’était un mélange de tout. Je n’étais pas toute seule dans la cabine. J’étais avec mon directeur artistique, Jim, qui est un de mes meilleurs potes. Ça m’arrive assez souvent de chanter avec lui dans la cabine, ce qui n’est pas un truc qui se fait généralement. Je n’ai pas réussi à terminer la chanson tout de suite, hein (elle rit).
Alexandra Redde-Amiel : On l’a faite, on l’a refaite. Je la poussais sur quelques petits trucs, sur quelques mots. Et au moment où tout ça est sorti, mais vraiment avec les frissons, elle avait donné ce qu’il fallait donner. Et donc, pour elle, ça a été aussi un exutoire.
Louane : Depuis, je la chante trois fois par jour pour être sûre que ça va aller.
Parce que ça convoque des émotions vives en vous ?
C’est un mélange d’émotion, de technique, de puissance psychologique. Je précise psychologique, parce que ce n’est pas forcément directement en rapport avec la chanson. En tout cas, pour moi, c’est un moment intense. J’espère que ça le sera pour le reste du monde.
C’est une chanson que vous aviez en tête depuis longtemps ou qui est née après que la délégation vous a approchée pour l’Eurovision ?
Non, je l’avais avant. Je ne savais pas trop quoi en faire. Et puis quand Alexandra est venue me voir, il y a six mois, j’ai mis du temps à lui répondre. Juste avant Noël, je suis allée chez elle et je lui ai annoncé que j’avais la chanson. Elle m’a regardée (sur un air interloqué) « Comment ça t’as la chanson ! ? ». Je ne lui avais même pas dit oui pour l’Eurovision… Je lui ai donc fait écouter. Et… Ça, je ne te l’ai pas dit (elle regarde Alexandra Redde-Amiel), mais j’étais tellement stressée.
Alexandra Redde-Amiel : C’est vrai ? Pourtant, tu es arrivée tellement détente !
Louane : J’ai tout caché, si tu savais. Je tremblais.
Alexandra Redde-Amiel : Alors que quand je lui ai proposé qu’on écoute sur mon enceinte, elle m’a dit : « Non, elle est dégueulasse, ton enceinte » (elle éclate de rire).
Louane : Je pense que je peux retrouver des textos avec mon management où j’écris que je vais tomber dans les pommes. C’était dur.
Alexandra Redde-Amiel : C’est vrai ? Tu as bien camouflé.
Louane : J’avais tellement peur que tu ne l’aimes pas. Je le redoutais vraiment. D’ailleurs, j’avais une autre chanson en back-up au cas où – cela montre donc à quel point j’avais envie de faire l’Eurovision. Je lui ai fait écouter la chanson et, avant la fin, je la préviens : « Si ça ne va pas, j’en ai une autre ». Alors, elle m’arrête et me dit… « Non, c’est celle-là. »
Alexandra, il y avait une évidence ?
Oui. Pour moi, il y avait ce que j’appelle le « catch 12 points », un impact immédiat. C’est ce moment où tu te dis : « Ah ouais, il se passe quelque chose quand même avec cette artiste ».
Il y a l’ingrédient qui fait qu’elle se démarquera des 25 autres chansons de la finale ?
Louane : Ça, moi, je ne sais pas.
Alexandra Redde-Amiel : Moi, j’en suis sûre. Elle se met à nu dans ses émotions, quelles qu’elles soient. On a la chance d’avoir une artiste qui va aller à l’Eurovision en étant pleinement elle. Donc c’est hyperfort pour nous.
Louane : Je pense en tout cas que cette chanson est intergénérationnelle, qu’elle peut parler à tout le monde.
Louane, c’est aussi un sacré marathon qui a commencé jusqu’à la finale de l’Eurovision le 17 mai. Vous savez à quoi vous attendre ces prochains mois ?
Oui, mais ça ne me fait pas peur. Cela fait douze ans que je fais ce métier. Évidemment, c’est beaucoup plus intense que ce que j’ai pu faire auparavant. Mais je suis prête pour ça. La plus grosse différence, c’est tout l’aspect répétition, qui change pas mal de ce qu’on fait habituellement dans mes projets classiques. Je ne vais pas vous mentir, quand on échange avec la délégation sur la préparation, parfois, j’ai l’impression d’être une pop star internationale tellement c’est intense. Je vous jure, je lis les textos et je me dis « Ok, c’est l’Amérique en fait ! » (elle rit).
C’est une grosse préparation aussi physique et mentale…
Je sais qu’il faut que je dorme. Mon hygiène de vie actuelle est la meilleure que j’ai jamais eue de toute ma vie tellement c’est… sportif. Après, honnêtement, le reste, tout ce qui concerne l’aspect médiatique, ça ne me fait pas peur, ça fait douze ans que j’y suis habituée. Ça, pour le coup, je suis préparée.
Vous regardez ce qu’il se dit de vous sur les réseaux sociaux au sujet de votre participation ?
Quand j’ouvre les réseaux, ce que je vois, ce sont des trucs du style « Si elle fait un mauvais résultat ça va être n’importe quoi sa carrière après, quand elle va rentrer en France ». Je ne veux pas voir.
Vous l’avez dit ce mardi matin sur France Inter, pour vous, cette participation est un risque qui suscite en vous des craintes…
Bien sûr que c’est une de mes craintes. Alors, si, en plus, j’ouvre mes réseaux et que c’est écrit partout… (Elle rit). Je calme les réseaux. Je poste les trois quarts de ce qu’on voit mais ce qui est assez particulier, c’est que c’est la première fois que je ne réponds même pas aux commentaires de mes potes. J’essaie de regarder le moins de choses possibles, parce que ça crée plus d’anxiété qu’autre chose chez moi.
Est-ce qu’à l’inverse de cette crainte, vous avez de l’espoir, des attentes, sur ce que cette aventure Eurovision peut vous apporter à la fois artistiquement, humainement ?
Humainement, ça va être le plus gros truc que je vais faire de ma vie, et ça, je le sais déjà. Professionnellement parlant, on verra, chaque chose en son temps. Evidemment que ça va apporter une lumière que je n’ai jamais eue, qui va potentiellement m’ouvrir à d’autres choses – ou pas, on ne sait pas. On fait les choses dans l’ordre, petit à petit. Là, vraiment, le focus, c’est le concours, c’est avoir le meilleur classement possible, voire, gagner.
Chaque année, au-delà de la compétition, on voit des artistes sympathiser…
Alexandra Redde-Amiel : La connaissant, je pense qu’elle va revenir avec tout le monde, toute la famille Eurovision (elle éclate de rire).
Louane : La seule chose à laquelle je peux comparer de loin l’Eurovision, c’est l’expérience que j’ai vécue à l’époque sur « The Voice » [en 2013] où je m’entendais avec tout le monde. Evidemment, c’est une compétition, ça ne bouge pas de ma tête, je vais faire le maximum pour y arriver, mais il n’y a pas de raison de ne pas vivre le moment correctement et de ne pas se faire des potes en plus. Ce serait con.
D’ici au 15 mars, quelle va être votre plus grosse part du travail ?
C’est beaucoup de préparation. Celle pour le Stade de France et celle de l’Eurovision. Cela implique, comme je le disais, une hygiène de vie très carrée ainsi que beaucoup de stratégie, de brainstorming, de décisions à prendre. On a beaucoup d’échanges en dehors de nos équipes. On fait appel aussi à des gens qui connaissent bien l’Eurovision. Tout conseil est bon à prendre. Mais ces échanges concernent surtout sur l’aspect promo parce que ma chanson, c’est peut-être présomptueux de dire ça, mais j’en suis sûre.
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C’est-à-dire ?
Je sais qu’elle ne plaira pas à tout le monde, c’est normal, il n’y a pas de souci. Mais en tant que moi, Louane, et même en tant que moi, Anne [son prénom à l’état civil], 28 ans, je suis sûre à 100 % de cette chanson. On n’aura pas besoin de la déguiser. Cette chanson-là, il faut qu’elle résonne comme elle est, en tant que telle. Parce que, son message, pour moi, est trop important.