Le capybara, nouvel animal star de TikTok et doudou des Internets

C’est une attraction au pays de Pikachu, une sorte de Paddington pour câliner, un Pollux des temps moderne. Une boule de poils géante, calme et presque trop mignonne pour être vraie. Un doudou d’Internet. Qui? Le capybara. Pourtant, rien ne prédestinait ce rongeur, le plus gros du monde, à une telle gloriole sur les réseaux sociaux. Pas vraiment beau, pas vraiment moche, tout droit venu d’Amérique du Sud, vivant dans les marécages et les lieux humides, il a envahi TikTok et les comptes Instagram de la terre entière.

A l’aise avec les humains. Avec les animaux aussi. On le voit se balader à dos de crocodile, de tortue géante, tranquilou au bord d’un fleuve bordé de dizaines de sauriens, ou bien porter ses petits empilés sur son dos. Un animal qui aime se faire gratouiller la panse par des touristes, ou mieux encore, être allongé paisiblement sur un canapé. Car oui, certains humains l’ont adopté.

Un animal tendance, « pote avec tout le monde » qui a même son hymne, qui tourne en boucle sur les réseaux avec des paroles trop faciles à retenir : Ca-Py-Ba-Ra… Avec les mois, le ragondin XXL (jusqu’à 65 kg l’animal!) est devenu une icône douce de la culture Internet. Certaines vidéos font des millions de vues. Pourtant, son corps en forme de noix de coco roulé sous les aisselles, ses poils raides comme de la paille, son ventre dégarni à la peau dure et rosée, sa langue « humaine » et ses pattes sombres, partiellement palmées, n’appelle pas forcément au premier regard à la tendresse.

Ses hoquets font rire les enfants

Son petit plaisir ? Prendre des bains chauds dans lequel flottent des agrumes tout spécialement préparés pour lui par des parcs animaliers, comme au Japon. C’est d’ailleurs le chouchou là-bas, si bien qu’il existe à Tokyo quelques cafés et des onsen -des bains thermaux, comme le rapporte un article du New Yorker-, devant lesquels les gens font la queue pour des rendez-vous minutés avec l’animal.

Bienveillant aussi avec les autres espèces, secoué souvent par de nombreux hoquets qui font rire les enfants, il n’a peur de rien et semble bien plus à l’aise dans un groupe, préférant les bains de foule aux moments solitaires. Malgré ses grandes dents, ses pattes puissantes, il est dit de lui dans le pays de Candy qu’il dégage une impression de gentillesse et de sérénité, qualifié « d’ambassadeur du zen », de « symbole du bien-être ».

« Pas le même rapport aux autres dans son milieu naturel »

Une belle histoire qui amuse et donne, peut-être, de la douceur. Mais attention, un animal n’est pas un sac à main comme le rappellent bien souvent les associations protectrices des animaux. Au parc animalier d’Auvergne, trois capybaras -des femelles- profitent des soins et d’un enclos partagé avec un tamanoir, des bébés tapirs, un nandou de Darwin… « C’est un animal calme, facile, une espèce qui n’est pas agressive, confirme Clémence Pleuvry, une des responsables du parc animalier. Mais même si ce n’est pas une espèce en danger, il subit pas mal, et encore plus maintenant avec les réseaux sociaux, la volonté de faire de lui un animal de compagnie, une sorte de gros cochon d’Inde géant à la maison. C’est un peu la mode. »

Des succès médiatiques d’animaux qui « peuvent tout de même encourager le trafic d’animaux pour répondre à ces tendances, relève Clémence Pleuvry. Oui, c’est mignon, mais ça reste un animal sauvage ». Sans vouloir casser l’ambiance, la spécialiste souligne que cette forme de domestication explique en partie le comportement de l’animal sur les vidéos. « Il n’a pas ce même rapport aux autres dans son milieu naturel. Il faut faire attention à ce que l’on voit sur les réseaux sociaux, sans savoir ce qu’il y a derrière ». Mais que ça ne vous empêche pas de fredonner « Ca-Py-Ba-Ra ».