Le nombre d’élèves flamands qui n’a pas le néerlandais comme langue maternelle a presque doublé en une décennie
Désormais, selon l’institut de statistique flamand, plus d’un d’élève sur 4 dans l’enseignement flamand ne parle pas le néerlandais à la maison. Dans les classes, cela pose un défi pour les enseignants. Ainsi que pour la ministre N-VA Zuhal Demir, qui concocte un plan pour pousser l’apprentissage du néerlandais à l’école.
- Publié le 02-02-2025 à 08h05
S’il ne fallait retenir qu’une seule caractéristique de l’accord de majorité du nouveau gouvernement flamand, c’est son insistance proche de l’obsession à encourager l’apprentissage du néerlandais chez ceux qui ne le parlent pas ou très insuffisamment. À chaque chapitre ou presque du document scellant leur alliance, les partenaires de la majorité – N-VA, CD&V et Vooruit – ont inscrit au fer leur détermination linguistique. Ici, l’apprentissage du néerlandais devient une condition pour obtenir des droits sociaux, là, sa maîtrise devient un préalable à un subside ou la condition de réussite du parcours d’intégration.
Beaucoup d’observateurs auront vu dans cette volonté la marque de la N-VA, sortie en première position du scrutin régional du 9 juin, mais talonnée par un Vlaams Belang revanchard. Et ils auront eu raison. La défense du néerlandais reste le moteur principal de l’action politique des nationalistes. Mais il n’y a plus que cela. Après tout, le CD&V a lui aussi rédigé le programme gouvernemental tout comme Vooruit qui n’est pourtant pas à proprement parler un chantre de l’identité nationale. C’est que, en Flandre, la langue est considérée comme un élément déterminant de la cohésion sociale dans une société qui se diversifie inexorablement. Et à la vitesse grand V.
Un point de pour cent par an
Statistiek Vlaanderen vient de publier les dernières données relatives aux caractéristiques sociologiques des élèves de l’enseignement flamand. Un enseignement frappe aux yeux : le nombre d’enfants scolarisés en Flandre dont la langue maternelle n’est pas le néerlandais a bondi en 10 ans.
En effet, 22 % des élèves inscrits dans l’enseignement secondaire flamand durant l’année académique 2023-2024 ne parlaient pas le néerlandais à la maison. Ce pourcentage n’était que de 13 % en 2014-2015. Ce qui signifie, observe finement Vlaanderen Statistiek, qu’il augmente chaque année d’environ un point de pour cent. Une progression qui ne semble d’ailleurs pas près de s’arrêter. Car, toujours selon les statistiques de l’administration flamande, le nombre d’élèves dont le néerlandais n’est pas la langue maternelle est plus élevé dans les classes d’âge inférieures. Il se monte à 27 % dans l’enseignement primaire (contre 18 % en 2014-2015) et à 29 % dans l’enseignement maternel (contre 21 % en 2014-2015). Ces jeunes vont grandir et forcément arriver en secondaire. D’autres chiffres montrent que le nombre d’élèves dont le néerlandais n’est pas la langue maternelle est passé de 150 000 en 2010-2011 à 294 000 l’an dernier.
Et ce ne sont que des moyennes. Il y a des disparités. Dans les grandes villes, la proportion d’élèves qui parlent une autre langue que le néerlandais à la maison est plus élevé que dans les régions rurales ou semi-rurales. Singulièrement à Bruxelles où, aux enfants de l’immigration s’ajoutent de nombreux élèves francophones désireux d’apprendre le néerlandais. Dans les écoles flamandes de la capitale, le pourcentage de jeunes qui n’ont pas le néerlandais comme langue maternelle se monte à 77 % en primaire et à 72 % en secondaire. Dans ces classes, les enseignants doivent souvent consacrer à l’apprentissage de la langue une partie du temps qu’ils auraient accordé à l’enseignement d’autres matières.
Un train de mesures
Interpellée sur ces chiffres cette semaine au Parlement flamand, la ministre de l’Enseignement Zuhal Demir (N-VA) a annoncé qu’elle est en train de préparer un train de mesures visant à une meilleure maîtrise du néerlandais à l’école. Il a déjà été décidé que trois heures supplémentaires pourraient être intégrées au programme de cours des élèves qui entrent en secondaire sans une maîtrise suffisante de la langue. Mais les autorités politiques sont bien conscientes que c’est au début de la scolarité qu’il faut agir. Durant la campagne électorale de 2019, Zuhal Demir avait proposé d’obliger les élèves qui, au sortir de l’enseignement maternel, ne maîtrisaient pas la langue de Vondel, d’être plongés, pendant un an, dans un bain linguistique durant lequel ils ne recevraient que des cours de néerlandais. « Ils perdront un an, reconnaissait-elle. Mais ils gagneront un diplôme qu’ils pourront valoriser toute leur vie. » À l’époque, cela avait provoqué un tollé. Le tout est de voir si la ministre Demir osera mettre en œuvre ce que la candidate Demir avait proposé il y a 5 ans.