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Cisjordanie occupée : le camp de Tulkarem « est devenu la petite Gaza »

Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le 19 janvier, l’armée israélienne a lancé l’opération « Mur de fer » en Cisjordanie occupée. Une opération militaire dite « antiterroriste » débutée dans le camp de Jénine et étendue depuis bientôt une semaine à Tulkarem. De nombreux Palestiniens ont dû fuir leurs maisons sans savoir s’ils pourront un jour rentrer chez eux. Sur place, la situation est extrêmement dangereuse et tendue, comme l’ont constaté des reporters de France24.

À moins d’une centaine de mètres débute le camp de Tulkarem. Hussein a fui le deuxième plus grand camp de Cisjordanie occupée il y a déjà plusieurs jours. Il ose à peine faire quelques pas. Au-dessus de nos têtes, le bruit incessant des drones.

« J’ai peur d’avancer. Eux, ils nous voient c’est sûr, on entend les drones », explique-t-il.

L’opération militaire israélienne « Mur de fer », en cours dans le camp de Jénine, a été étendue à celui de Tulkarem. L’armée y a mis en place un couvre-feu.

« Les zones en bas sont remplies de militaires, de snipers… Ces snipers empêchent les gens de se déplacer dans cette direction. Ils empêchent la presse de travailler », poursuit Hussein. « Ils ne veulent pas qu’on voit à travers les caméras les crimes qu’ils sont en train de commettre dans les camps. »

Les habitants de Tulkarem se terrent chez eux, les magasins sont fermés. Les rares personnes que nous croisons nous mettent en garde, comme cet automobiliste : « Un militaire a ouvert la porte [de son véhicule] blindé, il a pointé son arme dans ma direction. S’ils voient que tu es journaliste, c’est possible qu’ils te tirent dessus… »

Le camp de Tulkarem « est devenu la petite Gaza »

À l’entrée du camp, le goudron a disparu. Les bulldozers israéliens sont passés par là. Hussein nous guide vers un point de vue où nous voyons les engins en pleine action.

Hussein retrouve son ami Majdi. Les forces israéliennes ont débarqué chez lui il y a quelques jours.

« Ils nous ont fouillé, menotté et bandé les yeux. Ils m’ont dit : ‘Qu’est-ce que tu fais ici ?’ J’ai répondu : ‘Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je suis chez moi », raconte-t-il. Et il ajoute : « Ils ne nous traitent pas comme des êtres humains. »

Majdi poursuit son récit. « Après, ils nous ont détaché et on m’a dit : ‘Tu pars dans cette direction. Si tu vas vers le camp, tu meurs. Tu pars par là et tu ne reviens pas.’ » « Si on n’avait pas d’occupation, on n’aurait pas vécu cette vie, on n’aurait pas souffert autant. »

Pour la sœur d’Hussein, qui a également dû fuir le camp, la situation a empiré depuis le 7 octobre 2023.

« Cette fois c’est différent, c’est [fait] avec beaucoup plus de barbarie. C’est devenu la petite Gaza », affirme-t-elle. « Les soldats qui ont été amenés de Gaza, tout ce qu’ils ont détruit à Gaza, ils font la même chose dans le camp de Tulkarem. »

Et de nous interpeller : « Va compter les tombes… Il y en a 108. Au départ, il n’y en avait qu’une seule, celle de mon fils. Maintenant on en voit partout, tous des jeunes de moins de 23 ans. »

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